FMJ MtlIMMACULÉE CONCEPTION – C
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 3, 9-15.20 ; Ps 97 Ép 1, 3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38
8 décembre 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

La Miséricorde : un coup te tête ?

« Où es-tu ? » (Gn 3,9).
Adam où es-tu ?
« J’ai entendu ta voix dans le jardin
et j’ai pris peur car j’étais nu
et je me suis caché » (3,10).

Je suis nu…
Mais Adam était déjà nu avant la désobéissance !
Oui, mais désormais sa nudité
n’est plus vécue dans la confiance et la joie,
mais dans la honte, dans la peur.
Adam et Ève désormais vivent leur vulnérabilité dans la peur.
La faiblesse est devenue invisible, honteuse, épeurante.

Cela, c’est le péché.
Car l’amour demande d’être « faible »,
d’être pauvre, d’être vulnérable
et c’est devenu impossible.
L’humanité s’est coupée de l’Amour,
s’est coupée de Dieu.

C’est le drame du péché,
drame parce que le péché n’a d’autre issue que la mort.

Mais dès la Genèse, Dieu montre une étonnante bienveillance.
Regardez comment Dieu revêt soigneusement
Adam et Ève de vêtements de peau (3,21).
Puis Dieu nous revêtira d’espérance par la première Alliance,
Il nous revêtira ensuite de justice par la Croix de Jésus
et même d’éternité par Sa résurrection.

C’est cela que l’on appelle la « Miséricorde ».

Est-ce que la Miséricorde, c’est le bon Dieu
qui est si bon qu’Il ferme les yeux,
qui fait comme si le péché n’est pas une chose sérieuse
et qui tourne la page tranquillement ?
NON !

Non, la Miséricorde divine n’est pas une émotion superficielle.
Elle n’est pas de « l’énergie mobile ».
Le péché est pour Dieu une réalité plus que sérieuse, dramatique.
Le péché Lui ôte ses enfants.
Car la Justice, la Vérité, veut que le péché
suscite la « colère » de Dieu.
L’Amour a été blessé, rejeté, trahi
et la juste conséquence est l’éternel éloignement de Dieu.

Or, que nous révèle l’Écriture Sainte ?
Dieu Se retourne contre Lui-même (cf. Os 11,8).
Dieu Se retourne contre cette Justice immédiate.
Pourquoi ?
« Parce que Je suis Dieu et non pas homme »,
rapporte le prophète Osée.
« Au milieu de toi, Je suis saint » (Os 11,9).

La Sainteté de Dieu, c’est sa Miséricorde,
c’est ce retournement de Dieu contre Lui-même
qui déploie un surcroit d’Amour.
Vous le voyez : ce n’est pas un coup de tête
ou une amnésie passagère.
C’est un retournement en Dieu, une kénose,
dans un acte de pure liberté, de souveraine liberté.

L’Amour est l’Être même de Dieu.
La Miséricorde c’est le déploiement,
la dilatation de cet Amour
quand Il rencontre la misère de l’homme.

La preuve que ce n’est pas un coup de tête,
c’est l’objet de la Fête d’aujourd’hui !
Nous contemplons aujourd’hui la souveraine liberté de Dieu
qui s’engage dans l’histoire des humains.
Dieu Se penche sur son humble servante, Marie de Nazareth
et cela, dès sa conception, dans l’instant même de sa conception.

Toute conception est enveloppée par l’Amour de Dieu
qui crée l’âme,
qui crée une relation d’amour avec Lui,
destinée aux noces éternelles.
Mais la conception de Marie est unique
parce qu’Elle est totalement envahie
par l’Amour miséricordieux.

Marie est toute humaine,
et Marie est d’emblée toute orientée vers Dieu Trinité,
toute orientée vers l’Amour, vers la divine communion.
Pourquoi ?
Ou plutôt : pour qui ?
Pou toi, pour moi, pour chaque personne humaine
de toute époque, de toute race, peuple, langue et nation.

Marie est la Porte de la Miséricorde divine
parce qu’Elle est comblée de grâce (Lc 1,28)
et qu’Elle l’est pour nous.
Par Elle, le Visage de la Miséricorde S’est révélé au monde :
Jésus, son fils, le Fils Bien-aimé du Père.

L’œuvre de l’Esprit Saint en Marie est pure miséricorde,
et Elle y adhère inconditionnellement :
« Le Puissant fit pour moi des merveilles.
Saint est son Nom ! » (cf. Lc 1,49)
Sa miséricorde s’étend de générations en générations
sur ceux qui le craignent ».

Alors c’est avec Elle
que nous entrons dans l’année de la Miséricorde,
c’est avec Elle que nous allons faire route
tout au long de ce jubilé !
Une « Année de Miséricorde »
une « année de grâce » (cf. Lc 4,19).
Une année pour désirer et prier et agir ensemble
pour que les flots de la Miséricorde divine pénètrent partout,
dans tous les recoins des cœurs, des familles,
des milieux, des pays, de tous les continents.

Avec ce défi pour nous ici :
devenir une « oasis de miséricorde »
Défi qui est d’abord contemplatif.
Nous deviendrons miséricordieux
quand nous aurons vu la Miséricorde.
Aussi la toute première étape peut être celle-ci :
chercher dans l’Écriture le Visage de la Miséricorde.
Cherche-le jusqu’à ce que tu le voies
avec ton intelligence et avec ton cœur.

Marie, comme tu as enseigné à Jésus-enfant
la miséricorde dévoilée dans la Première Alliance,
enseigne-nous, apprends-nous à voir,
à reconnaître les œuvres de miséricorde
accomplies par Dieu.
Marie, Immaculée Conception,
Marie, Mère de Miséricorde, prie pour nous.

© FMJ – Tous droits réservés.