FMJ MtlVendredi, 2e Semaine de l’Avent – C
Frère Antoine-Emmanuel
Is 48, 17-19 ; Ps 1 ; Mt 11, 16-19
14 décembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jean-Baptiste était-il un survolté ?

« Jean-Baptiste ne mange pas, ne boit pas » dit-on… (Mt 11,18).
De fait, la vie de Jean est une vie d’ascèse.
« Il avait un vêtement de poil de chameau
et une ceinture de cuir autour des reins ;
il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage » (Mt 3,4).
Et ses disciples jeûnent souvent (Lc 5,33).

Quant à la prédication de Jean, elle est exigeante
et même dramatique :
La hache est prête à attaquer la racine des arbres ;
tout arbre qui ne produit pas de bon fruit
va être coupé et jeté au feu (Lc 3,9).
Il traite les foules d’engeance de vipères
qui tente d’échapper à la colère qui vient. (v. 7)

Or comment ses contemporains ont-ils accueilli Jean ?
Des foules sont venues et ont demandé le baptême
stimulées par les appels vigoureux de Jean à la conversion.

Mais ce n’est pas tout Israël qui a dit oui à la conversion.
Si des publicains et des prostituées
se sont engagés à changer de vie,
les hommes les plus religieux sont restés sourds
refusant de reconnaître en Jean un envoyé de Dieu.

Ils ressemblent à des enfants
à qui l’on chante un chant funèbre
et qui s’en moquent complètement.
Il y a en eux une insensibilité énorme,
celle-là même dont parlaient les prophètes en disant :
« tu es endurci,
ta nuque est un tendon de fer
et ton front est de bronze » (Is 48,4).

Et comment ces contemporains de Jésus
justifient-ils leur insensibilité ?
Ils disent de Jean qu’il a un démon.
En d’autres termes, Jean est un excessif,
un survolté, un fanatique.

*

Frères et sœurs, Jean était-il un excessif ?
« Le baptême de Jean,
venait-il du ciel ou des hommes ? » (Lc 20,4)
C’est la question que les grands prêtres,
les scribes et les anciens esquivèrent.
Parce que s’ils avaient répondu
que le baptême de Jean venait de Dieu
on leur aurait demandé :
alors, pourquoi n’avez-vous pas cru en lui ?

De même si nous répondons :
Non, Jean n’était pas un fanatique…
le Seigneur nous demandera :
Alors, pourquoi ne l’écoutez-vous pas ?
Pourquoi votre inertie en ce temps de l’Avent ?
Jean nous appelle à ajuster notre vie quotidienne
à la volonté de Dieu.
Pourquoi remettre toujours cela à plus tard ?

Nous avons entendu tout à l’heure le gémissement de Dieu.
« Ah, si tu avais été attentif à mes ordres,
ta paix serait comme un fleuve,
et ta justice comme les flots de la mer » (Is 48,18).

C’est bien clair :
si nous sommes attentifs à la Parole de Dieu,
notre paix sera comme un fleuve.
Et ce n’est pas au Canada que cela a été écrit ;
un fleuve en Israël, c’est un rêve !
L’Euphrate coule à Babylone, mais pas à Jérusalem !
La paix comme un fleuve,
c’est une paix d’une profondeur jusque là inconnue.
Et c’est le fruit de l’obéissance à la Parole,
de la fidélité à la Sagesse de Dieu.
Il y a une paix que l’on ne goûte
qu’au-delà du combat de la fidélité.

La Sagesse qui anime la vie de Jésus
et qui anime la vie de Jean
est, nous dit Jésus, justifiée par ses œuvres ;
c’est-à-dire qu’elle est authentifiée par ce qu’elle produit.
Et ce qu’elle produit c’est la paix.

Si nous sommes à la remorque de la sagesse du monde,
notre cœur sera un champ de bataille.
Si nous sommes disciples de la sagesse de Dieu,
la vraie paix, une nouvelle et jusque là inconnue nous habitera.

Si Jean nous appelle à la conversion,
ce n’est pas pour nous mener dans le chaos,
c’est pour nous mener à la vraie paix.
Pour que nous ne rations pas le rendez-vous de Noël.

Frères et sœurs, Jean était-il un excessif ? Un fanatique ?

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