sanct - smSamedi, 5e Semaine de Carême – B
Mgr Jacques Berthelet, c.s.v.
Éz 37, 21-28 ; Ct Jr 31 ; Jn 11, 45-57
28 mars 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Il est venu pour rassembler ses enfants dispersés

Mes frères, mes sœurs,

Il y a quelque chose de choquant dans le déroulement des événements que relate saint Jean dans son Évangile : Jésus vient tout juste de redonner la vie à Lazare, ce qui constitue un des nombreux signes que Jésus donne en faveur de la vie et de la vie en abondance. Or voilà que les scribes, les pharisiens et les chefs des prêtres, voyant cela, vont chercher à faire mourir Jésus. « À partir de ce jour là, écrit l’évangéliste Jean, le grand conseil fut décidé à le faire mourir ».

On décide de faire mourir celui qui redonne la vie, guérit les malades, multiplie les pains et le vin. Et pourquoi? Parce que si on le laisse faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains vont détruire le temple et la nation. C’est dans le même sens que Caïphe dira : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas. On décide donc de sacrifier Jésus pour sauver la nation, le peuple, la religion juive. Mais en fait le temple sera détruit : il n’y plus ni temple, ni arche d’alliance, ni prophètes et le peuple est dispersé, aujourd’hui encore.

Saint Jean dira quand même que Caïphe fut prophète en disant que Jésus allait mourir pour la nation, mais il ajoute : et pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dan l’unité les enfants de Dieu dispersés.

Cette idée, ce projet de rassembler dans l’unité, on le trouve chez les prophètes, en particulier chez Ézéchiel dont nous avons lu un passage aujourd’hui : « J’irai prendre les fils d’Israël parmi les nations où ils sont allés. Je vais les rassembler de partout et les ramener sur leur terre (…) Je tes rétablirai, je les multiplierai; je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. »

C’est en Jésus d’abord qu’il fait voir se réaliser la prophétie d’Ézéchiel et celle qui est attribuée par Jean à Caïphe. Jésus meurt pour toute l’humanité, pour sauver toute l’humanité de tous les temps. Il ouvre la voie au nouveau peuple de Dieu qu’est l’Église et c’est par elle qu’il rassemble dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

Mais là encore, aujourd’hui, il y a de nouveaux scribes, pharisiens et chef des prêtres qui empêchent la réalisation de ce rassemblement dans l’unité.

Il y a toujours un combat qui est engagé entre les forces du mal et le projet de Jésus; il y a toujours une volonté chez l’homme d’hier et d’aujourd’hui de bâtir la cité, la nation, sans Dieu. Le péché individuel et collectif est toujours là pour retarder la venue du règne de Dieu. Voilà pourquoi nous avons à nous demander si et comment nous sommes complices de ces forces du mal qui contribuent à mettre Jésus à mort.

Tout le carême nous a invités à fixer nos yeux sur Jésus et à entrer dans un combat spirituel. Et cette semaine, nous sommes invités à fixer notre regard sur Jésus en croix pour mener notre combat spirituel.

Nous te rendons grâce, Seigneur Jésus, d’accepter de mourir pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Nous te prions pour que ton règne d’unité et de paix s’établisse en nous et dans tout l’univers. AMEN