FMJ MtlVendredi, 2e Semaine de Carême – B
Frère Thomas
Gn 37, 3…28 ; Ps 104 ; Mt 21, 33-46
6 mars 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

En Jésus, traverser les ténèbres de nos morts

Joseph est une figure, dans l’Ancien Testament,
du juste persécuté ou éprouvé,
mais que finalement Dieu a comblé de bénédictions.
Il y a beaucoup de figures de ce type
dans l’Ancien Testament.
Pensons à Moïse, qui doit s’exiler
durant 40 ans au pays de Madian
et qui finalement est choisi par Dieu
pour faire sortir son peuple d’Égypte.

Pensons à David, traqué à mort par Saül
et qui finalement devient le roi d’Israël.

Pensons à Tobit-père, ou à Job,
injustement éprouvés par la misère ou la maladie
et que le Seigneur comble finalement.

Pensons au prophète Jérémie jeté dans une citerne
parce qu’il prophétise
la prise de Jérusalem par les Babyloniens
et qui est finalement sauvé de la mort.
Ils sont tous à la fin sauvés de la mort et de la déchéance.
C’est bien là le signe qu’ils étaient des hommes de Dieu.

Mais Jésus Lui, n’est pas sauvé de la mort.
De plus, Il meurt d’une mort infâme.
Alors… Jésus est-Il un prophète ?
Est-Il un homme de Dieu ?
Est-Il le Fils de Dieu ?

C’est bien cela que demanderont les notables d’Israël
quand Jésus sera sur la croix :
« Il a compté sur Dieu ;
que Dieu Le délivre maintenant,
s’Il s’intéresse à Lui  » (Mt 27,43) !
Or Dieu ne L’a pas délivré de la mort.
C’est comme les serviteurs envoyés
les uns après les autres par le maître de la vigne,
dans la parabole racontée aujourd’hui par Jésus,
et qui finalement envoie son fils.
Ils sont tous, les uns après les autres, humiliés ou tués.
Et le fils lui aussi est tué.
Est-ce donc un échec ?

Jésus pose alors la question
aux chefs des prêtres et aux pharisiens,
à qui Il vient d’adresser la parabole :
« Quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
Et ils Lui répondent :
« Il les fera périr misérablement.
Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons,
qui en remettront le produit en temps voulu » (Mt 21, 40-41).
Jésus procède souvent ainsi.
Il pose une question à ses interlocuteurs,
puis Il les éclaire à partir de la réponse qu’ils Lui donnent.

Ainsi, si le fils du maître de la vigne
est tué par les vignerons, ce n’est pas la fin.
Seulement, la vigne est alors confiée à d’autres vignerons.
Donc si Jésus est mis à mort,
cela ne signifie pas qu’Il n’est pas Fils de Dieu.
C’est là, notamment, la difficulté
qu’éprouvent les musulmans (et les Juifs aussi)
devant la croix de Jésus.
C’est là la difficulté que toute personne
– même chrétienne –
peut éprouver devant la croix de Jésus.
S’Il est mis à mort,
Dieu s’intéresse-t-Il encore à Lui ?

Jésus répond par un verset de psaume
(c’est le psaume 117) :
« La pierre rejetée par les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle » (v. 42).

La pierre d’angle, c’est-à-dire
la pièce essentielle dans la construction.

C’est cela qui s’est passé pour Joseph.
Il a été rejeté par ses frères
et finalement, c’est grâce à lui
que ses frères avec leur père Jacob et leurs épouses,
ont pu être sauvés de la famine.

C’est cela qui s’est passé pour Moïse, pour David,
pour Tobit, pour Job, pour Jérémie.
C’est cela qui s’est passé pour Jésus aussi !

Jésus est bien ce Fils du Maître de la vigne
mis à mort par les vignerons,
dont parle la parabole.
Il a été mis à mort et Il a pleinement vécu sa mort.
Jésus a décidé de vivre sa mort
par amour pour toute l’humanité.
Il n’a pas subit sa mort passivement.
Aussi Dieu L’a comblé,
Il l’a ressuscité d’entre les morts
car en fait Jésus est resté vivant au cœur de sa mort.

Joseph a vécu la même chose
lorsqu’il a été vendu comme esclave en Égypte,
même si physiquement il n’est pas mort.
Joseph a vécu sa captivité
en restant fidèle au Dieu d’Israël,
en prenant des décisions de vie :
par exemple en refusant de céder
aux avances de la femme de son maître Potiphar
et aussi en s’offrant
pour interpréter les songes de l’échanson,
du panetier, puis de pharaon lui-même.

Joseph, puis Jésus, ont été victimes de la jalousie.
Et Joseph, comme Jésus,
ont décidé de vivre, selon leurs valeurs,
dans la fidélité à Dieu, même au plus noir des ténèbres
où la jalousie de leurs semblables a voulu les enfermer.
C’est pourquoi ils ont pu sortir de ces ténèbres
et même quand ces ténèbres sont la mort.

Ainsi en Jésus, nous pouvons sortir de toutes les ténèbres
dans lesquelles les circonstances de notre vie
peuvent nous plonger.
Nous pouvons décider de continuer à vivre
et Dieu pourra nous combler de sa Vie.

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