FMJ MtlSaint Grégoire le Grand, pape et docteur de l’Église
Frère Michel-Marie
Col 1, 9-14 ; Ps 97 ; Lc 5, 1-11
3 septembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Pourquoi pas la multiplication des poissons ?

Frères et sœurs,
Deux questions me taraudent…
Pourquoi est-il si souvent question de poisson
dans le Nouveau Testament ?
Et la deuxième question :
pourquoi personne ne se pose-t-il pas cette question ?

C’est vrai, on trouve des livres entiers
qui interprètent le signe de la multiplication des pains.
Tous s’accordent à dire
que c’est une préfiguration de l’Eucharistie,
et c’est vrai.

Mais pourquoi personne ne parle-t-il pas
de la multiplication des poissons ?
D’ailleurs, regardez bien dans vos Bibles
et vous verrez qu’on réfère à cet événement
comme à « La multiplication des pains ».
Mais alors où est passé le poisson ?

Jésus avait pourtant multiplié des pains et des poissons !
Et c’est vrai encore une fois,
tout au long du Nouveau Testament,
il est question de poisson.
Prenons par exemple le passage
au tout début de la rencontre entre Jésus et Pierre (Mt 4, 18-19).
Puis à la fin, après la Résurrection,
dans l’Évangile selon saint Jean
où Jésus se fait reconnaître par le même signe (Jn 21, 8-10).
Il y a les deux fameuses multiplications
de pains et de poissons (Mt 14, 14-21 ; 15, 32-38 et //).
Puis il y a aussi le gros poisson
qui contient le statère pour payer l’impôt (Mt 17, 24-27),
Il y a le Royaume des cieux qui ressemble à un filet
qui ramasse des poissons (Jn 21,8).

On parle donc du poisson tout au long du Nouveau Testament.
Et nous oublions si souvent de penser au poisson.

Mais, c’est le passage de l’Évangile
qui nous donne la clé de l’interprétation :
« Sois sans crainte car désormais,
ce sont des hommes que tu prendras » (Lc 5,10).

Oui, frères et sœurs, le poisson… c’est nous !
Ce sont tous les fidèles qui ont été pris
au filet de la prédication de l’Évangile.

Vous comprendrez donc
qu’il y a quelque chose d’incomplet dans nos célébrations ;
il y a quelque chose qui manque dans nos Eucharisties.
Le seul signe du pain n’est pas suffisant.
Il manque le signe du poisson.
Les Eucharisties ne sont pas faites
pour rassembler quelques dizaines de personnes par-ci par-là.
Elles sont faites pour réunir des centaines,
des milliers de personnes.

Il faut et de tout notre cœur,
refuser de nous résigner à voir les églises se vider.
Nous ne pouvons multiplier le pain
sans multiplier le poisson
car les deux signes sont inséparables.

Nos ciboires sont trop pleins et les bancs trop vides.
Jésus S’est fait reconnaître par deux fois par Pierre
par le signe du poisson.
Aux deux moments les plus importants de son ministère :
au début et après la Résurrection.

La foi en la Présence réelle ne peut se contenter
de la foi en la transsubstantiation du pain et du vin
au Corps et au Sang du Christ.
La foi en la Présence réelle
doit aussi se manifester par l’abondance des croyants.

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