FMJ MtlANNIVERSAIRE DE LA DÉDICACE DU SANCTUAIRE
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 ; 1 P 1.3-9 ; Jn 20, 19-31
13 Mai 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Être espérance pour les autres

Beaucoup d’entre nous se souviennent
de la Consécration du Sanctuaire qui a eu lieu il y a 5 ans.
L’aménagement du chœur étant terminé,
ce magnifique ouvrage mené par f. Pierre-Benoît,
notre Archevêque était venu célébrer
la dédicace de cette belle église.

Avec les signes si beaux
que furent le scellement des reliques de saints sous l’autel ;
la consécration de l’autel par l’huile et le feu ;
la consécration de l’église par l’huile
sur chacune des croix de consécration,
aujourd’hui illuminées ;
l’aspersion, l’encensement et sommet de tout,
la célébration de l’Eucharistie.

Nous avons bien compris ce jour-là
que cette consécration était essentiellement
une consécration du peuple saint
que forme tous ceux et celles
qui viennent prier en cette église.
La Préface de la Dédicace le dit bien :
« Ici, tu construis pour ta gloire,
le temple vivant que nous sommes ».
Comme Jacob bouleversé par la vision de l’échelle sainte,
nous avons pu nous écrier :
« En vérité, le Seigneur est en ce lieu,
et je ne le savais pas.
Ce n’est rien de moins qu’une maison de Dieu
et la porte du Ciel » (Gn 28, 16-17).

La communion que nous formons
est bien la demeure de Dieu et la porte du Ciel.
Nos cœurs, unis dans la prière, unis dans l’adoration,
constituent la demeure préférée de Dieu,
un peu du Ciel déjà.
Les prémices de la Jérusalem nouvelle
comme l’Apocalypse nous l’a fait contempler.
Et il est vrai qu’ici, sur ces bancs et sur ce tapis,
le Seigneur a si souvent essuyé
les larmes de nos yeux (cf. Ap 21,4),
nous faisant goûter déjà un peu de la tendresse
qui purifiera pleinement nos cœurs au Ciel.

Sur ces bancs et sur ce tapis,
le Seigneur nous a aussi enseigné à prier.
Nous apprenons jour après jour à adorer
en esprit et en vérité (Jn 4,24),
c’est-à-dire à entrer dans cette adoration nouvelle
qui a commencé quand l’heure est venue (cf. Jn 4,23),
au moment où Jésus a connu sa mort
et en a triomphé dans sa Résurrection.

L’adoration véritable est celle que Jésus nous enseigne.
C’est adorer le Père par Lui, avec Lui et en Lui.
Non plus en nous agrippant à des pierres
ou à des animaux offerts en sacrifice,
mais en plongeant sans crainte au fond de notre cœur
qui est désormais le plus pur sanctuaire,
lavé et consacré par l’Eau et le Sang.
Nous adorons désormais « en esprit »
dans l’intériorité où Dieu Se révèle
et où nous découvrons
le seul vrai chemin de notre communion :
« En Esprit et en Vérité ».
Pour adorer, il faut la lumière de la Vérité,
celle de Jésus,
que l’Évangile nous enseigne jour après jour.

Tout cela, c’était le 13 mai 2012.
13 mai, jour choisi parce que depuis longtemps
cette date était un jour solennel dans ce sanctuaire,
une fête de Marie célébrée sous le vocable
de Notre-Dame du Très Saint-Sacrement.

Mais, nous n’ignorions pas que c’était d’abord l’anniversaire
de la première apparition de la Vierge
aux enfants de Fatima le 13 mai 1917,
il y a 100 ans aujourd’hui.
Il y a 100 ans que le Seigneur nous parle
à travers les apparitions de l’Ange de la Paix
avant le 13 mai 1917.
Les apparitions aux enfants
à la Cova de Iria du 13 mai au 17 octobre,
mais aussi toute l’expérience mystique de Jacinta
et surtout de Lucie devenue sœur Lucie.
Là aussi, c’est la « Vérité » qui se manifeste,
Vérité qui nous déconcerte.
Je voudrais retenir trois leçons de Fatima.

