FMJ MtlSAMEDI, OCTAVE DE PÂQUES – B
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 4, 13-21 ; Ps 117 ; Mc 16, 9-15
11 avril 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Fleurs de miséricorde

Avez-vous déjà vu cela :
une petite fleur qui pousse on ne sait comment
sur un sol d’asphalte ou en plein désert ?

C’est à cela que ressemble la foi en la Résurrection…

Que de résistance à la foi en nous,
et que d’obstruction à la foi autour de nous…
De l’asphalte dans le cœur et de l’asphalte dans le monde.

Regardez : Marie Madeleine vient auprès des apôtres
et témoigne de ce que Jésus, vivant, lui est apparu.
Et eux ne la croient pas…
Ils préfèrent leur « deuil » et leurs « pleurs »
à la bonne nouvelle que Madeleine leur apporte.

Plus tard, deux disciples qui ont quitté la communauté
parce qu’ils n’espéraient plus rien,
reviennent en courant à Jérusalem
et annoncent aux apôtres
qu’ils ont marché avec Jésus,
qu’Il est vivant,
et qu’ils l’ont reconnu à la fraction du pain.
Eux non plus, on ne les croit pas.
Le cœur résiste à croire à la joie de l’Évangile.

Alors Jésus Lui-même Se manifeste aux onze
et Il leur reproche leur incrédulité
et leur dureté de cœur (Mc 16,14).

Que de résistance en nous
à nous ouvrir à la merveille de la Résurrection.
Nous sommes tellement immergés dans une culture
où pèse le poids du péché et de la mort,
que la victoire de la Vie,
la victoire de l’amour semblent nécessairement une fable.

Regardez la réaction des autorités religieuses.
Ils voient bien que les apôtres ne sont pas des érudits
et que pourtant ils ont un discours
d’une lumière et d’une beauté
qui émerveillent les foules.
Ils voient bien qu’ils ont été les instruments
d’une guérison extraordinaire
dont tout le monde parle à Jérusalem.

Mais c’est plus fort qu’eux-mêmes :
il leur faut interdire aux apôtres
de prononcer le Nom de Jésus
et d’enseigner le Nom de Jésus.
Ils ne veulent pas de la Vie.
Ils ne veulent pas de ce fleuve de miséricorde
qui jaillit de la mort de Jésus.
Ils ne veulent pas de ce tsunami de joie
qui s’offre à tous ceux qui croient.

Que de résistance, frères et sœurs, en nous
et dans la culture que nous, les humains, nous tissons.
Une culture de l’asphalte spirituel.

Et pourtant, et pourtant,
la joie de la Résurrection finit par se faufiler
au milieu de notre incroyance,
par se frayer un chemin au milieu de nos doutes,
et elle éclot en nos cœurs
comme une fleur printanière avec tout son parfum de joie.

Et cela fait 2000 ans que cela dure !
2000 ans que la joie de la Résurrection
se trouve des cœurs
qui se laissent déranger par la visite impromptue du Ressuscité.
2000 ans que la miséricorde divine se trouve des cœurs et des vies
qui baissent la garde
et qui se laissent inonder d’Amour.

Aujourd’hui, nous prions pour une de ces âmes-là,
sœur Bernadette.
Une femme de Dieu, si simple, si humble
que personne ne pouvait se sentir mal à l’aise auprès d’elle.

Une sœur de la Miséricorde,
toute donnée à son labeur, à sa mission.
À 87 ans, elle travaillait encore 4 jours par semaine
à la « Petite Maison de la Miséricorde »,
malgré sa santé fragile.

C’est qu’elle portait en elle une source.
Elle avait découvert la vie de l’Esprit Saint,
la joie de l’Esprit Saint.
« Les jeunes gens se fatiguent et se lassent,
mais ceux qui espèrent dans le Seigneur
renouvellent leurs forces » dit l’Écriture (cf. Is 40,31).

Bernadette aimait la miséricorde.
Elle en vivait.
Le jeudi avant les Rameaux,
elle a confié à soeur Rachelle
sa joie parce que le lendemain,
il y avait ici, la liturgie pénitentielle.
Vendredi, c’était le 27 mars,
elle est tombée devant la Petite Maison,
alors qu’elle rendait service à une maman.
Et dans l’ambulance, elle répétait
« aujourd’hui, je vais travailler à la « Petite Maison ».

Et elle est partie travailler à la Petite Maison,
y travailler autrement.
Travailler dans le mystère de la Communion des Saints.
Travailler à ce que la miséricorde continue
à éclore sur cette terre,
à éclore dans les cœurs.

Le Seigneur accueille sa petite fleur printanière :
« Femme d’émerveillement ! Tout était beau !
Femme pieuse, femme de prière,
elle aimait les grandes fêtes liturgiques solennelles
et les liturgies pénitentielles.

Que c’est beau la confession,
la Miséricorde de Dieu disait-elle !
Lire la Parole de Dieu à l’Eucharistie
était un honneur pour elle
et elle n’hésitait pas à le faire.

Très fidèle aux rencontres charismatiques,
rien ne pouvait l’en empêcher.
Elle en revenait ressourcée et reposée.
Au moment des repas, elle faisait part
de la Parole de Dieu qui l’avait touchée.

Soeur Bernadette, femme rassembleuse,
femme de réconciliation.
On dit qu’elle avait une vocation de prêtre.

Sa passion, transmettre la Parole de Dieu,
faire connaître Jésus, son Amour, sa Miséricorde.
Si les gens savaient comment Dieu les aime,
ils seraient plus heureux », disait-elle…

N’est-ce pas ce qu’elle nous dit aujourd’hui ?

Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour Bernadette.
Rends-la éternellement heureuse auprès de Toi
et fais qu’à sa prière, nous tous, nous laissions
ta miséricorde sourdre comme une source de Vie
au profond de nos cœurs.

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