FMJ Mtl1er DIMANCHE DE TEMPS CARÊME – C
Frère Thomas
Dt 26, 4-10 ; Ps 90 ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13
14 février 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Avec Jésus vaincre le tentateur pour connaître Dieu miséricordieux

Le démon, lorsqu’il tente Jésus,
Lui suggère des choses
qui ne Lui seraient pas venues à l’esprit.
Jésus aurait-Il utilisé sa qualité de Fils de Dieu
pour transformer des pierres en pain ?
Jésus Se serait-Il prosterné devant le démon
pour avoir les royaumes de la Terre ?
Jésus Se serait-Il lancé
depuis les hauteurs du Temple de Jérusalem
pour Se laisser porter par les anges ?

Nous pouvons d’emblée voir
que ce que le démon suggère à Jésus,
ce sont des choses que lui, le démon, veut pour lui-même.
Il veut s’enrichir et disposer de la nourriture.
Il veut dominer sur les royaumes de la Terre
et être adoré comme un dieu.
Il veut impressionner le monde par des actions d’éclat.
C’est tout cela que le démon suggère à Jésus dans le désert.
Mais Jésus ne Se laisse pas séduire par le démon,
car Jésus ne pense pas comme le démon.
Jésus est tout habité de la Parole de Dieu.

Il est étonnant que Jésus,
après avoir reçu le baptême de Jean Baptiste,
soit conduit par l’Esprit Saint au désert.
L’évangéliste Matthieu précise même :
conduit par l’Esprit au désert
pour être tenté par le diable (4, 1).
Il y a dans ces tentations de Jésus
une épreuve avant de commencer sa vie publique
afin que Jésus soit tout à Dieu avant de partir en mission.
Mais Jésus, le Fils de Dieu,
avait-Il besoin de montrer qu’Il était tout à Dieu ?

C’est là une manifestation de sa Miséricorde pour nous :
ce n’est pas pour Lui, c’est pour nous qu’Il a été tenté.
Jésus a assumé sa nature humaine jusqu’à être tenté.
Ainsi, Il nous montre comment faire face à la tentation.

Lorsque nous regardons les arguments du démon,
nous constatons que Dieu y est absent.

Le démon se fiche de l’amour que Dieu a pour nous
et plus encore, de l’amour que nous avons pour Dieu.
Lorsqu’il dit à Jésus :
« Si Tu es le Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain » (Lc 4,3),
ou bien « si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » (Lc 4,9)
avec une citation de l’Écriture à la clé (Psaume 90) !
Son but est de détourner Jésus (et donc de nous détourner)
de sa relation d’amour avec Dieu.

Il veut faire utiliser à Jésus son état de Fils de Dieu
comme un simple titre, comme un passe-droit.

Jésus ne tombe pas dans le piège.
Il S’appuie sur la Parole de Dieu,
mais avant tout, Jésus S’appuie sur son amour pour Dieu
et sur son attachement à la Miséricorde de Dieu.
Les réponses de Jésus au démon
témoignent de l’expérience de Dieu que fit le peuple Israël,
dont Jésus comme homme est issu.

C’est l’expérience que nous sommes appelés à approfondir
chaque année avec le temps de grâce du Carême.

C’est un temps marqué par une certaine précarité,
dans le jeûne et les renoncements
que l’Église nous invite à vivre,
en union avec Jésus au désert
et avec le peuple d’Israël au désert.

Nous sommes invités à redire, avec le peuple d’Israël :
« Mon père était un Araméen vagabond,
qui descendit en Égypte ;
il y vécut en immigré avec son petit clan (…).
Ils nous ont imposé un dur esclavage (…).
Le Seigneur a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.
Il nous a fait sortir d’Égypte par la force de sa main
et la vigueur de son bras (…).
Il nous a donné ce pays,
un pays ruisselant de lait et de miel » (Dt 26, 5-9).

Avons-nous fait l’expérience de la Miséricorde de Dieu,
qui prend soin de nous,
qui nous conduit et nous surprend
par ses actions bienveillantes pour nous ?

Voilà bien le rempart contre les tentations du démon.
Le démon veut nous conduire à toutes sortes d’actions,
de comportements, d’attitudes
où nous recherchons notre puissance,
où nous nous livrons à toutes sortes de malhonnêtetés,
d’impuretés, d’idolâtries, de violences, de corruptions.

Si le démon veut nous conduire là,
c’est parce qu’il veut d’abord nous faire vivre
comme si Dieu ne nous aimait pas.
Le démon veut nous faire vivre comme lui vit.

Mais si la Parole est près de nous,
si Elle est dans notre bouche et dans notre cœur,
alors Dieu est notre Miséricorde,
le démon n’a pas de prise sur nous.

« Si tu es le Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain ».

L’intention d’une telle demande pourrait tromper :
cela pourrait servir pour nourrir les affamés de la Terre,
mais le ton ne trompe pas.
Une telle parole est arrogante et égocentrique.
Elle ne peut pas venir de l’Esprit de Dieu.
Jésus réplique que l’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4,4).

Plus tard, Jésus pris de pitié pour la foule,
multipliera le pain pour elle
après l’avoir enseignée longuement.

« Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela [ces royaumes] » (Lc 4,7).
Le démon ment deux fois.
Ces royaumes ne lui appartiennent pas !
Comment pourrait-il les donner ?
Et qui est-il (il n’est pas Dieu)
pour exiger qu’on se prosterne devant lui ?

Jésus déjoue ce double mensonge par la parole :
« tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu,
et c’est Lui seul que tu adoreras » (Lc 4,8).

Dans la troisième tentation,
le démon invite tout simplement Jésus à imiter son orgueil.
Et pour cela, il n’hésite pas
à aller jusqu’à falsifier la Parole de Dieu :
« Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder » (Lc 4,10).

Là encore c’est le ton des paroles du démon qui ne trompe pas.
Quand nous avons une inspiration, ou une suggestion,
dès le moindre trouble qui nous fait douter
de l’amour ou de la paix dans cette inspiration,
soyons sur nos gardes
et confions-nous à Dieu et sa Parole de Lumière.

« Apprends ceci mon frère
– écrit le moine Saint Bansanuphe de Gaza au 6e siècle –
toute pensée en laquelle ne prédomine pas
le calme et l’humilité n’est pas selon Dieu,
mais une prétendue bonne inspiration venant des esprits mauvais.
Car Notre Seigneur vient avec calme,
mais tout ce qui est de l’Ennemi
s’accompagne de trouble et d’agitation. ».

Bonne montée vers Pâques frères et sœurs,
en ce temps de grâce du Carême.
Que l’Esprit Saint,
en nous rendant vainqueurs des tentations avec Jésus,
nous fasse toujours davantage connaître la Miséricorde de Dieu,
et qu’Il nous rende toujours davantage miséricordieux.

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