FMJ MtlJeudi, 4e Semaine de l’Avent – C
SAINTS ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST, FILS DE DAVID…

Frère Antoine-Emmanuel
2 S 7, 1…16 ; Ps 88 ; Lc 1, 67-79
24 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Pardonne et le Soleil de la tendresse de Dieu se lèvera en toi

« Telle est la tendresse du cœur de notre Dieu » (Lc 1,78).

À peine Zacharie est-il libéré de son mutisme
qu’il proclame la tendresse du Dieu d’Israël.
Le silence a guéri sa foi déficiente
et ouvert les yeux de son cœur à la tendresse du Père.

Dieu tendre…
Dieu miséricordieux.

Et Zacharie a reçu comme une image de cette tendresse.
Il a vu le soleil se lever
et éclairer des hommes, des femmes
qui étaient assis dans le noir, dans les ténèbres.
Assis dans la nuit…
Une nuit est littéralement l’ombre de la mort.
Et il a vu ces hommes, ces femmes
qui se levaient et se mettaient en marche
sur un chemin de paix.
Des hommes et des femmes réconciliés avec Dieu,
dégagés des ténèbres intérieures.

Frères et sœurs, c’est cela Noël :
un lever de soleil dans le cœur des humains.
Le soleil de la tendresse de Dieu
va se lever cette nuit dans nos cœurs.
Le soleil de la miséricorde, du Pardon.

Mais s’il s’agit du soleil du Pardon,
cela implique un ultime préparatif aujourd’hui,
cet après-midi,
sans quoi ce Noël sera blafard et brumeux.
Souvenez-vous du « Notre Père » :
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés (Mt 6,12).
N’est-ce pas ?
Et Jésus ajoute :
« Si vous remettez aux hommes leurs fautes,
votre Père du Ciel vous remettra à vous aussi.
Mais si vous ne remettez pas aux hommes,
votre Père non plus ne remettra pas vos fautes » (Mt 6, 14-15).

Si notre cœur est habité par de la rancune,
si nous sommes riches de pardon non donnés,
alors nous ressemblons à Hérode,
et la Nativité du Seigneur nous mettra en colère.

Si nous pardonnons intérieurement et de tout notre cœur,
si nous renonçons à cette espèce de droit morbide
que nous prétendons avoir sur ceux qui nous ont blessés,
alors nous ressemblerons aux bergers
et la Nativité du Seigneur nous remplira de joie.

Alors que faire ?
Courir vers ceux qui nous ont blessés
pour leur dire « je te pardonne » ?
Probablement pas, parce que le risque est très grand
que se glisse là une manière de faire payer à l’autre
le mal qu’il nous a fait.

Allons au plus simple et au plus exigeant aussi :
prenons le temps de faire intérieurement
les pardons les plus nécessaires,
c’est-à-dire ceux que naturellement
nous n’avons pas envie de faire.

Je prends un temps de silence.
Je regarde le chemin de mon cœur profond.
J’invoque l’Esprit Saint qui est en personne
l’Amour répandu dans mon cœur (cf. Rm 5,5).
Je Lui demande d’agir librement en moi.
Je Lui dis mon désir de faire la lumière en moi ;
je Lui demande de me dévoiler ce qui en moi est ténèbres.
Je regarde ma relation avec les personnes
qui me sont les plus proches.
J’ai été blessé par une parole,
un geste, un regard, une attitude ?
J’ai été ignoré, oublié, délaissé ?
Je n’ai pas reçu d’attention, de compassion ?

Avec Jésus, je pardonne à untel, tel mal dont j’ai souffert.
« Avec Jésus »… hors de Jésus il n’y a pas de véritable pardon.
« Je pardonne »… je renonce intérieurement à tout droit,
à toute revanche, à toute vengeance.
« À untel… » (je nomme explicitement la personne intérieurement)
« tel mal dont j’ai souffert ».
Je le nomme mais ne m’y attarde pas…
car il s’agit de devenir pauvre intérieurement.
Il s’agit de devenir un vide d’amour.

Et nous pouvons ajouter :
je Te demande Seigneur de transformer
ce mal en bénédiction sur cette personne.

Donner ces pardons est une clé essentielle
de la vie spirituelle et de la vie tout court !
Des pardons non donnés permettent aux autres
d’exercer un pouvoir malsain sur nous.
Nous nous croyons forts et puissants en ne pardonnant pas,
mais en réalité nous devenons le jouet de ceux qui,
volontairement ou non, nous blessent.
Le pardon non donné n’est pas une force,
mais un esclavage intérieur.
Le pardon donné est une porte ouverte
à l’amour, à la joie, à la vie.
Alors se lèvera dans nos cœurs
le soleil de la tendresse de Dieu.
Ce sera Noël.
Un vrai Noël en nous, entre nous,
qui rayonnera sur le monde.

Seigneur, Tu veux donner la pureté du regard mutuel,
la pureté du regard que nous portons les uns sur les autres.
Sois béni et glorifié !

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