FMJ MtlTroisième dimanche de carême – B
Frère Jakub
Ex 20, 1-17;  Ps 18 (19) ; 1 Co 1, 22-25; Jn 2, 13-25
4 mars 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

As-tu abandonné ta cruche?

L’homélie a été faite avec les textes de l’année A

 

Chers frères et sœurs,
« J’ai tellement l’impression que plus les années avancent,
plus les gens ont de la difficulté à être entièrement comblés,
écrit une jeune femme,
à cause de l’abondance de tout ce qui est à notre portée,
on ne se contente plus de ce qu’on a.
On veut toujours plus et c’est à nous rendre fou ».

Une Samaritaine insatisfaite se rendait chaque jour
à un ancien puits pour y puiser de l’eau, e
t ce jour-là, elle y trouve Jésus, assis,
« fatigué par la marche ».
Et dans la rencontre avec la Samaritaine au puits,
apparait le thème de la « soif » du Christ.
Tout cela commence par l’expérience réelle et sensible de la soif.
Le thème de la soif traverse tout l’Évangile de Jean :
de la rencontre avec la Samaritaine,
à la grande prophétie au cours de la fête des Tentes,
crie de Jésus : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi,
et qu’il boive, celui qui croit en moi!
Jusqu’à la Croix, lorsque Jésus, avant de mourir,
dit pour accomplir l’Écriture : « J’ai soif ».

La soif du Christ est une porte d’accès au mystère de Dieu,
qui a choisi de connaitre la soif pour nous désaltérer.
Oui, chers frères et sœurs,
Dieu a soif de notre foi et de notre amour
qui éveille en l’autre son désir profond.
Et Jésus est « le Maitre du désir » comme disait Françoise Dolto.

La femme de Samarie représente en revanche
l’insatisfaction existentielle de celui qui n’a pas trouvé ce qu’il cherche :
elle a eu « cinq maris » et maintenant elle vit avec un autre homme.
Mais tout change cependant pour elle ce jour-là,
grâce à sa conversation avec le Seigneur Jésus,
qui la bouleverse au point de la conduire à laisser sa cruche d’eau.
Et saint Augustin nous explique :
Il ne faut point passer légèrement sur cette circonstance
que la Samaritaine abandonne sa cruche.
Cette cruche signifie la convoitise avec laquelle l’homme
puise dans les profondeurs ténébreuses du cœur,
comme d’un puits obscur,
c’est-à-dire de la vie de la terre et des sens.

Mais dès lors qu’elle croit en Jésus-Christ,
elle doit renoncer au monde,
et en laissant sa cruche,
montrer qu’elle renonce à la convoitise du monde.
Mais Jésus « avait la soif de la foi de cette femme »,
comme de la foi de nous tous.

Cher King,
Jésus a soif de ta foi et nous aussi par ailleurs.
Dieu le Père a envoyé Jésus pour assouvir notre soif de vie éternelle,
en nous donnant son amour.
Mais pour nous faire ce don, Jésus demande notre foi.

La toute puissance de l’Amour respecte toujours la liberté de l’homme;
elle frappe à son cœur et attend patiemment sa réponse.

Dans la rencontre avec la Samaritaine,
le symbole de l’eau fait clairement allusion au sacrement du baptême,
source d’une vie nouvelle pour la foi.
« Qui boira de l’eau que je lui donnerai – dit Jésus –
n’aura plus jamais soif.
L’eau que je lui donnerai deviendra en lui
source d’eau jaillissant en vie éternelle ».

Cette eau représente l’Esprit Saint,
le « don » par excellence
que Jésus est venu apporter de la part de Dieu le Père.
Qui renaît de l’eau et de l’Esprit Saint,
c’est-à-dire dans le Baptême,
entre dans une relation réelle avec Dieu,
une relation filiale, et peut l’adorer « en esprit et en vérité »,
comme le révèle Jésus à la Samaritaine.

Grâce à la rencontre avec Jésus Christ et au don de l’Esprit Saint,
la foi de l’homme atteint son accomplissement,
comme réponse à la plénitude de la révélation de Dieu.

Chacun de nous peut s’identifier à la Samaritaine :
Jésus nous attend, spécialement en ce temps de carême,
pour parler à mon cœur.
Écoutons sa voix qui nous dit : « Si tu savais le don de Dieu… ».

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