DÉDICACE DE LA BASILIQUE DE SAINT JEAN DE LATRAN – A
Frère Thierry-Joseph
Éz 47, 1-2.8-9.12 ; Ps 45 ; Co 3, 9-11.16-17 ; Jn 2, 13-22
9 novembre 2008
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Temple de Dieu c’est vous !

Le Temple de Jérusalem. La gloire d’Israël La seule évocation du Temple de Jérusalem suffisait à rassurer Israël. Et dans l’Évangile d’aujourd’hui nous en découvrons l’importance en voyant de quel amour le Seigneur aimait ce Temple. N’est-il pas en effet le lieu de la présence de Dieu au milieu de son peuple, le lieu où l’on pouvait rencontrer Dieu, se présenter devant lui ? Lieu à la fois redoutable et rassurant ? C’était le lieu où la prière était exaucée, où l’on était sûr d’être entendu de Dieu car Il avait promis que ses yeux étaient ouverts jour et nuit sur cette maison et où même l’étranger était exaucé. Lieu qui attirait des foules du monde entier. Le Temple était le lieu où tous se réjouissaient en présence du Seigneur (Dt 12,12) : lieu d’intimité avec Dieu. Et le psalmiste va jusqu’à dire que vivre un jour au Temple était mieux que 1000 jours ailleurs (Ps 83(84) 11).

Mais le Temple n’existe plus ! La question qui se pose donc pour nous est : Où le trouver ? Et l’ayant trouvé comment y entrer ? Où allons-nous aujourd’hui trouver un tel lieu pour rencontrer Dieu et se tenir en sa présence ? Y a-t-il un lieu sur la Terre où nos prières touchent directement le cœur de Dieu ? Où trouver un lieu où l’on peut connaître, sur Terre, la joie de l’intimité divine ?

La Parole de Dieu nous révèle aujourd’hui que ce lieu existe. Ignoré de beaucoup, ce lieu, ce Temple nouveau, plus glorieux que l’ancien, c’est Jésus : le Corps de Jésus. Cette humanité parfaite, conçue de l’Esprit-Saint en Marie est le chef-d’œuvre de Dieu.
Dans le visage de Jésus on contemple Dieu, dans la chaleur de sa présence corporelle on est dans l’intimité divine. En vivant avec cet homme on vit en présence de Dieu, en priant uni à ce cœur qui bat on est exaucé. Splendeur de l’humanité de Jésus, objet de notre amour.

Mais où trouver le corps de Jésus maintenant qu’Il est voilé à nos yeux ?
Nous le contemplons dans la Parole de Dieu, que les Pères appellent la chair de Jésus et nous le touchons dans le Saint Sacrement qui est vraiment le corps de Jésus. Dans l’Eucharistie nous touchons le corps de Jésus habité par la plénitude de Dieu.

Et ce corps de Jésus, qui est le Temple nouveau, s’unit à nous, viens vivre en nous et le Temple de Dieu, ce corps de Jésus, je le vois là sous mes yeux :
le Temple de Dieu, c’est vous !
nous dit la Parole de Dieu aujourd’hui. Nous sommes sacrés, saints, nous sommes le lieu de la présence de Dieu.

Eh oui ! cela fait des dizaines d’années que nous sommes des êtres humains et nous n’avons pas encore pris conscience de la grandeur de ce que nous sommes. Allons-nous un jour prendre conscience de notre dignité ? Cela fait des dizaines d’années que nous sommes baptisés et nous n’avons pas pris conscience que nous sommes les porteurs de la présence de Dieu et qu’en nous nous pouvons rencontrer intimement Dieu.

Telle est la vérité de ce que nous sommes : le lieu où Dieu est là. Notre regard sur nous-mêmes et sur les autres est aveugle sur cette réalité fondamentale. Pourtant quelqu’un ici se charge de nous rappeler cette présence de Dieu dans notre corps : le frère thuriféraire. Dans le Temple on brûle de l’encens seulement devant le Saint des Saints, devant Dieu. Et le frère avec l’encens vient nous encenser ou plutôt vient encenser le Saint des Saints qui est en nous.

Comment faire pour entrer dans ce Temple que nous sommes, nous qui vivons à l’extérieur de nous-mêmes alors que Dieu est en nous ? Comment découvrir cette présence.

Je me rappelle une petite histoire. C’est dans une famille très chrétienne. Le petit garçon de 8 ans avait reçu la foi par sa mère, une femme très croyante. Un jour il demandait à sa maman : « Maman tu me dis que Jésus est dans mon cœur, mais je ne le sens pas, je ne l’entends pas! » La maman inquiète se dit que son enfant est en train de devenir athé!!… Elle essaie de lui expliquer avec les meilleurs arguments possibles que Jésus est bien dans son cœur, mais le garçon n’est pas convaincu. Alors la mère dans la détresse d’une mère qui croit perdre son enfant, lui dit : « Mon enfant, je ne sais pas de l’expliquer mais je crois que Jésus est en toi! » et elle le prend dans ses bras. Peu après le petit enfant dit à sa mère : « J’ai trouvé : quand tu as dit que tu ne savais pas, j’ai senti que Jésus était en moi. »

Cette histoire nous montre que le moyen privilégié pour tout homme de s’ouvrir au mystère de cette présence, c’est l’amour. Être aimé et aimer est le meilleur moyen de le découvrir

Un autre moyen simple : multiplier les actes d’adoration à Dieu présent en nous. Avec un sourire se rappeler à la cuisine ou dans le métro : Dieu est là et je ne le savais pas !

Mais peut-être beaucoup de marchands se sont installés en notre vie et nuisent à la rencontre silencieuse avec Dieu en nous. Alors faisons comme Jésus : prenons une corde et chassons radicalement les impuretés et compromis avec le monde. Le Seigneur nous aime d’un amour ardent et attend notre consentement pour renverser les comptoirs du péché en nous.

Mais peut-être certains vont se dire que le temple de Dieu a été détruit en eux avec toute l’accumulation de péchés. C’est Dieu qui a construit ce temple lors de notre baptême. Dieu a construit un temple à partir de ce pauvre matériel que nous sommes et s’il est détruit, il le relèvera. La Résurrection du Christ, c’est la force de Dieu qui reconstruit son Temple. Détruisez ce Temple, en trois jours je le relèverai.

Frères et sœurs, il n’y a pas de plus grande tâche que nous puissions faire en ce monde que de construire un temple pour le Seigneur ; de plus grande œuvre que nous puissions faire ensemble que de devenir chacun et tous ensemble ce lieu de la présence de Dieu pour ce monde, lieu où l’on rencontre Dieu, lieu d’où se répandra le fleuve de l’amour divin sur le monde. Et la vie apparaîtra en tout lieu où ce torrent arrivera dit Ézéchiel jaillissant du cœur de Jésus présent en nous.

Allons-nous laisser le Temple de Dieu en ruine en nous ?
Le Seigneur nous dit aujourd’hui par le prophète Aggée :

« Courage Zorobabel, courage tous. Au travail ! Reconstruisez ce Temple car je suis avec vous ».