FMJ MtlVendredi, 32e Semaine du temps ordinaire – C
Frère Thomas
Sg 13, 1-9 ; Ps 18 ; Lc 17, 26-37
15 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ne nous laissons pas surprendre

Voilà que la liturgie nous fait entendre, en ces jours,
des évangiles sur les fins dernières, sur l’eschatologie.
En effet nous approchons de la fin de l’année liturgique,
avec la fête du Christ-Roi dimanche en 8.
En ce jour, Jésus nous demande
de ne pas nous tromper de Salut.
Il ne s’agit pas de chercher à sauver, à préserver,
nos biens, notre santé, notre bien-être,
notre vie sur cette terre.
Il s’agit pas de chercher à,
à préserver nos biens, notre santé, notre bien-être,
notre vie sur cette Terre.
Il s’agit de sauver notre vie véritable,
notre vie avec le Christ venu en notre chair,
pour nous élever avec Lui auprès du Père.

Jésus fait référence à deux épisodes
bien connus de l’Histoire biblique.
Celui du déluge avec Noé
et celui de Sodome et Gomorrhe avec Loth.
Dans les deux cas, les habitants du pays
ne se sont doutés de rien.
Lorsque Noé construisait l’arche,
ceux et celles qui le voyaient ainsi travailler
devaient bien se moquer de lui :
on mangeait, on buvait, on se mariait (Lc 17,27).
Et le déluge est survenu
sans que personne ne se doute de rien.

De même, à Sodome et Gomorrhe,
seul Loth et les siens savaient
que Dieu projetait de détruire ces villes
en raison de leur perversité.
Les habitants, eux, ne se doutaient de rien :
On y mangeait, on buvait, on achetait, on vendait,
on plantait, on bâtissait (v. 28).

C’est là le drame du matérialisme qui se trouve démuni
devant les catastrophes naturelles,
devant les maladies incurables
ou devant les violences incontrôlables.

Certes, dans une perspective matérielle, terrestre,
on peut essayer d’endiguer tous ces maux,
d’en limiter les dégâts.
On ne peut toutefois jamais les supprimer.
S’il n’y a pour les humains aucune perspective spirituelle,
tous ces maux apparaissent comme autant de non-sens.

Certains alors s’en prennent à Dieu, ou aux religions
en leur faisant porter quasiment ou complètement
la responsabilité de ces maux.
D’autres – et ils sont très nombreux –
se réfugient dans le divertissement, l’oubli, le déni,
par toutes sortes d’anesthésiants de la conscience
que sont les drogues, les jeux ou autres pratiques de tous genre,
pour lesquels notre monde aujourd’hui
déploie une incroyable créativité.

Si notre monde sans Dieu continue à vivre,
malgré la souffrance et la mort,
c’est parce qu’il excelle dans l’art
de faire oublier la souffrance et la mort.
Mais vient un moment où le mal et la mort sont là,
bruts, cruels, incontournables.
Si nous n’avons vécu que pour cette terre,
que deviendrons-nous quand finira la Terre !

Jésus nous donne une clef
pour ne pas oublier les réalités spirituelles :
« Qui cherchera à conserver sa vie la perdra.
Et qui la perdra la sauvegardera » (17,33).
Qu’est-ce que cela signifie ?
Chercher à conserver sa vie,
c’est s’accrocher aux réalités de cette terre,
c’est fuir la souffrance et la mort
alors qu’elles sont inévitables.

Perdre sa vie,
c’est traverser la souffrance et la mort avec le Christ.
Traverser les souffrances physiques,
morales, spirituelles avec le Christ :
car Lui seul nous permet de les dépasser sans les nier,
car Lui seul, qui est mort et ressuscité en son corps,
nous fait passer sur l’autre rive,
dans le Royaume de son Père et notre Père.

Quand viendra la Parousie,
la venue en gloire du Seigneur
quand, avant cela,
toute sorte de catastrophes ou de maux arriveront,
quand la mort arrivera,
nous ne serons pas surpris.
Nous ne risquerons pas d’être de ceux qui seront laissés.
Nos corps – seraient-ils la proie des vautours –
ressusciteront un jour, avec le Christ
en qui nous aurons placé notre foi.

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