NATIVITÉ DU SEIGNEUR (Aurore) – AFMJ Mtl
Frère Antoine-Emmanuel
Is 62, 11-12 ; Ps 96 ; Ti 3, 4-7 ; Lc 2, 15-20
25 décembre 2007
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’Aujourd’hui de Dieu

La première chose que je dois vous dire
en ce petit matin de Noël,
est que Jésus,
le Christ,
le Seigneur,
le Sauveur
est ressuscité des morts.
Il s’est fait homme jusqu’à connaître
notre mortalité et il est ressuscité.
Il a été glorifié par le Père.

Son humanité a été glorifiée
et participe désormais à la gloire éternelle du Verbe.
Toute son humanité appartient à la gloire divine,
toute son histoire humaine
qui est bien humaine,
est désormais saisie dans la gloire
et, dès lors, elle traverse le temps
et nous est aujourd’hui
contemporaine dans l’Esprit Saint.
Elle nous est disponible dans l’Esprit Saint.
Elle est source de grâce dans l’Esprit Saint !

Quelle merveille !
Tout ce que Jésus a vécu
depuis sa conception jusqu’à sa glorification,
tout est à notre disposition
et nous pouvons y puiser sans mesure,
sans complexe, sans peur !

Voilà, frères et sœurs,
ce qui rend si belle, si divine, la fête de Noël !
Oui, nous nous souvenons de ce qui s’est déroulé
à Bethléem, dans l’histoire,
à l’époque de Quirinius, il y a 2000 ans.
Mais cet événement nous est aussi donné par l’Esprit Saint
en ce jour, en cette fête.
Nous ouvrons notre cœur à tout le flot de grâce
qui vient de la naissance de Jésus.
Et nous invoquons cette grâce sur toute notre ville.

La proclamation de la Parole et l’Eucharistie
nous rendent absolument contemporains
de la naissance de l’Emmanuel.
Ce qu’ont vécu les bergers,
nous le vivons nous aussi.

Qu’ont-ils vécu ?
Le dernier verset de l’évangile le résume en deux mots :
Les bergers (…) glorifient et louent Dieu
pour tout ce qu’ils ont entendu
et vu comme il leur avait été dit. (Lc 2,20)
Entendre et voir.
Entendre l’annonce de la naissance
du Messie Seigneur et Sauveur ;
voir l’Enfant dans le logis de Bethléem.
L’Annonce est pleine de gloire
avec des multitudes d’anges !
L’Enfant, tout au contraire,
est dans sa grande pauvreté,
dans sa grande fragilité.

C’est exactement ce que nous vivons nous aussi :
L’annonce fastueuse et glorieuse de la Liturgie,
des chants, des hymnes, des tropaires
qui résonnent dans le monde entier…
Et l’Enfant ?
Dans l’Eucharistie il vient, il paraît,
il s’offre dans sa grande pauvreté et sa grande fragilité.

Oui, nous sommes les bergers !
Les bergers forment les prémices de l’Église
qui, veillant dans la nuit de ce monde,
goûte à la liturgie du Ciel
et ainsi illuminée,
accepte de se mettre en route
à la recherche du Dieu pauvre,
du Verbe humanisé déposé dans une mangeoire
pour être le pain de toutes les générations.
Qu’ils sont beaux,
qu’ils sont dignes, ces bergers !
C’est vrai que leur visite à Bethléem reste très sobre.
Ils n’ont pas été guéris de quelque lèpre ;
ils ne sont pas devenus apôtres
comme le deviendront des pêcheurs de Galilée ;
ni même formellement disciples
comme le pauvre Bartimé et bien d’autres.

Mais ils ont été de vrais croyants.
Et leur foi a quelque chose de très particulier.
Ils ont cru au message des anges qui leur a dit :
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (cf Lc 2,11).

Ils ont cru en cet aujourd’hui de Dieu
en cet aujourd’hui du Salut.
Au point qu’ils se sont mis en route sans tarder
laissant leurs troupeaux
pour aller à la recherche de l’Agneau.

Voilà ce que les bergers nous demandent d’imiter :
croire en l’aujourd’hui du Salut.
Depuis cette nuit-là,
le Salut n’est plus dans le ‘demain’ de l’histoire :
il est dans l’aujourd’hui.
Jean-Baptiste le dira :
« Au milieu de vous se tient
celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1,26) .
La femme de Samarie y croira
quand Jésus lui dira :
Le Messie je le suis, moi qui te parle ! (Jn 4,26)
Pierre le proclamera :
« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16,16)
Et Jean au jour de la résurrection le confessera :
« C’est le Seigneur ! » (Jn 21,7)

Oui, aujourd’hui, le salut pour les peuples
est présent dans l’histoire.
Aujourd’hui notre ville, notre Québec,
peut accueillir le Salut
parce qu’il est déjà donné !

Aujourd’hui je vous annonce une grande joie
qui sera pour tout le peuple ! (Lc 2,10)
Aujourd’hui la joie du monde est bien là
et c’est à nous de la porter à tous ceux
qui connaissent l’épreuve, le doute, l’amertume, la révolte.

Les bergers sont revenus à leurs moutons.
Nous, nous avons peut-être à quitter
certains de nos moutons,
je veux dire certaines de nos ‘priorités’
pour nous consacrer à cette œuvre essentielle :
annoncer au monde, à notre modernité,
qu’aujourd’hui, la Joie du Salut nous est déjà donnée.

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