FMJ MtlJOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS
(29e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C)
Frère Antoine-Emmanuel
Lc 18, 1-8
21 octobre 2007
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Crier l’Évangile par toute notre vie

« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » (1 Co 9,16)

Cette interpellation de Paul nous rejoint chaque année
en cette journée mondiale des missions.
Ce dimanche, avec toute l’Église,
nous reprenons conscience de notre commune vocation
à porter l’Évangile, à
« crier l’Évangile par toute notre vie » (Charles de Foucauld).
Tous, graciés que nous sommes
par la mort et la résurrection de Jésus,
nous ne pouvons nous installer dans un christianisme tiède,
car médiocre.
Ensemble nous voulons
répudier les silences de la honte (2 Co 4, 2)
parce que l’Amour du Christ nous presse
à la pensée qu’Un seul, Jésus, est mort pour tous (2 Co 5,14).

Le baptême, nous le disons souvent, a fait de nous des prophètes,
des hommes et des femmes appelés à faire entendre
la voix de Dieu dans notre temps,
appelés à dévoiler sa Présence et son amour.

Mais quel genre de prophètes sommes-nous ?

Sommes-nous de ces prophètes
« qui égarent mon peuple en disant “paix”
alors qu’il n’y a pas de paix» (Jr 13, 10)
comme le dénonce le Seigneur par la voix du prophète Jérémie ?
Et dans le même chapitre sur les faux prophètes,
Jérémie oppose ceux qui étendent du crépi sur un mur lézardé
et ceux qui le reconstruisent.

De quel bord sommes-nous ?

De fait, annoncer l’Évangile,
ce n’est pas ‘re-crépir’ une maison qui s’écroule,
c’est la reconstruire avec les matériaux solides
que sont la foi, l’espérance et la charité.
Et où puiserons-nous ces matériaux
que la société de consommation
ne propose pas dans ses rayons
débordants de produits inutiles ?

Jésus nous répond dans l’Évangile de ce dimanche :
Va puiser dans la prière ce dont tu as besoin
pour construire le monde nouveau où règne l’Évangile.
Mais, là encore, nous voici interpellés :
croyons-nous à la fécondité de la prière ?
Les auditeurs de Jésus avaient tant de mal à y croire
que Jésus leurs donne une parabole
qui a quelque chose d’une secousse sismique :
Tu n’as pas de mal à croire qu’un juge pervers et égoïste
rende justice à une veuve innocente et sans défense
et tu ne crois pas, ou tu ne crois plus,
que le Père nous rende justice quand nous crions vers Lui ?
Quel visage de Dieu portes-tu dans ton cœur ?

Jésus nous appelle à prier et il nous parle de la prière
comme d’un « cri » : ni rhétorique, ni grands discours,
ni diplomatie, seulement un cri, le cri du cœur.
Un cri, ajoute Jésus, « nuit et jour ».
C’est-à-dire une attente qui ne s’éteint pas,
une confiance qui ne faiblit pas, à l’exemple de la veuve
qui ne cesse pas de frapper à la porte du juge inique.
Qu’il fasse nuit où qu’il fasse jour dans notre vie intérieure,
le Seigneur nous appelle à garder le cœur tourné vers Lui
avec la certitude qu’Il nous rendra justice,
à nous qui ne sommes pas les clients désespérés
d’un Dieu-juge à la manière des hommes,
mais les « élus », les « choisis », les fils et les filles bien-aimés
du Père qui nous « rend justice » en nous justifiant gratuitement.

Mais de quelle manière allons-nous demander au Père
de nous « rendre justice » en ce dimanche ?
Nous pouvons Lui demander de nous libérer de toute peur
et de nous embraser de son feu d’Amour.
Comme la veuve, nous sommes si pauvres,
si pauvres d’audace et d’ardeur
pour témoigner de l’Évangile sans le diluer,
et nous crions aujourd’hui ensemble vers le Père
pour qu’Il renouvelle en toutes nos communautés,
la « passion » des vrais témoins de l’Évangile.

*

Ce « Dimanche des missions », nous pouvons tous
être des Moïse les uns pour les autres.
Comme Moïse monta sur la montagne
et leva les bras vers Dieu pour soutenir Josué
dans sa lutte contre les Amalécites,
montons sur la montagne de la prière, de l’intercession, du « cri »,
pour intercéder pour tous nos frères et sœurs baptisés
du monde entier, lancés sur le front de l’évangélisation.
Levons nos bras et « élevons notre cœur »
pour que vienne en notre monde
la victoire de l’Amour, de la Joie et de la Vérité !
Portés par la prière d’une multitude de « Moïses »,
nous serons alors chacun, chacune, un « Josué » :
nous porterons le nom de Jésus
et nous serons des serviteurs
de la victoire de la Miséricorde divine !

*

« Je te le demande au nom de Dieu
et du Christ Jésus qui doit venir juger les vivants et les morts
– car il va se manifester et il règnera.
Je te le demande : proclame la Parole,
interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal,
fais des reproches, encourage,
mais avec une grande patience
et avec le souci d’instruire » (2 Tm 4, 1-2).
Ces paroles que Paul adresse à Timothée,
n’est-ce pas à chacun de nous qu’elles sont adressées aujourd’hui ?
Le Seigneur qui a ouvert les oreilles
et délié la langue du sourd-muet (Mc 7, 33-37)
désire tant délier notre langue pour que,
à temps et à contre temps,
nous proclamions les merveilles de Celui qui nous appelle
des ténèbres à son admirable lumière ! (1 Pi 2, 9)
Pourquoi ne pas le Lui demander en cette Eucharistie dominicale ?

Si nous « crions » vers Dieu pour être libérés de nos peurs
et pour que notre langue soit déliée,
alors, le Fils de l’Homme, quand Il viendra,
trouvera la foi sur la Terre ! (cf. Lc 18, 8)
Et s’Il y trouve la foi, Il y trouvera aussi nécessairement l’amour,
son Amour dont nous aurons été les messagers et les instruments.
Alors nous exulterons de joie
en entendant le Seigneur nous dire
et dire à tant et tant de ses enfants :
« Entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25, 21)

L’Amour infini dont le labeur de l’évangélisation
nous aura donné un avant-goût ici-bas,
nous comblera éternellement
et nous serons un ciel les uns pour les autres.

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