FMJ MtlST-JOSEPH, ÉPOUX DE LA VIERGE MARIE,
PATRON PRINCIPAL DU CANADA – C
Frère Antoine-Emmanuel
2 S 7, 4-5.12-16 ; Ps 88 ; Rm 4, 13.16-18.22 ;
Mt 1,16.1821.24 ou Lc 2, 41-51
19 mars 2016
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Joseph, marqué par le regard de Jésus et de Marie

La liturgie de cette Fête de Saint Joseph
nous a d’abord fait entendre le 2e Livre de Samuel
pour nous rappeler qui est Joseph.
Joseph est celui par qui Jésus est inséré dans la lignée de David.
Joseph donne à Jésus son nom :
« Tu Lui donneras le nom de Jésus » (Mt 1,21).
Joseph assume la paternité familiale et légale de Jésus.
Aussi, Jésus est pleinement fils de David (Mt 1,20).
À travers Joseph, c’est tout un enracinement
dans l’Histoire sainte, dans l’histoire de la Promesse
qui est assuré.
C’est tout un accomplissement des Promesses divines,
d’une longue pédagogie divine qui est donné.

Joseph est le serviteur, l’instrument
de ce grand dessein d’Amour qui traverse les siècles.
Jésus n’est pas une irruption spontanée de grâce
déconnectée de l’histoire d’Israël.
Ce serait de l’artificiel, de l’idéologie.
Non ! Jésus est le fils de David attendu,
celui dont a été annoncé le Règne qui traversera les siècles.

Aussi Joseph est-il un instrument de Dieu extraordinaire.
Un homme qui livre sa vie à un dessein de Dieu
qui est beaucoup plus grand que ce qu’il fait,
que ce qu’il pense et c’est cela la grandeur de Joseph.

*

Mais, allons plus loin.
Pour cette Fête, l’Église nous donne à choisir
entre deux pages d’Évangile :
celle qui nous dit que Marie est enceinte
et celle qui raconte la perte de Jésus
et son recouvrement au Temple.

Ce choix de l’Église est hautement significatif.
Le premier texte nous décrit la nuit
dans laquelle Joseph est plongé.
Il se trouve face à l’incompréhensible ;
la Femme extraordinairement pure et chaste
qui lui a été promise se trouve enceinte.
Nuit de l’esprit terrible.
Et Joseph ne voit comme issue
que de se retirer, de répudier secrètement Marie.
Et cela dans une douleur affreuse.
Joseph ne se rebelle pas.
Joseph ne s’effondre pas.
Il craint Dieu, respecte la loi et attend en silence
et dans le retrait le Salut de Dieu.
Et c’est dans cette nuit que la volonté du Seigneur
s’éclaire, s’illumine :
l’Enfant engendré en Marie vient de l’Esprit Saint.
Joseph croit.
Joseph consent.
Joseph obéit.
Tout est immense, tout est au-delà,
tout est plongé dans le mystère
et Joseph se donne, se livre à ce mystère de Dieu !

*

Dans l’autre page d’évangile, que vit Joseph ?
La nuit… une fois encore.
Nuit des sens, nuit de l’angoisse :
« Ton père et moi Te cherchions tout angoissés » (Lc 2,48).

L’Enfant que Dieu Lui-même lui a confié,
l’Enfant dont il assume la paternité,
est introuvable pendant trois jours.
Et quand, avec Marie, ils retrouvent Jésus,
le mystère ne s’éteint pas, il se déploie.
Un enfant de 12 ans qui dialogue avec les sages d’Israël
et qui parle de son appel
à être aux affaires de son Père (cf. Lc 2,49).
Et Joseph consent.

Une fois encore, Joseph se fait serviteur du mystère.
Non par dépit ou par servilité mais par obéissance d’amour.

*

Joseph est crucifié en sa paternité
mais ressuscite intérieurement
en voyant se déployer le Mystère divin.
Il est l’homme d’un grand renoncement
qui contemple le cheminement
de la Mère de Dieu qui est son épouse
et du Fils de Dieu en qui tous reconnaissent son enfant.

*

Quel modèle, frères et sœurs !
Modèle de foi,
de cette foi dont nous a parlé l’apôtre Paul,
cette foi qui nous rend ajusté à Dieu Lui-même,
à son Œuvre, à son Plan de Salut.
Modèle de confiance, de disponibilité au dessein de Dieu.
Joseph nous apprend à remettre notre vie à Dieu
et à laisser Dieu tisser avec le fil de notre vie
quelque chose qui nous dépasse
et qui sert le salut de tous.

Chaque fois que nous disons OUI au Seigneur,
y compris et surtout dans nos nuits,
nous permettons à Dieu d’accomplir à travers nous
son grand dessein de Salut.
Sous le regard de Dieu, il n’y a pas un seul de nos « oui »
qui soit anodin, secondaire ou banal
car Dieu a tellement soif de nous embaucher
dans l’accomplissement du Salut du monde.

*

Frères et sœurs, comme il est bon de contempler Saint Joseph !
Je vous partage ce qui me touche le plus
dans cette contemplation.
Certes, Saint Joseph est le chef-d’œuvre du Père,
de notre Père du Ciel dont il est un reflet si beau, si lumineux,
mais Joseph est aussi le chef-d’œuvre
de deux personnes qu’il a côtoyé pendant plus de 12 ans :
Marie et Jésus.
Pensez combien Joseph a été marqué par la foi de Marie,
pas son intelligence spirituelle extraordinaire,
par son humilité si grande,
par sa chasteté toute virginale,
et plus encore, par son amour,
l’amour conjugal qui jaillissait de son Cœur immaculé.

Pensez combien Joseph a été marqué par le regard de Jésus,
par sa croissance en sagesse et en grâce
devant Dieu et devant les hommes (cf. Lc 2,52),
par son amour pour le Père, par sa joie,
par la douceur extraordinaire qui émanait de Lui.
Il avait devant les yeux le Saint des saints
qui l’aimait d’un amour filial d’une pureté extraordinaire.

Joseph est le chef-d’œuvre de Jésus et de Marie.
Et nous aussi nous pouvons devenir
le chef-d’œuvre de Jésus et de Marie,
chacun à notre manière,
chacun selon ce que nous sommes.
Il s’agit de nous laisser modeler par Jésus et par Marie,
de nous laisser façonner en leur ouvrant le plus intime de notre vie,
en les laissant prendre en charge nos fragilités,
en leur confiant nos talents, notre volonté, notre cœur.

Voulez-vous devenir les chefs-d’œuvre de Jésus et de Marie ?
Voulons-nous aussi nous entre-aider les uns les autres
sur le chemin de la sainteté ?
De même que dans la Famille de Nazareth
chacun portait l’autre vers Dieu,
vers la Joie, vers la Lumière,
de même nous pouvons nous porter à Dieu les uns les autres.

Et cela est vrai tout spécialement à l’orée de la Semaine Sainte.
Aidons-nous les uns les autres
à entrer dans le Mystère pascal.
Aimons-nous les uns les autres !
Lavons-nous les pieds les uns aux autres.
Dieu ne nous a-t-Il pas confié les uns aux autres
pour que nous devenions des saints ?

Marie, Toi la toute pure et la toute aimante,
Joseph, toi le juste devenu saint par ton obéissance aimante,
intercédez pour nous
afin que notre famille, nos familles,
vivant de Jésus au milieu de nous
soient des lieux où nous nous aidions les uns les autres
à grandir dans l’unité, la paix et la joie.
Amen.

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