SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR CHRÉTIEN
(Vendredi après Noël – B)
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 6,8-10 ; 7,54-60 ; Ps 30 ; Mt 10, 17-22
26 décembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La Gloire de Dieu qui se trouve dans l’abaissement de la Nativité

« Étienne, rempli de l’Esprit Saint
regardait vers le ciel :
il vit la gloire de Dieu
et Jésus debout à la droite de Dieu » (Ac 7,55).

La liturgie, avec le martyre d’Étienne,
nous renvoie dès ce lendemain de Noël au Mystère pascal,
à Jésus glorieux dans le Ciel,
glorieux en son martyre,
glorieux en sa mort d’amour.

Est-ce un rapprochement tout artificiel,
ou bien est-ce que le Mystère pascal serait déjà présent
dans le Mystère de Noël ?

Revenons à l’Évangile de Noël.
Comment Jésus y apparaît-Il ?
Comme un nouveau-né,
c’est-à-dire avec la vie toute fraîche,
débordante d’espérance d’un tout-petit.
C’est une entrée dans la vie !
Un nouveau-né, c’est une petite explosion de vie
dans notre nature humaine vieillissante.
Tout est fragilité, mais tout est espérance.
Et ici, c’est une entrée pleine de joie pour le monde entier.

Que nous dit Saint Luc de ce nouveau-né ?
Une seule chose : Marie l’enveloppe de langes.
Il est donc comme immobilisé.
Il est comme lié.
Il ne s’est pas enveloppé : on l’a enveloppé
et il ne peut plus se mouvoir.

Luc nous dit aussi que Marie le dépose dans une mangeoire.
Il faut ici nous rappeler que l’habitat de Bethléem
était en bonne partie fait de grottes.
Le Protévangile de Jacques,
Saint Justin, mort en 165
et Origène, mort en 259,
nous disent que la naissance de Jésus
a eu lieu dans une grotte.
Cela nous est confirmé par le fait
qu’au IIe siècle, les romains,
voulant détruire toute trace du christianisme,
transformèrent une grotte de Bethléem
en lieu de culte à Tammuz-Adonis.

La mangeoire dont il s’agit
est donc une mangeoire située dans une grotte
qui devait sans doute être une infractuosité,
naturelle ou non, dans la pierre.

Jésus est donc lié et déposé dans une sorte de … tombeau.

Saint Luc ne raconte pas cela au hasard, bien sûr.
Au chapitre 23 de son Évangile,
il racontera que le corps de Jésus a été emmené dans un drap
et déposé dans une sépulture taillée en plein roc.

La nativité a donc quelque chose à nous dire
sur l’ensevelissement de Jésus.
Quand tu vois Jésus lié et déposé dans le rocher,
souviens-toi de sa nativité :
Tu Le vois lié et enseveli, mais en réalité
Il est en train d’entrer dans la Vie.
Il ne peut plus se mouvoir en cette vie,
mais Il entre dans le débordement
de vie et d’amour de la résurrection.

Tu Le vois lié… Il est en train de naître !

Et toi, lorsque tu souffres à cause de Jésus,
que tu es lié et sous les pierres comme Étienne,
souviens-toi de Jésus et regarde Sa gloire !

Mais regardons encore un autre détail.
Luc nous dit que Jésus est déposé dans une mangeoire.
Une mangeoire destinée à des animaux,
comme une famille pauvre pouvait avoir une vache
ou quelques moutons dans la pièce la plus pauvre du logis.
Jésus n’est pas déposé dans un reliquaire tellement beau
que les plus pauvres, les plus pécheurs
auraient peur de s’en approcher.
Non ! Jésus est déposé dans une mangeoire
de telle sorte que ceux qui se sentent très pauvres,
pleins de honte, pleins de découragement, pleins de peurs,
puissent s’en approcher.

S’en approcher et manger.
L’Enfant est déposé par Marie pour être mangé.
Sa vie est une nourriture pour tous les humains
qui ont le cœur assez pauvres
pour aller recueillir cette nourriture
qui a bien pauvre apparence.

N’est-ce pas cela qu’Étienne a perçu, a vécu ?
Étienne, élevé à l’école du grand Gamaliel,
a perçu que dans l’abaissement de la croix,
se trouvait la Gloire de Dieu
et la vraie Vie, le Pain de la vraie Vie.
Et c’est parce qu’il a communié à ce don de Jésus
qu’il peut se donner lui-même,
s’offrir, se livrer, se perdre, par amour.

Et nous aussi, frères et sœurs,
avec toute notre indignité et, qui sait, notre honte,
nous pouvons nous approcher et recevoir Jésus.
Jésus qui Se donne, lié et déposé dans le roc.
Jésus qui naît à la Vie éternelle.
Jésus qui nous fait naître à la Vie éternelle.

La naissance de Jésus à Bethléem
annonce déjà sa naissance avec son humanité
dans le sein éternel du Père
et elle ouvre notre propre naissance à la Vie éternelle ;
la naissance d’Étienne,
la naissance de tous les martyres
comme ceux des derniers jours,
et notre propre naissance.

Quand, à cause de l’amour tu es lié,
sache que tu es en train de naître et réjouis-toi !

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