FMJ MtlBAPTÊME DU SEIGNEUR – B
Frère Thomas
Is 55, 1-11 ; Is 12 ; 1 Jn 5, 1-9 ; Mc 1, 7-11
11 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus doux et humble de cœur se fait baptiser par Jean

Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,
et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain.
Qu’est-ce qui a donc poussé Jésus,
qui vivait une vie bien tranquille de charpentier à Nazareth,
à aller Se faire baptiser par Jean dans le Jourdain ?

Était-ce la curiosité ?
Mais ceux et celles qui venaient se faire baptiser par Jean
venaient de la Judée ou de la région du Jourdain.
Jésus, Lui, était en Galilée.
Alors, Il devait avoir une motivation toute spéciale
pour aller auprès de Jean.

Jean proclamait le Messie qui devait venir
mais le Messie, c’était Lui, Jésus !
Quel sens cela prenait-il alors
que Celui que le baptême de Jean annonçait,
aille Lui-même se faire baptiser par Jean ?

Voilà donc une bien étonnante entrée de Jésus
dans sa vie publique :
Jésus, le Fils de Dieu fait homme,
fait la file avec les pécheurs,
avec des publicains et des prostituées
pour recevoir un baptême de conversion
pour le pardon des péchés ! (Mc 1,5)

Pourquoi Jésus n’a-t-il pas commencé
par le Temple de Jérusalem,
écoutant et interrogeant les docteurs de la Loi
– les maîtres religieux en Israël –
comme il l’avait déjà fait à l’âge de douze ans ?

Nous pourrions aussi nous demander pourquoi Jean-Baptiste
– qui était de lignée sacerdotale –
n’est pas resté à Jérusalem auprès du Temple
et qu’il soit allé vivre au désert de Judée ?

Ainsi, tout comme Jésus a voulu dépendre
d’une femme et d’un homme, Marie et Joseph,
habitant dans une ville insignifiante – Nazareth –
pour y naître et y grandir ;
Jésus a aussi voulu dépendre d’un homme, Jean Baptiste,
vivant dans le désert,
accueillant des foules de pécheurs,
pour entrer dans la vie publique.

Quel message nous donne ainsi Jésus !
« Mes pensées ne sont pas vos pensées
– déclarait le Seigneur par son prophète Isaïe –
mes chemins ne sont pas vos chemins » (Is 55,8).

*

En ce jour où des centaines de milliers de personnes
manifestent en France, et dans bien des villes dans le monde
– et aussi dans notre ville de Montréal –
craignant pour la liberté d’expression
suite aux récents attentats sanglants de Paris,
Dieu prend la liberté de s’exprimer
dans la fête du Baptême du Christ,
d’une manière que nous n’aurions pas attendue !

Jésus ne s’affaire pas à chasser
les Romains de son pays par la violence.
Il ne va pas rassembler autour de Lui un groupe de lutte armée.
Il le pourrait, puisqu’Il est le Messie, le Roi des Juifs,
le descendant du roi David.
Mais non !
Il réprimande même vivement Jacques et Jean
qui Lui demandent s’ils peuvent faire descendre le feu du ciel
sur un village qui ne les accueille pas.

Il proclame heureux les doux,
car ils possèderont la terre (Mt 5,5).
Et il demande à Pierre de rengainer son épée
lorsqu’il veut le défendre,
au moment de son arrestation au Gethsémani.
C’est plutôt Lui, Jésus, qui verra se déchaîner sur Lui
une violence inouïe de la part d’hommes
qui laisseront libre cours à leur hostilité
et à leur haine contre lui au moment de sa Passion.

N’est-ce pas déjà cela que Jésus nous dit, nous exprime,
en allant Se faire baptiser par Jean ?
Il ne vient pas avec la force d’un dominateur, d’un chef puissant.
Il a comme uniques témoins – nous dit Saint Jean –
l’Esprit Saint, l’eau et le sang (cf. 1 Jn 5,6)
(son sang à Lui pas le sang des autres qu’Il aurait versé !)

Voilà comment Dieu s’exprime à nous en Jésus Christ…
Lui laissons-nous la liberté d’expression ?
Le laissons-nous parler à nos cœurs ?

Il vient faire la file avec nous au confessionnal de Jean Baptiste,
alors qu’Il n’a pas de péché !

Il a ainsi quelque chose de bien significatif à nous dire !
Il a une Parole d’Amour et de Vie à nous dire.
Du ciel, une Voix se fait entendre :
« C’est Toi mon Fils bien aimé ;
en Toi J’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11).
Cette voix s’adresse à chacune, à chacun d’entre nous.
La laissons-nous entrer en nous ?
La pluie et la neige qui descendent des cieux,
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et fait germer (…),
ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat (Is 55, 10-11).

Mais il appartient à moi, à chacune, chacun d’entre nous,
de laisser cette Parole d’amour pénétrer en moi, en nous !

Jésus ne s’affaire pas non plus à dénigrer,
à ridiculiser ou humilier ceux qui s’opposent à Lui.
Il critique souvent les pharisiens ou les docteurs de la Loi.
Il le fait toujours de façon constructive et il leur parle en face.
Jamais Il ne va les railler par derrière,
ni se moquer de ce qui fait leurs valeurs.
La moquerie dit en quelque sort à l’autre :
« Tu n’as pas le droit d’exister ».
Jésus dira : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugé ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ;
remettez et il vous sera remis » (Lc 6,37).

N’est-ce pas cela que Jésus nous exprime avec force
lorsqu’aujourd’hui Il vient recevoir le baptême de Jean ?

La raillerie, la moquerie, ont cela de fâcheux,
qu’elles véhiculent beaucoup d’hostilité
et même qu’elles sont multiplicatrices d’hostilité,
spécialement lorsqu’elles touchent
ce qui constitue les valeurs des personnes.
Et l’hostilité appelle l’hostilité
et ses conséquences sont incontrôlables !
Les membres de l’équipe de rédaction
de la revue Charlie-Hebdo viennent d’en faire
l’amère et douloureuse expérience !

Ils ont utilisé leur liberté d’expression pour se moquer
et leurs agresseurs ont pris la liberté de s’exprimer
en les assassinant sauvagement.
Puis ces derniers ont finalement trouvé la mort à leur tour,
en restant enfermés dans leur hostilité.

Oh ! Combien notre monde a aujourd’hui plus que jamais,
besoin de recevoir et de vivre de la Bonne Nouvelle
de Jésus Christ, doux et humble de cœur,
pour que ceux et celles qui sont allergiques à toute autorité,
humaine ou divine, et moi le premier,
se découvrent aimés.

Pour que ceux et celles qui veulent en finir
avec toute rébellion, contre les hommes ou contre Dieu,
découvrent la puissance de la douceur et de la patience.

Si chacun, chacune d’entre nous, prenons aujourd’hui la décision
de conformer nos vies présentes à Jésus,
qui en son Baptême nous manifeste,
nous exprime la force et la douceur de l’amour du Père,
alors quelque chose changera en nous et autour de nous.

Alors quelque chose changera dans notre monde.

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