FMJ MtlJEUDI SAINT – CÉLÉBRATION DE LA CÈNE DU SEIGNEUR
Frère Thomas
Ex 12, 1-14 ; Ps 115 ; 1 Co 11, 23-26 ; Jn 13, 1-15
13 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Vivre notre Pâque

« Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue
pour lui de passer de ce monde à son Père. »
La Pâque était la fête du passage du peuple d’Israël de l’esclavage à la liberté.
Jésus va greffer sur cette fête son passage d’un esclavage librement consenti à la gloire du Père. Il va en faire pour nous la fête de notre passage de l’esclavage
de nos péchés à la liberté des enfants de Dieu.

La première lecture, du livre de l’Exode,
nous décrit le rituel de l’agneau pascal.
Ce rituel est associé à la sortie
du peuple d’Israël de l’esclavage d’Égypte.
Plus précisément il est associé à la dixième plaie d’Égypte,
la mort des premiers-nés.
Dieu dit à Moïse :
« Le sang (de l’agneau) sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez.
Je verrai le sang, et je passerai,
vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. »
Le Seigneur passera par dessus les maisons des Israélites.
Le Seigneur dit par ailleurs :
« Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. »
Tout parle ici de passage – c’est le sens du mot « Pâque » –.
Le Seigneur passe par-dessus les maisons,
et le peuple passe de l’esclavage à la liberté,
après avoir mangé l’agneau pascal,
la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main.
« Ce jour-là sera pour vous un mémorial.
Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage.
C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »

Voilà donc ce que Jésus
avec ses disciples sont venus fêter en montant à Jérusalem,
avec tout le peuple d’Israël et les païens craignant Dieu.

Mais voilà qu’au cœur de cette fête de la Pâque de son peuple,
Jésus va vivre sa Pâque à lui.
Dans l’Évangile selon saint Jean,
Jésus vit trois fêtes de Pâque au cours de sa vie publique.
Au cours de la première Pâque,
Jésus chasse les marchands du Temple.
Il justifie son geste en disant :
« Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. »
Il parlait du sanctuaire de son peuple.
Ainsi déjà la Pâque de Jésus se profile à l’horizon.
À l’approche de la deuxième Pâque,
Jésus opère la multiplication des pains pour cinq milles hommes.
Puis il prononce le discours sur le pain de vie où il affirme :
« Qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle,
et je le ressusciterai au dernier jour. »
Déjà Jésus livre son corps comme un esclave.
Beaucoup ne comprendront pas ces paroles de Jésus quand il les prononcera.
Les disciples les comprendront un peu mieux
quand Jésus dira, au cours du repas pascal :
« Ceci est mon corps, livré pour vous ».
« Ceci est mon sang, versé pour vous. »
Au cours du repas qui commémore la sortie de la maison d’esclavage,
Jésus se livre à ses disciples comme un esclave.
« Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave. »
Et Jésus, au cours du repas de sa troisième Pâque,
aime les siens qui sont dans le monde jusqu’au bout.
Il leur lave les pieds avec un bassin en s’oignant d’un linge.
C’est là le geste d’un esclave.
Jésus célèbre la Pâque de son peuple jusqu’au bout.
Puisque c’est la fête de la libération du peuple d’Israël de l’esclavage,
Jésus se fait esclave et s’abandonne à son Père qui le délivre de l’esclavage.
En montant sur la croix, Jésus embrasse le supplice réservé aux esclaves.
Mais le Père le délivre de l’esclavage de la mort.
Le Père le glorifie.
La Pâque du peuple d’Israël devient la Pâque de Jésus.

Mais si Jésus a voulu faire entrer sa Pâque
dans la Pâque du peuple d’Israël,
c’est afin d’y faire entrer la Pâque de nous tous.
Jésus veut nous libérer.
Lorsque Jésus avait affirmé :
« La vérité vous libérera »
aux juifs qui avaient cru en lui, ils lui avaient répliqué :
« Nous sommes de la descendance d’Abraham
et jamais nous n’avons été esclaves de personne. »
Et Jésus avait alors répondu :
« Quiconque commet le péché est esclave. »
Voilà donc notre esclavage,
voilà notre malheur, c’est notre péché.
Jésus se fait esclave en raison de l’esclavage de toute l’humanité.
Lui qui est sans péché, il se fait esclave avec ceux qui ont péché.
Il lave les pieds de ses disciples,
il meurt pendu au gibet de la croix,
il livre son corps et son sang.
Jésus lave les pieds de ses disciples.
Pierre proteste.
Jésus en fait une condition pour que les disciples aient une part avec lui.
En effet si Jésus lave les pieds à ses disciples,
les disciples doivent se laver les pieds les uns aux autres.

Notre pâque consiste alors à aller laver les pieds de nos frères et sœurs,
à mourir à nous-mêmes avec le Christ,
pour ressusciter avec lui.

Voilà donc cette triple Pâque :
la Pâque du peuple d’Israël, de l’esclavage à la liberté.
La Pâque de Jésus, qui s’est fait esclave et qui est ressuscité,
pour nous appeler à vivre notre Pâque,
de l’esclavage du péché, à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

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