sanct - smSamedi, 4e Semaine de Carême
Mgr Jacques Berthelet, c.s.v.
Jr 11, 18-20 ; Ps 7 ; Jn 7, 40-53
12 mars 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Découvrir le vrai Visage du Christ

Mes frères, mes sœurs,
la lecture du livre du prophète Jérémie
nous donne une bonne idée de ce que seront les manœuvres
des chefs des prêtres et des pharisiens pour faire mourir Jésus :
« Seigneur, dit Jérémie, tu m’as fait voir leurs manœuvres.
Moi, j’étais comme un agneau docile qu’on amène à l’abattoir,
et je ne savais pas ce qu’ils préparaient contre moi » (Jr 11, 18-19).

Dans l’évangile de Jean, il y a bien sûr ceux qui disaient :
« C’est vraiment lui le grand prophète (…) c’est lui le messie ». (Jn 7,40-41)
Mais aussi, il y a la contrepartie :
« Est-ce que le Messie peut venir de Galilée ? » (Id.)

Les chefs des prêtres et les pharisiens,
qui avaient envoyé les gardes arrêter Jésus,
ne sont pas très heureux que les gardes
reviennent sans avoir arrêté Jésus.
Et ils les semoncent parce que, disent-ils, ils se sont laissés égarer (cf. Jn 7,47).
Ils essayent des les convaincre en leur disant que
parmi les chefs du peuple et les pharisiens,
il n’y en a aucun qui a cru en lui.
Et ils méprisent la foule « qui ne sait rien », qui est ignorante.
Il y avait quand même Nicodème, un pharisien,
qui demandait que Jésus soit entendu avant de Le condamner.
Mais lui aussi est ridiculisé.

Ils rentrent chacun chez soi, chacun sur sa position.
C’est la division dans le peuple.
L’histoire se continue.
Les martyrs sont la réactualisation
de la passion et de la mort de Jésus.
Les quatre dernières martyres sont quatre religieuses
Missionnaires de la Charité assassinées au Yémen.
Il y a les mêmes divisions : les croyants et les non croyants,
ceux pour qui Jésus n’est qu’un galiléen
et ceux pour qui Il est le Christ, le Fils du Dieu vivant ;
les membres des religions non chrétiennes et les chrétiens,
les catholiques et les autres chrétiens,
les membres des sectes et les sans Dieu.
C’est ce monde-là, ce monde-ci qui a besoin de miséricorde.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles
le pape François a décrété
le jubilé extraordinaire de la Miséricorde :
parce que le monde en a besoin, a-t-il dit.

Et comment ?
Sans doute pourrions-nous,
chacun, chacune de nous,
nous demander si nous sommes vraiment miséricordieux
comme le Père est miséricordieux
et si nous apportons ainsi au monde concret où nous sommes,
l’amour et la tendresse dont ce monde a besoin :
le monde de la famille, celui de notre milieu de travail,
celui de nos relations sociale.

C’est dans ce monde concret qui est le nôtre
que nous découvrons le vrai visage du Christ
et que nous pouvons Le rencontrer et en témoigner.
Qui est-Il ? Le pauvre galiléen, ou l’Envoyé pour nous ?

Il est un envoyé contrarié, persécuté, mis à mort,
mais vraiment un messie,
le Messie, oint par le Père et par l’Esprit.
Celui qui dans le désert où nous sommes
et parfois dans le jardin que nous traversons,
nous aide à parler d’amour, à vivre d’espérance,
à poser des gestes d’entraide, de bonne entente,
de vraie solidarité.
Et tout cela est miséricorde
et par là, le Nom de Dieu est sanctifié.

Puis, au jour le jour, accepter la croix, notre croix,
pour connaître la gloire ;
la croix glorieuse, la croix aimée,
la croix qui nous rassemble pour nous faire miséricorde
et pour nous faire entrevoir la gloire de Dieu et non la nôtre,
cette gloire qui est le bonheur qui nous est promis.

Nous rentrerons chacun chez nous, bien sûr,
mais non pas chacun sur nos positions,
mais sur la position de Jésus qui dans cette Eucharistie
S’offre au Père pour le salut du monde. AMEN