FMJ MtlDIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR – B
Frère Thomas
Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14,1 – 15,47
29 mars 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La vraie liberté

« Il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit
d’être traité à l’égal de Dieu » (Ph 2,6).
C’est ce qu’écrivait saint Paul aux Philippiens.
C’est aussi ce que nous venons d’entendre
dans la deuxième lecture.

Pourtant, Jésus avait été acclamé
comme le Messie de Dieu à son entrée dans Jérusalem !
Il S’était même permis de réquisitionner un petit âne.
Une foule de gens avaient étendu leurs manteaux
à son passage et L’avait acclamé :
« Hosanna! Béni soit celui qui vient
au nom du Seigneur ! » (Mc 11,9)

Alors, comment se fait-il que quelques jours après,
Jésus ait été traité comme le dernier des blasphémateurs,
comme un bandit ?

Si Jésus avait revendiqué son droit
d’être traité à l’égal de Dieu,
Il ne serait pas entré dans Jérusalem,
sachant que les autorités religieuses de la ville
avaient décidé de Le faire mettre à mort.

Huit siècles plus tôt, le prophète Élie
s’était enfui devant la reine Jézabel
après avoir tué les prophètes de Baal
dans son zèle pour Dieu.

Douze siècles plus tôt, c’était Moïse
qui s’était enfui de la cour de Pharaon,
après avoir tué un égyptien qui molestait un hébreu.

Six siècles plus tard, le fondateur de la religion musulmane,
Mohamed, verra sa prédication sur l’unicité de Dieu
violemment rejetée à la Mecque.
Il s’enfuira à la ville voisine de Médine avec ses disciples
et là, il deviendra un chef politique et militaire.

Jésus, Lui, n’a pas revendiqué son droit
– encore plus grand pourtant – de Fils de Dieu.
Jésus n’a pas eu peur ni de l’humiliation,
ni de la mort la plus infâmante.
Pour Lui, elles n’ont pas constitué
un obstacle à sa prédication,
au message qu’Il voulait faire passer.
Au contraire, Jésus a prêché
de la manière la plus éloquente
en étant humilié par sa condamnation
et en mourant sur la croix.
Jésus a vécu de la manière la plus intense
en étant conduit à la mort de la croix.

*

La Passion de Jésus est toujours quelque chose
de radicalement nouveau
dans notre monde qui a peur de la mort,
qui fuit l’humiliation et la mort.
Notre époque déploie toutes sortes d’artifices
pour occulter la souffrance et la mort.
Et même, en provoquant la mort
sans que cela ait l’air d’une mise à mort,
quand survient le mal de vivre.

Mais cela ne résout rien.
En voulant ainsi supprimer
la souffrance et la mort,
de nouvelles souffrances
et de nouvelles morts apparaissent,
pires que les premières.

Il y a le mal de vivre,
le manque de sens à la vie,
avec toutes les maladies psychiques
et les crises de société que cela entraîne.
Il y a les avortements, les euthanasies,
les suicides, les attentats terroristes
ou les homicides commis
par des personnes déséquilibrées.

Et dans tant de pays du monde,
des guerres interminables,
des quantités de personnes déplacées,
de l’insécurité quotidienne,
de nouvelles épidémies,
des catastrophes écologiques.

Puis il y a la traite de personnes humaines par millions,
femmes et enfants surtout, exploités, abusés.
Et pourtant les efforts, les mesures
pour essayer de résoudre ces problèmes
ne manquent pas.

La Passion de Jésus nous dit quelque chose
de radicalement nouveau
si nous savons l’écouté :
pour vivre, pour vivre pleinement,
nous n’avons pas besoin de fuir
la souffrance et la mort.

Il ne s’agit pas non plus
de les rechercher ni de s’y complaire.
Et cela, Jésus ne l’a pas fait.
Le but de Jésus n’a pas été de mourir sur la croix,
mais d’aimer jusqu’au bout,
jusque dans sa mise à mort.

Quel esclavage que de vivre
dans la peur de la souffrance et de la mort !
Cela nous amène à renier nos valeurs :
cela nous amène à voler,
à mentir, à frauder, à tromper,
à être violent et finalement à tuer.

Quelle liberté que de vivre,
que d’aimer sans avoir peur
de souffrir, ni de mourir.

Quelle liberté que de ne pas être obsédés
par nos prétendus droits
au bien-être, à la tranquillité.
Si Jésus a jugé bon de ne pas revendiquer
son droit d’être traité à l’Égal de Dieu,
allons-nous sans cesse revendiquer en nous-mêmes
nos droits de vivre sur cette terre comme des dieux ?

La lutte pour la justice
et le respect des personnes nous libère.
La revendication que tout nous est dû nous aliène.

Regardons tous les personnages du récit de la Passion.
Qui donc est le plus libre entre tous ?
Est-ce que ce sont les disciples
qui voulaient donner leur vie pour Jésus
et qui se sont enfuis au moment de son arrestation ?

Est-ce que ce sont les grands prêtres
qui ont fait condamner Jésus
dans un simulacre de procès,
au mépris de la loi de Moïse
qu’ils étaient censés représenter ?

Est-ce Pilate qui voulait relâcher Jésus
en voyant son innocence,
et qui finalement l’a fait condamner
sous la pression des grands prêtres ?

N’est-ce pas Jésus qui est le plus libre,
Lui qui S’offre volontairement
au Père et aux hommes, par amour ?

Jésus est libre
et Il nous montre le chemin de la véritable liberté,
en choisissant de vivre et d’aimer
jusque dans son humiliation extrême et sa mort.

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