FMJ MtlFÉRIE MAJEURE : « Ô RAMEAU DE LA TIGE DE JESSÉ » – C
(Mercredi, 3e Semaine de l’Avent – C)
Frère Antoine-Emmanuel
Jg 13, 2-7.25-25 ; Ps 70 ; Lc 1, 5-25
19 décembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Une foi sans défaut et l’obéissance du cœur

L’Oraison de ce jour nous parle
du « Signe merveilleux de la Vierge qui enfante »
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Au plan physiologique, voici une jeune femme
dont le sein est fécondé non par une semence masculine
mais par une opération mystérieuse du Créateur.

Est-ce un prodige pour épater ? Non !
Pour discréditer la nature ? Non !
Pour discréditer l’union sexuelle des époux ? Non !

Ce n’est pas un prodige… c’est une œuvre d’amour
parce que c’est Dieu qui Se donne,
qui entame une longue immersion dans notre nature.

Et c’est l’inauguration d’une nouvelle humanité.
Une humanité qui ne vient pas de Dieu
par la seule création
mais qui est divine par l’œuvre de l’Esprit.

C’est un « signe merveilleux »
parce que la transmission ininterrompue
de la blessure du péché est rompue.
Un Être nouveau est apparu.
Il est en gestation dans le sein d’une Femme
et Il vient de Dieu… Il est Dieu.

Dieu vient sauver son peuple
non de l’extérieur comme un gros paquebot
qui vient secourir un radeau pris par les flots,
mais de l’intérieur comme un hôte
qui frappe à l’intérieur du cœur des humains.

Voilà la splendeur de la gloire de Dieu,
la beauté de la manifestation divine,
beauté d’un amour si discret et si puissant.
L’oraison affirme donc :
« Par le signe merveilleux
de la vierge qui enfante,
Tu as fait connaître au monde
la splendeur de ta gloire ».

*

Elle poursuit : « Aide nous à célébrer
le mystère de l’Incarnation ».
Ce que nous allons vivre ces prochains jours,
c’est de « célébrer un mystère ».
Ce n’est pas « étudier » un mystère,
« décrypter » un mystère,
« élucider » un mystère,
mais « célébrer » un mystère,
c’est-à-dire nous en approcher
pour nous laisser transformer.

C’est comme lorsque l’on s’approche d’un feu :
on est réchauffé, on est éclairé,
et les flammes se reflètent sur notre visage.

Cette approche du mystère,
c’est l’Église qui nous l’enseigne
à travers la liturgie.

La liturgie va nous fournir un itinéraire fait
de paroles, de silence, de gestes, d’attente,
de chants, et surtout de sacrements
qui nous conduisent très certainement
dans ce feu qui brûle sans nous consumer.

Nous allons faire confiance à la liturgie.
Nous savons qu’elle est tissée par une sagesse
qui provient de vingt siècles de prière chrétienne
et 17 ou 18 siècles de prière juive.

Mais il y a aussi notre part à nous,
et l’oraison de ce jour nous fait demander
deux dons merveilleux :
« Aide-nous à célébrer le mystère de l’Incarnation
avec une foi sans défaut
et dans l’obéissance du cœur ».

L’Évangile de ce jour nous montre
la pertinence de ces dons.
Il suffit de regarder Zacharie.
Nous le voyons en pleine célébration liturgique
dans le temple de Jérusalem
et jamais Jérusalem n’avait vu depuis 1000 ans
un temple aussi grand, fastueux, beau, riche…
et l’on peut imaginer la solennité des liturgies
qu’on y célébrait.

Or Zacharie en grande tenue de célébrant
est un homme qui ne parvient pas à croire
aux paroles que Dieu lui révèle durant la liturgie,
au point que le Seigneur le met en retrait,
lui impose le silence.

Voilà pourquoi l’oraison nous fait demander
une foi sans défaut et l’obéissance du cœur.
C’est comme si nous disions au Seigneur :
plonge-nous dans le mystère.
Nous voulons nous engager dans la célébration de Noël.

Aide-nous à engager notre intelligence,
c’est-à-dire à ne pas nous limiter
à ce que nous acceptons
et à ce que nous comprenons.
Au contraire, nous voulons recevoir le dépôt de la foi
et que ce soit ce contenu de la foi
qui éclaire notre intelligence.

Aide-nous à engager notre mémoire,
c’est-à-dire à recueillir tout ce que la liturgie
nous enseignera et à nous en souvenir ;
à aimer, à goûter, à savourer cette révélation
laissant les différents morceaux de la mosaïque
prendre peu à peu leur place en nous
– pour aimer Celui qui vient en nous –
et nous laisser aimer de Lui.

Et aide-nous à engager notre volonté
par l’obéissance du cœur.
Car Il s’agira de mettre en pratique
l’Évangile de Noël.
Cela ne s’invente pas à l’avance :
c’est l’Esprit Saint qui, en nous,
mettra le Feu à tel verset,
à telle scène, à tel personnage,
à tel geste liturgique
et nous obéirons,
nous ferons des choix,
nous convertirons notre vie au mystère de Noël
par le chemin unique
que le Seigneur désire pour nous.

Voilà ce que nous demandons aujourd’hui au Seigneur :
une foi sans défaut et l’obéissance du cœur.

Par le signe merveilleux de la Vierge qui enfante,
Tu as fait connaître au monde Seigneur,
la splendeur de ta gloire.
Aide-nous à célébrer le mystère de l’Incarnation
avec une foi sans défaut
et dans l’obéissance du cœur
par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen.

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