FMJ MtlSAINT BARNABÉ, Apôtre, compagnon de Paul – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 11, 21-26 ; 13, 1-3 ; Ps 97 ; Mt 10, 7-13
11 juin 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Des « bonnes nouvelles » et La Bonne Nouvelle

Avec saint Barnabé, nous fêtons aujourd’hui un apôtre,
c’est-à-dire un disciple de Jésus
choisi pour être un ambassadeur de la grâce,
un messager de la Bonne Nouvelle.
Un homme en qui transparaît que toute l’Église est apostolique ;
toute l’Église, c’est-à-dire nous tous,
qui sommes appelés à annoncer à notre société
La Bonne Nouvelle.

Arrêtons-nous un moment
sur cette expression de « Bonne Nouvelle ».
C’est un terme paradoxal aujourd’hui,
car il y a bien d’autres « bonnes nouvelles »
pour la culture contemporaine.

De fait, pour beaucoup de citoyens,
mais pas nécessairement la majorité,
la « bonne nouvelle » c’est que désormais l’euthanasie est légale.
La « bonne nouvelle » c’est qu’un adolescent,
avec l’accord de ses parents ou sinon avec l’accord d’un juge,
pourra changer son prénom pour un prénom de l’autre sexe
s’il ne reconnaît pas comme sienne son identité sexuelle.
La « bonne nouvelle » c’est le mariage
entre personnes du même sexe
reconnu comme identique en nature et en droits
au mariage entre personnes de sexes différents.
La « bonne nouvelle » a été naguère la légalisation de l’avortement
et son remboursement par le système de protection sociale.
Et la « bonne nouvelle » a failli être
la dépénalisation de certaines drogues.

Pour beaucoup, ce sont là les « bonnes nouvelles » de notre temps.

Quel regard poser sur ces « bonnes nouvelles »
à la lumière de l’Évangile ?
D’abord, derrière chacun de ces termes,
il y a des personnes…
Il y a des situations précises, uniques, complexes.
Et surtout, il y a de grandes souffrances.
C’est même ce qui constitue le point commun
de toutes ces législations.

Dans tous les cas, la société
cherche une réponse à la souffrance.
La société exerce même une certaine miséricorde,
et en cela il y a quelque chose de beau, de juste, de vrai.
L’adolescent qui vit un profond malaise
avec son identité sexuelle souffre;
et ce peut même être une souffrance terrible,
surtout si le milieu ambiant, et notamment la cour d’école,
est un lieu de discrimination, d’humiliation, de moqueries.

Ce que la société propose pour soulager la souffrance,
c’est de libérer la personne dans deux dimensions :
tu peux choisir de vivre ou de mourir ;
tu peux choisir ton identité sexuelle.
La « bonne nouvelle » c’est que la société et la science
te donnent la possibilité d’être maître de ta vie.
C’est véritablement de l’ordre du « salut ».
La société et la science nous sauvent.
Le législateur et le médecin sont sauveurs.
Et les médias sont les « prophètes » qui annoncent ce salut.

En d’autres termes, c’est un véritable système religieux
qui, pas à pas, se met en place,
avec ses grands prêtres et ses prophètes,
et le plus souvent dans notre monde occidental
en pleine collusion avec le pouvoir politique, avec le « roi ».

Ce n’est plus la « mort de Dieu » de Nietzsche ;
ce n’est plus le refus de la religion « opium du peuple » de Marx ;
c’est un nouveau monde,
une nouvelle foi,
un nouveau dieu…

*

Et nous autres chrétiens… et moi… et toi ?

Notre premier appel est de ne pas juger les personnes,
de ne pas juger qui que ce soit.
D’autant plus que nous sommes tous plus ou moins
imbibés de cette culture, tant cette « libération » est séduisante.

Et nous donc ?

Nous entendons plus que jamais l’appel de Jésus
à nous mettre en route.
Nous prenons et reprenons la route,
avec la pauvreté de moyens qui est la nôtre,
mais une joie profonde dans le cœur.

Nous prenons et reprenons la route
pour nous faire proches de toutes ces situations de souffrances,
et pour y apporter un autre remède : Dieu.
L’Amour de Dieu.
La Tendresse de Dieu.
La Miséricorde de Dieu.
« Or et argent je n’en ai pas,
mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus, lève-toi et marche » (cf. Ac 3,6).

Nous disons, et d’abord par notre vie,
que le Salut ne peut pas venir de nous-mêmes,
de nos lois et de nos techniques.
Le salut vient de Dieu,
et c’est un salut qui ne se sert pas de la mort :
il la traverse,
il la retourne en chemin d’éternité.
C’est un salut qui, il est vrai,
ne satisfait pas nos revendications immédiates,
mais qui nous guérit et nous libère
jusqu’à la racine de l’être.

C’est un salut qui ne se préoccupe pas seulement
du corps et du psychisme,
mais aussi de la part la plus précieuse et la plus déterminante
de l’être humain qui est son cœur profond, son âme immortelle.

Mais surtout, c’est un salut qui rend l’homme à Dieu,
qui donne Dieu à l’homme.
C’est un salut qui nous réconcilie avec nous-mêmes,
avec notre histoire nécessairement blessée.
C’est, plus encore, un salut qui nous réconcilie ensemble en Dieu,
c’est-à-dire dans un Amour qui ne connaît aucune limite,
et qui traverse même la mort.

Voilà La Bonne Nouvelle.
La seule vraie bonne nouvelle qui est constamment « nouvelle »
c’est la Croix de Jésus,
c’est Sa mort et Sa résurrection;
car c’est la Porte du Ciel toujours nouvellement ouverte.

Saint Barnabé, apôtre de la tendresse de Dieu,
homme de la consolation, intercède pour nous
pour que nous soyons des apôtres
dont la vie dise clairement à notre société
que le Royaume de Dieu est proche.

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