FMJ MtlMercredi, 1ère Semaine de l’Avent – C
Paul-André Cournoyer, ptre
Is 25, 6-10a ; Ps 22 ; Mt 15, 29-37
2 décembre 2009
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus eut pitié de la foule

Il a pitié de chacune et de chacun de nous présentement.

L’antienne du psaume 22, nous prépare à la table de la Parole. « Près de toi, Seigneur, sans fin nous vivrons ». Déjà le prophète Isaïe voit dans le Seigneur de l’univers, non seulement de notre petit coin de terre, mais de tout l’univers la venue du Messie. Il est attendu. Ce Messie qui viendra nous délivrer, nous sauver, de toutes nos limites. Il enlèvera le voile de deuil…Il détruira la mort pour toujours…Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages… (Is 25,7-8) Il nous l’a promis. Lorsque Dieu promet quelque chose, nous pouvons être certains que cela arrivera. Dieu est fidèle à sa Parole. Dieu tient parole, sa lumière se lève. Et un jour, l’on vous dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés (Is 25,9) ». Nous aurons et nous avons présentement toutes les raisons du monde de rendre grâce à Dieu, d’exulter de joie, de se réjouir du salut qui nous est offert gratuitement.

Ce qui est vraiment beau et merveilleux c’est cette parole d’Isaïe qui dit : « Car la main du Seigneur reposera sur cette montagne (Is 25, 10) ». L’évangile de ce jour nous fait passer d’un monde païen pour aller gagner les bords du lac et gravir la montagne. Je vous invite à gravir cette montagne dans votre cœur, pour rencontrer Celui que nous suivons dans la foi et l’amour. Ce lieu de la rencontre privilégiée d’un Dieu qui se révèle à nous, ce lieu symbolisant la proximité de Dieu, ce lieu où il se passe toujours quelque chose d’important.
Toute l’humanité est à la recherche de ce Sauveur consciemment ou inconsciemment. Nous arrivons à chacune de nos Eucharisties, de nos messes, avec nos limites, nos infirmités, nos deuils, nos larmes, ce qui nous fait souffrir et nous les déposons aux pieds de Jésus qui est là pour nous. Il nous regarde dans les yeux avec amour et nous demande ce que nous cherchons (bien qu’il sache déjà, ce que nous désirons). « Guéris-moi et permets qu’aucun péché ne me sépare de toi aujourd’hui ». Il ne nous interroge pas sur notre passé, ne nous condamne pas pour nos péchés.

C’est l’image de la grande miséricorde qui vient au devant de nous, des enfants d’Israël. Il donne simplement à chacune et chacun de nous ce dont nous avons besoin maintenant. De son pardon qui nous délivre, qui nous rend libre par la suite de lui rendre grâce. Jésus plein de compassion a eu pitié de cette foule, comme il a pitié de nous présentement à ses pieds sur cette montagne.

Voyant tout ce que Jésus a fait, toutes ces guérisons, la foule rendit gloire au Dieu d’Israël, « Gloire à Dieu », ils entonnèrent. Dieu habite à nouveau le cœur des siens. « Il a guéri tous les malades et a donc distribué un premier don de Dieu. Il a entendu la louange jaillie de tous ces cœurs reconnaissants. » La paix est là au milieu d’eux comme de nous et l’atmosphère est à la joie et la fête, ayant au centre le vrai Berger.

Jésus voyant lui aussi cette foule et nous qui sommes restés là avec Lui, prends l’initiative de partager avec nous le repas de l’Eucharistie. Il demande à ses disciples : « Combien de pains avez-vous ? (Mt 15,34) », ils répondirent sept (chiffre parfait). « Les offrandes apportez-les moi ». Il fit assoir la foule, il rendit grâce, les rompit et il les donnait à ses disciples (Mt 15,36). Les disciples participent très activement et intimement à l’action de grâce et au partage du pain. Nous pouvons voir que le Seigneur ne sépare pas le cœur du corps. Il nourrit autant le cœur que le corps. Il est vraiment un Dieu qui prend soin de son peuple, de chacune et chacun de nous. Il se donne vraiment et réellement à nous tout entier. Il ne connaît pas la misère, le besoin, il ne connaît que l’abondance. Tous mangèrent à leur faim ; et, des morceaux qui restaient, on ramassa sept corbeilles pleines (Mt 15,37).

Nous pouvons parfois nous demander à quoi servent nos tabernacles ? Nous pouvons voir un rapprochement avec les morceaux qui restaient dans les corbeilles pleines. L’abondance du cœur de Dieu, l’infini bonté de Dieu, de sa compassion envers chacune et chacun de nous toujours présent dans l’Eucharistie et nos tabernacle ou dans l’ostensoir pour nourrir autant notre âme, notre cœur que notre corps. « Dieu voit parfaitement les besoins matériels, corporels, de l’homme ; Il en ressent une douleur plus profonde que celle que nous pouvons ressentir devant la misère d’autrui. Il veut que tous les hommes soient rassasiés, qu’ils soient en bonne santé. » Il veut nous préparer tout entier corps, cœur, âme, esprit au festin du Ciel, à la Rédemption.

Jésus connaît les aspirations de notre cœur, il sait que les nourritures matérielles ont leurs limites. « Le cœur de l’homme ne trouve pas le repos jusqu’à ce qu’il l’ait trouvé en Dieu (St-Augustin). Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien (Ps 22,1). Comment ne puis-je avoir confiance que ce Seigneur subviendra toujours à mes vrais besoins, lui qui s’est abaissé au point de prendre la forme de pain pour que je puisse m’en nourrir et en être rassasié ? Et pourtant Seigneur tu sais mieux que moi que souvent je mets ma confiance dans les choses éphémères de ce monde.

Viens Seigneur dans cette Eucharistie rassurer nos cœurs en nous faisant comprendre que tu pourvois toujours celui ou celle qui mets toute sa confiance en toi. Osons prendre ce Pain de Vie que le Seigneur nous offre gratuitement. Soyons comme cette foule dans l’admiration en voyant les signes de sa présence au milieu de nous. Rendons grâce à Dieu : Tous mangèrent à leur faim (Mt. 15,37). N’ayons aucune inquiétude, il y a de quoi nourrir tout le monde ici présent au pied de Jésus comme sur la montagne. Nous ramasserons les morceaux car il y en a encore d’autres qui ont faim. Réjouissons-nous : il nous a sauvés ! Que la main du Seigneur repose sur cette montagne et sur chacun de nous. Qu’il en soit ainsi.

© FMJ – Tous droits réservés.

1 Trilling Wolfgang., L’évangile selon Matthieu, Desclée, Parole et prière, vol. 2, Paris, 1971, p.163.
2 id. p.165.