FMJ Mtl4e DIMANCHE DE L’AVENT – C
Frère Thomas
Mi 5, 1-4 ; Ps 79 ; Hé 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45
20 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Marie, tabernacle de la Miséricorde

Marie vient visiter sa parente Élisabeth.
Elle vient pour l’aider, dans les derniers mois de sa grossesse,
elle qui est forte de sa jeunesse,
prenant ainsi soin de sa parente qui est âgée.
Elle vient aussi pour avoir quelqu’un
avec qui partager cette conception merveilleuse du Fils de Dieu,
qu’elle porte désormais en elle.

Élisabeth, de son côté, est davantage sensible
à la présence de Jésus en Marie,
qu’à Marie elle-même.
En fait, dans le mystère de la Visitation,
c’est avant tout le Seigneur qui vient visiter notre humanité
et qui se manifeste.
Et Zacharie, le mari d’Élisabeth, le père de Jean-Baptiste,
qui est témoin de la rencontre de ces deux femmes
– encore limité par son mutisme,
mais bien présent par son regard –
s’écriera, dans le cantique qu’il entonnera
à la naissance de Jean Baptiste :
« Grâce aux sentiments de miséricorde de notre Dieu,
Soleil levant qui vient nous visiter » (Lc 1,78).

Ainsi, si Dieu est venu nous visiter,
c’est en raison de sa miséricorde pour nous.
Quelle est donc cette miséricorde de Dieu envers nous ?
Nous avons toute une année, que l’Église nous donne maintenant,
pour approfondir le mystère de la miséricorde de Dieu.
En ce Quatrième dimanche de l’Avent,
nous pouvons retenir cette onde de bienveillance et de charité
qui commence à se répandre à partir du « oui » de Marie.

Lorsque l’Ange Gabriel vient saluer Marie,
il l’appelle « Comblée de grâce ».
Déjà avant l’Annonciation,
Marie est donc comblée des prévenances de Dieu,
et elle est ouverte à cela.
Puis l’Ange rassure Marie :
« Sois sans crainte, » lui dit-il.
Marie reçoit avec simplicité et grande ouverture
la mission d’être la Mère du Fils de Dieu
qui lui est confiée.
Puis elle s’enquiert du comment de cette maternité,
puisqu’elle n’est pas encore en ménage avec un homme.
Ainsi donc, dès l’Annonciation,
une onction de miséricorde et de bienveillance
se répand à partir du dialogue
entre l’Ange Gabriel et la Vierge Marie.

C’est alors que l’Ange parle
de l’Esprit Saint qui viendra sur Marie,
et de la puissance du Très-Haut qui la prendra sous son ombre.
La venue de Jésus dans notre monde
est ainsi l’issue d’une tendresse
et d’une force toute maternelles de Dieu.
L’Ange Gabriel mentionne aussi
la grossesse miraculeuse d’Élisabeth,
pour appuyer que « rien n’est impossible à Dieu ».

Là aussi, nous voyons la miséricorde de Dieu à l’homme,
au cœur de la stérilité et de la vieillesse.
Marie dit alors son oui :
« Qu’il me soit fait selon ta Parole ».
Elle fait ainsi preuve de bienveillance,
d’accueil de cette Parole si extraordinaire qu’elle vient d’entendre.

Marie s’en va alors en toute hâte chez Élisabeth.
C’est elle qui décide d’y aller,
mais c’est Jésus, désormais en elle, qui la pousse.
Marie est désormais tabernacle de la Miséricorde ;
elle s’en va donc porter la miséricorde à la première personne
qui pourra la recevoir, c’est-à-dire Élisabeth.
Élisabeth a besoin d’être confirmée dans cette miséricorde ;
elle est encore bien blessée par toutes ses années de stérilité.

La Visitation sera ainsi une rencontre à quatre,
durant laquelle la miséricorde, la bienveillance,
ne cesseront de circuler.

Marie apporte Jésus miséricordieux dont elle est enceinte.
Ce petit Jean-Baptiste, dans le sein d’Élisabeth,
se réjouit et tressaille à la venue de Jésus.
Et Élisabeth tressaille de joie à son tour
à la salutation de Marie, puis elle bénit Marie.

Marie va ensuite entamer le cantique du Magnificat,
dans lequel elle va louer le Seigneur
pour sa miséricorde qui s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Et Zacharie en écho s’écriera, à la naissance de Jean Baptiste :
« grâce aux sentiments de miséricorde de notre Dieu,
dans lesquels nous a visité l’Astre d’en-haut. »

Le Seigneur Jésus est le Messie annoncé par le prophète Michée
qui sortira de Bethléem pour gouverner Israël,
mais par son règne de miséricorde.
Si le pape François a voulu que l’Église
vive maintenant toute une année de la miséricorde,
c’est afin de redécouvrir que Dieu
vient établir en Jésus-Christ un règne de miséricorde
et non un règne de domination.

Nous sommes tellement habitués
aux rapports de force dans le monde :
rapports de domination et de soumission servile,
ou de révoltes et de guerres sans fin.
Face à cela, Jésus dit au Père : « Me voici,
Je suis venu pour faire ta volonté. »
Et la volonté du Père, c’est que son règne de miséricorde,
de bienveillance et de douceur soit connu et se répande.

Quelle grâce quand nous pouvons contribuer, à notre place,
à la diffusion de la miséricorde de notre Dieu.
Entre nous, dans nos familles, parmi nos amis,
dans nos communautés, dans nos milieux de travail.

C’est cela que nous serons invités à vivre, si nous le voulons,
cet après-midi, avec le Parvis de Noël,
lorsque nous pourrons simplement et gratuitement
souhaiter la paix et la joie de Noël aux passants.
Non pas pour les enrôler, non pas pour les dominer,
mais pour les visiter, à la manière de Marie,
à la manière de notre Dieu, en leur annonçant
« sa miséricorde qui vient nous visiter ».

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