FMJ MtlNOËL – MESSE DE MINUIT
Frère Antoine-Emmanuel
Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Ti 2, 1-14 ; Lc 2, 1-14
25 décembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Cet enfant qui vient répondre à notre soif d’amour

2016 … bientôt 2017 !
Avons-nous encore besoin de Dieu ?
Notre occident moderne, adulte, technologique, connecté …
a-t-il encore besoin de Dieu ?
La science ne donne-t-elle pas l’explication de presque tout ?
La pensée moderne ne nous suffit-elle pas ?

Il y a quelques jours, je marchais le long du forum romain.
On y voit nombre de temples dédiés aux divinités
que la culture gréco-romaine avait façonnées …
Ils sont tous en ruine.
Ces dieux-là ne servaient plus à rien …

Avons-nous encore besoin de Dieu en 2017 ?
C’est avec cette question que je voudrais regarder avec vous la crèche,
regarder l’Évangile de Noël.
Qui en est le centre ?
Un enfant.
Un enfant qui est « sauveur » (Lc 2, 11)
Un enfant qui est Dieu.
Un enfant que Marie vient de déposer dans la mangeoire
d’une pauvre grotte insalubre de Bethléem.

Si quelqu’un a « besoin » d’un autre,
c’est Dieu ici qui a besoin de nous !
Un enfant ne peut rien par lui-même,
pas même survivre.
Dieu enfant a besoin de toi.
Il a besoin que tu prennes soin de lui.
C’est pour cela qu’il t’a invité à venir ici ce soir.
Il est fragile. Il ne parle même pas …
Et déjà il te tend les bras
attendant pour que tu le serres dans tes bras.
Dieu a besoin de ta tendresse.
Dieu a besoin que tu quittes tes peurs et ta raideur
pour le serrer tout contre toi.
Contre ton cœur …

C’est cela Noël !
C’est Dieu qui a besoin de toi,
qui a besoin de ton « oui », de ton cœur ouvert
afin de pouvoir entrer en toi.
Il ne peut forcer ton domicile.
Il ne peut forcer ton cœur et ta vie
… il te demande l’hospitalité.
Il est venu pour cela : pour habiter en nous, pour se donner à nous,
c’est bien ce que Marie a compris,
et ce qui lui a donné le courage
de déposer l’enfant Dieu dans une mangeoire.
Une mangeoire …
Là où tu n’as pas peur de le perdre.
Là où tu découvres que l’enfant veut être notre nourriture.

Qu’ils sont beaux les trois verbes qui disent ce que fit Marie :
Marie « enfanta »
Marie « enveloppas de langes »
Marie « déposa » …
Elle déposa l’enfant pour que nous puissions le prendre
et le recevoir en nous.

Car il veut être en nous.
Alors, dépêche-toi d’évacuer toutes tes fausses images de Dieu,
toutes celles qui te font douter de Dieu ou même nier Dieu,
tu as bien raison de nier le dieu grand magicien, le dieu juge d’instruction,
et le dieu général en chef, le dieu vengeur, …
Libères-toi de toutes les caricatures de Dieu
que notre occident transporte comme de vieilles casseroles bruyantes et pénibles.
Le vrai Dieu a le visage et la fraicheur de cet enfant
qui attend le oui de ton cœur.

C’est le Dieu qui t’aime …
Isaïe tout à l’heure parlait de « l’amour jaloux » de Dieu.
Dieu n’est pas jaloux comme nous pouvons l’être.
On pourrait plutôt traduire l’amour « ardent ».
L’amour « brulant » de Dieu, qui vient nous libérer de nos oppressions,
de tout ce qui veut nous manipuler,
de tout ce qui étouffe notre liberté (cf. Is 9, 3)
Dieu est si fou d’amour pour toi
qu’il est prêt à tout pour te rendre libre …
Il est même prêt à mourir pour toi… et il l’a fait.

Déjà, au jour de sa naissance,
nous entendons de la bouche d’Isaïe
qu’un enfant nous est né
qu’un fils nous a été donné. (Is 9, 5)
Et l’ange du Seigneur le dit plus clairement encore aux bergers :
Aujourd’hui vous est né un sauveur (Lc 2, 11).

Dieu, en cet enfant, est à toi …
Tu es, nous sommes, riches de Dieu.
Prenons donc l’enfant dans nos bras.
Car cet enfant c’est l’AMOUR fait chair.
C’est l’Amour qui s’offre en totale vulnérabilité …

L’Amour se fait chair
pour transformer notre chair,
pour changer notre vie …

Si nous accueillons cet enfant
nous verrons l’Amour fleurir en nous et entre nous.
Nous verrons fleurir en nous un Amour
que nous ne connaissions pas,
une capacité d’aimer dont nous n’aurions jamais pensé être capable.

La frustration que nous portons
parce que nous nous sommes heurtés
à notre incapacité à aimer et à nous laisser aimer,
cette frustration va fondre
comme fond la cire de ces chandelles,
et la flamme de l’amour vrai va se mettre à briller en nous.

Et si nous accueillons cet enfant,
attention … nous allons devenir contagieux !
Contagieux de l’Amour humble qui ne force pas l’autre
Contagieux de l’Amour miséricordieux qui pardonne sans mesure
Contagieux … de l’Amour de Dieu !

Cet enfant,
ce petit enfant,
ce tout petit enfant
vient répondre à notre soif la plus profonde.
Il vient répondre à notre soif d’Amour …
Il n’y a que Dieu qui peut répondre à notre soif …
Nous avons soif de Dieu. En 2016 … nous avons encore soif de Dieu.
En 2017 nous aurons encore soif, toujours soif de Dieu.
Car nous sommes faits pour Dieu
nous sommes faits pour l’amour, pour la tendresse, pour la Communion.

Ni l’ivresse du sexe, ni l’ivresse de l’argent, ni l’ivresse du pouvoir
ne peuvent répondre à notre soif la plus profonde.
Ces ivresses-là nous laisseront toujours insatisfaits,
ne serait-ce que parce qu’elles font de l’autre un objet, un moyen
que l’on manipule pour soi … et cela ne peut qu’étouffer notre âme …

Nous avons soif de Dieu.
Mieux : nous sommes cette soif de Dieu.
C’est notre ADN le plus intime
et aujourd’hui le plus inconnu
parce que la science est ici aveugle et la technique complètement maladroite.
Nous sommes des êtres de désir.
Et c’est à désir secret et profond que Dieu vient répondre aujourd’hui
en cette messe de minuit.

Minuit chrétien
Débordement de tendresse
Où l’Amour se déverse
Minuit chrétien
Où l’Enfant Dieu vient te chercher :
Dans la mangeoire comme sur l’autel
Dieu se livre pour que ta vie bascule
Vers le plus amour,
Le plus fol amour.

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