FMJ MtlFÉRIE MAJEURE :
« Ô ORIENT, SPLENDEUR DE LA LUMIÈRE ÉTERNELLE » – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ct 2, 8-14 ; Ps 32 ; Lc 1, 39-45
21 décembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La Visitation

La visitation, c’est l’histoire d’une femme,
d’une chrétienne,
qui a cru à la Parole
et, parce qu’elle a cru, conçoit en elle une nouvelle vie.
Mais cette nouvelle vie,
elle ne peut pas la garder pour elle.
Elle se lève tout de suite
et part dans une ville (Lc 1,39).

Elle quitte ses itinéraires habituels
pour aller en ville.
Qui cherche-t-elle en ville ?
Elle va à la rencontre d’une autre femme
dont elle sait qu’elle aussi
a été touchée par la grâce de Dieu;
qu’elle porte une vie nouvelle.
Non pas dans la virginité, mais dans la stérilité.

Marie ne part pas en ville pour convaincre
qui que ce soit que Dieu agit.
Elle ne part pas en ville parce que Dieu n’y serait pas.
Elle part portée par la Vie qui l’habite
pour rencontrer une citadine elle aussi habitée par la vie.

Marie est obéissante à la dynamique de la grâce
que Dieu est en train de déployer
dans des humanités fragiles.

Il y a dans la démarche de Marie une vraie chasteté.
Quand la porte s’ouvre
et qu’elle se trouve en face d’Élisabeth,
Marie ne fait pas de grands discours :
elle salue Élisabeth.
Peut-être avec le salut bien connu à l’époque : « Chairé »
« Réjouis-toi ».
Puis elle laisse Élisabeth parler.
Elle laisse même Élisabeth crier, crier de joie.

Que se passe-t-il dans cette rencontre ?
« Comme la voix de ta salutation est parvenue à mes oreilles,
il a tressailli d’exaltation, l’enfant, dans mon ventre » (Lc 1,44)

Il a suffi que Marie salue Élisabeth
pour qu’Élisabeth soit remplie d’Esprit Saint
et que la vie nouvelle qu’elle porte tressaille d’allégresse.

Marie n’a rien imposé.
Rien forcé.
Rien calculé.
Elle s’est faite proche,
elle a salué Élisabeth
et la grâce est passée.

Puis est venu le moment où Élisabeth,
ayant perçu le mystère qui se déroule en Marie,
lui dit :
« Heureuse celle qui a cru… »
Ce n’est qu’à ce moment que Marie a livré son témoignage,
qu’elle a raconté ce que Dieu fait
dans son histoire,
et dans l’histoire de tous les humains.
*
Frères et sœurs,
voilà une rencontre très humaine,
et en même temps une rencontre
où la grâce, où la vie divine, se déploie
avec une fécondité extraordinaire,
portant dans les deux femmes un fruit de profonde joie.

Demain beaucoup parmi nous sortiront
pour aller en ville, sur la place du Métro,
à la rencontre de citoyens, de citoyennes.

Allons-y dans l’esprit de la Visitation !

Aimons la simplicité très humaine de la Visitation.
Nous renonçons à vouloir convaincre,
à vouloir gagner quoi que ce soit…
à manipuler, à contrôler…

Au contraire, nous ferons confiance
en la grâce de Dieu.

D’abord en la grâce présente déjà dans l’autre personne.
En tout homme, en toute femme,
Dieu est à l’œuvre, dans une histoire sacrée,
vis-à-vis de laquelle il nous faut enlever nos sandales
et être chastes, et même déjà émerveillés…

Confiant en la grâce agissant en nous aussi,
et qui nous dépasse,
qui nous surprend même…

Confiant dans le jeu de la grâce
qui se déploie entre nous et la personne rencontrée.
C’est la spécialité, le chef d’œuvre, de l’Esprit Saint
qui tisse l’Église dans des rencontres
qui nous font exalter de joie.

Et si la porte se ferme,
Elle se ferme…
Et nous ne la forcerons pas.
C’est par notre chasteté,
par notre respect,
que Dieu passera sans doute…

Mais n’oublions pas le début de cet Évangile.
La Visitation repose sur l’Annonciation.
Il n’y a rien de magique, rien d’automatique.
Nous ne partirons qu’après avoir reçu comme Marie
la Parole de Vie !

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