La première est un double décentrement de soi.
Le message de Fatima parle de « réparation »
et d’intercession « pour les pécheurs ».
Le mot de « réparation » nous sonne vieillot aujourd’hui.
Et pourtant, il y a là un trésor.
Si Dieu est un Être suprême qu’il faut se concilier
pour avoir des grâces et aller au Paradis,
la « réparation » n’a aucun sens.
Si en revanche Dieu est Amour ;
si Dieu déverse incessamment son Amour dans le Christ
et tout particulièrement dans l’Eucharistie et par Marie,
alors les offenses, les sacrilèges,
le mépris de l’Eucharistie et du Cœur de Marie,
ne peuvent pas nous laisser indifférents.
Les amis de Dieu ont à cœur
de réparer par l’amour et par la prière toutes les offenses ;
par amour, parce que les amis de Dieu
Se laissent constamment décentrer d’eux-mêmes.
Et ce décentrement se joue aussi
dans l’intercession pour les pécheurs.
Nous ne pouvons pas rester inertes et passifs
quand des hommes et des femmes
prennent le chemin de la damnation éternelle.

Le Pape François l’a redit ce matin,
rappelant que « la Vierge nous a annoncé et averti
quant au risque de l’Enfer auquel conduit une vie sans Dieu
et une vie qui profane Dieu dans ses créatures ».
Et il a ajouté que souvent cette vie sans Dieu
est « proposée ou imposée » par d’autres,
par la culture, par le monde.
D’où cet appel à nous décentrer de nous-mêmes
pour prier pour les âmes
qui ont « le plus besoin de la miséricorde » divine.

La deuxième leçon de Fatima est celle du rôle historique
– on pourrait même dire politique – de Marie,
plus exactement du Cœur immaculé de Marie.
Comme jamais auparavant, Fatima a dévoilé
combien Dieu prend soin de notre monde par Marie.
C’est la consécration du monde
et particulièrement de la Russie
au Cœur immaculé de Marie
qui limite les conséquences des flots de l’athéisme,
ceux-là qui détruisent la personne humaine
et multiplient les guerres.

L’histoire est d’abord un grand combat spirituel
dont l’unique issue est la Croix de Jésus,
le Mystère pascal de Jésus.
Et c’est Marie qui en est la médiatrice.
Fatima, disait ce matin le Pape,
est surtout ce manteau de lumière
qui nous recouvre quand nous nous réfugions
sous la protection de la Vierge Mère pour Lui demander,
comme l’enseigne le Salve Regina : montre-nous Jésus !

Face à la guerre qui ravage tant de peuples actuellement,
y compris la guerre électronique
qui fait la une de l’actualité aujourd’hui,
le véritable recours est le Cœur immaculé de Marie.
C’est là le sens de la Consécration du Canada
à la Bienheureuse Vierge Marie
qui se fera le 1er juillet prochain.
Et cela me mène à la troisième leçon de Fatima
qui est une leçon d’espérance.

Aucune situation ici-bas, aucun conflit,
y compris la 3e guerre mondiale dont parle le Pape,
n’est sans issue, sans espérance.
Si la Vierge a montré aux enfants l’horreur de l’Enfer,
ce n’est pas pour nous faire peur,
c’est pour nous réveiller,
pour que nous retrouvions le chemin de l’espérance.
« Je ne pouvais pas ne pas venir (à Fatima)
pour vénérer la Vierge Mère,
et pour Lui confier ses fils et ses filles.
Sous son manteau, ils ne se perdent pas ».
En Jésus et avec Marie, par Marie, nous sommes riches
d’une immense espérance pour notre monde.

Et je voudrais terminer
avec un l’appel magnifique lancé par le Pape ce matin.
Pourquoi Dieu nous a-t-Il créés et appelés, nous les chrétiens ?
« Il nous a créés comme une espérance pour les autres,
une espérance réelle et réalisable selon l’état de vie de chacun.
En demandant et en exigeant de chacun de nous
l’accomplissement de notre devoir d’état,
le Ciel met en œuvre une véritable mobilisation générale
contre l’indifférence qui gèle nos cœurs et aggrave notre myopie.
Nous ne voulons pas être une espérance qui avorte.
La vie peut survivre seulement
grâce à la générosité d’une autre vie ».

Dieu t’a créé, Dieu m’a créé pour être une espérance pour d’autres.
Alors plongeons dans le Cœur de Marie,
plongeons dans le mystère de l’Eucharistie pour devenir espérance.

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