FÉRIE MAJEURE : « Ô ADONAÏ, BERGER DE LA MAISON D’ISARAËL »
Samedi, 3e Semaine de l’Avent – A
(45e anniversaire d’ordination sacerdotale)
P. Jean-Guy Vincent, c.s.c.
Jr 23, 5-8 ; Ps 71 ; Mt 1, 18-24
18 décembre 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’annonce faite à Joseph

Frères et soeurs dans la foi,
chers moines et moniales des Fraternités monastiques de Jérusalem,

C’est un beau cadeau du ciel et une attention toute délicate du Seigneur
que vous m’ayez invité à venir célébrer l’Eucharistie en ce 18 décembre.
Je soupçonne quelques heureuses petites ruses
qui ont amené au choix de cette date.
Pour moi, en effet, c’est une date significative
et qui a une grande valeur symbolique.
C’est précisément un 18 décembre que j’ai été ordonné prêtre
par le cardinal Paul-Émile Léger en 1965, il y a donc 45 ans.
De plus, l’évangile proposé pour la liturgie d’aujourd’hui
nous présente ce que les exégètes bibliques appellent l’annonce à Joseph,
alors que le même récit présenté par Luc
s’intitule l’annonce faite à Marie.
Pour moi qui exerce mon ministère pastoral
à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal depuis 26 ans,
là aussi cet évangile a grande valeur symbolique.
C’est une heureuse coïncidence, un de mes amis croyant
dirait en inventant un mot, une belle coïnciDieu.

Depuis le début de l’Avent,
la liturgie nous invite à prendre courage car le Jour est proche.
Ce Jour, qui est-il, sinon la venue de notre Dieu en notre monde.
Pour venir en notre monde, Dieu se choisit des êtres simples
qui pourront l’accueillir et nous Le présenter.
Marie et Joseph sont de cette trempe.
Ils font partie du peuple choisi duquel le Christ,
le Messie promis naîtra.
Joseph est descendant de David.

Jérémie, que nous avons entendu en première Lecture,
cite David comme un acteur de grande importance dans le plan de salut de Dieu.
Mais, selon le prophète, il n’est qu’un maillon de la chaîne.
Après lui doit venir quelqu’un d’encore plus grand.
Celui-là se révélera comme un vrai roi, un ami de la justice,
un rassembleur de tout le peuple dispersé.

Tout au long de l’histoire sainte, les prophètes,
particulièrement, Élie, Jérémie et Isaïe,
nous annonceront la venue de celui
qui viendra réconcilier l’humanité avec Dieu et avec elle-même.
Cette vision est restée vivante jusqu’à l’époque de Joseph, l’époux de Marie.
Comme je le disais, il y a un instant, celui-ci est descendant de David,
mais il est loin de penser qu’il pourrait jouer un rôle particulier
dans la réalisation du grand rêve de Dieu pour l’humanité.
Il faut que le Seigneur le rejoigne dans son sommeil,
temps d’écoute et de grande vulnérabilité
pour qu’il se voit lui-même comme acteur de la promesse de salut.

Joseph est un homme de foi, aussi d’écoute.
Même s’il est étonné de ce qui arrive à Marie, et même si, dans sa discrétion,
il voudrait la renvoyer plutôt que de la dénoncer,
comme il aurait été autorisé à le faire,
il obéit à l’Ange du Seigneur qui lui demande de prendre Marie chez lui.

Que nous enseigne Joseph sinon d’être à l’écoute,
à l’écoute des événements pour en saisir toute la profondeur
et ce à quoi ils pourraient nous engager.
Sa femme est enceinte et ça ne vient pas de lui.
Il ne comprend pas. Cependant, il n’agit pas précipitamment,
il entre en lui-même, il écoute.
Une parole vient d’ailleurs qui l’ouvre à une Présence
qui est en train d’agir précisément dans ce qu’il ne comprend pas.
Puis, il saisit que la promesse faite d’un sauveur est sur le point de se réaliser,
il lui est demandé de faire sa part dans son accomplissement.

Nous n’aurons sans doute pas de songe, ni d’ange
pour nous dire ce que le Seigneur attend de nous.
Pourtant, si nous sommes familiers de la Parole de Dieu et,
si comme Joseph, nous sommes des croyants, nous découvrirons nous aussi dans nos vies,
plusieurs signes qui sont autant d’invitations du Seigneur à le suivre.

Ce peut être un passage d’Évangile, qui nous interpelle,
un événement qui nous arrive et nous fait réfléchir,
une remarque d’un ami, d’un confrère, d’une soeur, d’un collègue de travail
qui nous remet en question.
Dieu, je l’ai souvent constaté, est au coeur des situations qui nous dérangent.

Seigneur, donne-nous une oreille attentive à ta Parole,
donne-nous un coeur qui écoute pour découvrir
ce que tu attends de nous dans les diverses situations de vie.
Que l’exemple et la prière de saint Joseph
et de son bon ami saint frère André nous donne de prendre courage
et d’être nous aussi collaborateurs et collaboratrices de la mission.
Amen.