sanct - smSamedi, 1ère Semaine de Carême – B
Mgr Jacques Berthelet, c.s.v.
Dt 26, 16-19 ; Ps 118 ; Mt 5, 43-48
28 février 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Je ne viens pas changer la Loi mais l’accomplir.

Mes frères, mes sœurs,

Le passage du livre du Deutéronome que nous avons entendu est la conclusion de quatorze chapitres (12 à 26) qui contiennent les Lois et les coutumes que le peuple d’Israël devait suivre. Voici la conclusion : Le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de mettre en pratique ces lois et ces coutumes : tu les observeras et les mettra en pratique de tout ton cœur et de tout ton être (Dt 26,16).

À travers ces lois et coutumes, Dieu Se révèle et Il révèle son peuple à Lui-même : Aujourd’hui tu as obtenu du Seigneur cette déclaration : qu’Il sera ton Dieu … (v. 17) Aujourd’hui le Seigneur a obtenu de toi cette déclaration : que tu seras son peuple particulier, comme Il te l’a promis… (v.18)

Mais avec le temps et les interprétations que l’on fera de ces lois et coutumes, on réduira le sens de la loi, on en oubliera souvent l’essentiel. Jésus vient donc rappeler le vrai sens de la loi. Dans ce chapitre 5 de l’évangile de Matthieu, Il vient montrer comment s’accomplit la Loi. Il est venu pour accomplir et non détruire la Loi.

Dans le passage d’aujourd’hui il nous montre comment, en faisant des antithèses : il vous a été dit, Moi, Je vous dis. Et en le faisant, Il fait des raccourcis littéraires. Par exemple : vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. En fait, ça n’a pas été dit littéralement comme ça. On ne trouvera pas cela dans l’Ancien Testament. Nous savons bien, nous qui chantons les psaumes tous les jours que ces psaumes appellent souvent la malédiction sur l’ennemi ou sur l’adversaire. L’amour du prochain, il est favorisé entre les membres du peuple ; on doit accueillir l’étranger. Ce que Jésus veut faire comprendre et c’est ainsi qu’Il permet un accomplissement de la Loi, c’est qu’il faut aimer les ennemis, parce que Dieu les aime et que nous ne pouvons être vraiment fils et filles de Dieu que si nous aussi, comme Dieu, nous aimons nos ennemis ou les ennemis de Dieu. Nous sommes appelés à aimer nos ennemis, les ennemis du catholicisme, du christianisme, pour être vraiment les fils de notre Père qui est aux Cieux. Nous devons même prier pour eux. L’application pour aujourd’hui est assez facile à faire.

On le voit, la Loi et son interprétation par Jésus nous révèlent qui est Dieu. Dieu est Père, un Père qui aime tout le monde également, bons et méchants. Il veut le salut de tous. Jésus nous invite aujourd’hui à avoir le même amour, à prier pour eux. Avec Jésus, il est terminé le temps où l’on demande à Dieu de faire descendre le feu du ciel sur l’ennemi. C’est le temps où nous sommes appelés à être parfaits, saints, comme notre Père céleste est parfait. Soyez parfait par la grâce, comme votre Pères céleste est parfait par nature. Voilà comment on est fils de Dieu. Voilà comment l’Église peut apparaître comme Peuple DE Dieu. Voilà qui est Dieu : un Père tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. Voilà aussi la conversion à laquelle nous sommes invités durant ce Carême.

L’Église, notre Église, ne pourrait jamais être le Peuple de Dieu, si elle déclarait la guerre aux ennemis du christianisme. Et toute déclaration de guerre contre ces ennemis ne peut être chrétienne, ne peut être dans l’esprit de la loi chrétienne expliquée par le Christ. C’est bien nos cœurs qu’il faut changer, comme le dit un des chants proposés pour le Carême : changez vos cœur, croyez à la bonne nouvelle ; changez de vie, croyez que Dieu vous aime. AMEN.