sanct - smSamedi, 3e Semaine de l’Avent – C
Mgr Jacques Berthelet, c.s.v.
Jg 13, 2-7.24-25 ; Ps 70 ; Lc 1, 5-25
19 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La place du silence pour accueillir la puissance de Dieu

Mes frères, mes sœurs,
dans l’Évangile d’aujourd’hui,
l’ange Gabriel annonce à Zacharie
que son épouse Élisabeth, qui est avancée en âge,
concevra et enfantera un enfant,
dont le nom est fixé par l’ange : son nom sera Jean.

J’aimerais attirer votre attention sur deux choses :
1) la place du silence dans ces événements ; et
2) la puissance de Dieu
qui se manifeste dans l’impuissance des personnes.

Le silence.
Devant ce que l’ange Gabriel lui annonce
et en pensant à ce qui va venir,
Zacharie émet un tout petit doute :
« Comment vais-je savoir que cela arrivera » ?
Écoutez-bien ce que dit l’ange :
« Je suis Gabriel, je me tiens en présence de Dieu,
et j’ai été envoyé pour te parler
et pour t’annoncer cette nouvelle.
Mais voici que tu devras garder silence
et tu ne pourras plus parler jusqu’au jour où cela se réalisera,
parce que tu n’as pas cru à mes paroles :
elles s’accompliront lorsque leur temps viendra.
» (Lc 9, 19-20)

Élisabeth, de son côté, alors qu’elle est enceinte,
pendant cinq mois, elle garda le secret (v.24).
Ainsi, aussi bien Zacharie qu’Élisabeth
vont entrer dans une période de silence,
un silence interrompu par Élisabeth
au moment de la visite de Marie.

Zacharie et Élisabeth nous donnent
l’exemple du silence nécessaire
pour accueillir la venue du Sauveur.
L’Avent est cet avènement de Jésus
qui suppose que nous fassions le silence en nous,
et autour de nous pour entendre la voix
de Celui qui est la Parole de Dieu, le Verbe fait chair.
Saint Augustin nous apprend que Jean-Baptiste
était la voix alors que Jésus est la Parole.
Et pour accéder à la Parole,
pour qu’elle se fasse chair en nous,
il nous faut faire silence.
Même sur un plan purement humain,
si nous voulons garder un bon équilibre de vie,
il nous faut sortir du bruit de la ville, des médias, des foules ;
il nous fait prendre nos distances,
aller au désert ou au moins dans un oasis,
connaître un lieu d’intériorité.

Au début, ce n’est pas facile de n’entendre que le silence,
mais avec le temps et une certaine ascèse,
on y goûte la paix, on y rencontre Quelqu’un
après nous être reconnus nous-mêmes.
C’est pour cela qu’existent des monastères, des chapelles ;
c’est pour cela que jeunes et moins jeunes
sont attirés par des expériences de silence,
par des pèlerinages, comme à Compostelle.

La puissance de Dieu.
La deuxième chose que nous enseigne cet évangile
de même que le livre des Juges,
c’est que, dans la lignée des femmes de l’Ancienne Alliance
qui, malgré leur stérilité, ont obtenu une descendance
(Sarah, Rébecca, Rachel et Anne),
Élisabeth elle aussi, âgée et stérile,
concevra et enfantera un fils.

Le message qui nous est transmis aujourd’hui
c’est qu’il n’y a aucun obstacle
capable d’empêcher le dessein de Dieu de se réaliser.
Il suffit de croire.
Saint Paul le dira en d’autres mots :
C’est quand je suis faible que je suis fort.
Parce qu’alors c’est la puissance de Dieu
qui agit au travers de notre faiblesse.
Voilà jusqu’où va la miséricorde de Dieu.
L’Avent c’est le temps du témoignage,
le temps de dire notre vraie attente ;
c’est le temps de la lumière,
donc de la vérité sur nous même et sur Dieu,
c’est le temps de s’afficher.

Prions : « Dieu fort, ce qui est impossible devient possible
avec ton intervention : la naissance de Jean,
dont les parents sont un vieillard et une femme stérile,
comme celle de Jésus, ton propre Fils,
conçu dans le sein d’une Vierge.
Devant tant de merveilles,
nous nous inclinons, nous t’adorons !
Seigneur, je m’appuie sur Toi, ma forteresse et mon roc,
soutiens-nous de ta force et aide-nous
à réveiller en nos concitoyens la foi de leur baptême ;
aide-nous à les ramener à la sagesse des justes
et à préparer un peuple prêt à t’accueillir dans la nuit de Noël. »
(Prière tiré de la revue SIGNES, oct.-déc. 2015, vol. 51, 1, p. 42)