FMJ MtlLITURGIE PÉNITENTIELLE
FÉRIE MAJEURE : « Ô Adonaï, Berger de la maison d’Israël »
Frère Antoine-Emmanuel
Ct 8, 5-7
18 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Qui est celle-ci qui monte du désert ?

« Qui est donc celle-ci qui monte du désert
appuyée sur son Bien-aimé ? » (Ct 8,5)

Regardez l’Épouse qui quitte enfin le désert
parce que l’Époux est descendu au plus intime de ses aridités intérieures
pour la libérer, pour la réduire,
pour l’attirer à Lui…

Regardez cette épouse qui a longtemps erré
dans la solitude, la peur, la honte
et qui dans son désert se découvre aimée,
choisie, préférée ?

Qui donc est cette épouse heureuse ?
C’est l’humanité rachetée par Celui qui vient, par Jésus.
C’est ton âme, mon âme…

L’Épouse c’est notre âme, notre vie
qui aujourd’hui quitte ses déserts :
parce que l’Époux vient la revêtir de miséricorde.

Et que dit l’épouse ?
Que dit ton âme et la mienne ?
Jésus, Toi qui vient,
pose-moi comme un sceau sur ton Cœur (Ct 8,6).
Le sceau était suspendu autour du cou par un cordon.
Pose-moi sur ton Cœur Jésus,
c’est-à-dire garde-moi attaché à ton Cœur.
Je sais ma fragilité, mes errances, mes infidélités, mes fugues.
Attache-moi à Toi par des liens d’amour.

Mieux, parce que ton Cœur est ouvert,
laisse-moi entrer dans ton Cœur,
fais-moi demeurer dans ta Miséricorde.
Là, l’amour est fort comme la mort (Ct 8,6).
La mort est forte :
elle emporte toute la personne, n’est-ce pas ?
Ainsi en est-il de l’Amour du Christ.
Il l’emporte entièrement dans le don de Lui-même.
Il Se donne sans limite.
Il Se perd sans limite
pour nous chercher et nous relever.

L’Amour du Christ est fort comme la mort,
plus fort que la mort.
L’Amour du Christ ton Époux traverse la mort,
Il traverse le péché,
Il traverse ton péché.

Ses flammes sont des flammes de feu,
une fournaise divine… (Ct 8,6).
La TOB traduit un « coup de foudre sacré ».
Voilà la puissance de la Miséricorde !
Un coup de foudre sacré…

Le Père Marie Eugène de l’Enfant-Jésus
a cette phrase audacieuse :
« Entraîné, poussé par Son amour,
Dieu va faire un geste de folie.
Il va Se laisser attirer par le péché, par la déficience.
Dieu et la créature étaient restés séparés,
et voici qu’ils s’unissent dans l’Incarnation (…).
L’Incarnation c’est la preuve de l’Amour de Dieu.
Voilà la folie déconcertante de la miséricorde :
Dieu a ce goût singulier de descendre dans la misère ».

Folie d’Amour… Feu d’Amour… coup de foudre sacré,
pour toi, pour moi,
pécheurs que nous sommes.
Oui, les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour
ni les fleuves l’emporter (Ct 8,7).
Rien ne pourra faire tarir la source de la Miséricorde.
Elle coule à flots.

Et pour qu’elle nous rejoigne bien concrètement,
et surtout bien personnellement,
le Seigneur a inventé un rendez-vous de la Miséricorde,
un moyen simple, mais engageant
pour que nous Le laissions nous faire miséricorde en profondeur,
le Sacrement du pardon.

Ce sacrement, nous dit le Pape François
dans la « bulle » du Jubilé,
« donne à toucher de nos mains
la grandeur de la Miséricorde » (MV, n° 17).
Et il ajoute quelques lignes qui sont un trésor
pour nous les prêtres et pour tous les pénitents
que nous sommes tous.

Que sont les prêtres ?
« Qu’ils soient ‘un véritable signe de la miséricorde du Père’,
dit le Pape François.
La confession n’est ni un interrogatoire,
ni une salle de torture…
les prêtres sont des ‘serviteurs fidèles du pardon de Dieu’».

« On ne s’improvise pas confesseur.
On le devient en se faisant d’abord pénitent
en quête de pardon ».
C’est tellement vrai.
C’est en me confessant régulièrement
que j’ai appris le sens de ce sacrement
qui est pour moi à chaque fois une libération,
un petit exorcisme…

Et que fait le prêtre ?
Qu’est-ce qu’il fera pour vous ce soir ?

« Chaque confesseur doit accueillir les fidèles
comme le père de la parabole du fils prodigue :
un père qui court à la rencontre du fils
bien qu’il ait dissipé tous ses biens.
Les confesseurs sont appelés à serrer sur eux
ce fils repentant qui revient à la maison,
et à exprimer la joie de l’avoir retrouvé.
Ils ne se lasseront pas non plus d’aller
vers l’autre fils resté dehors et incapable de se réjouir,
pour lui faire comprendre que son jugement
est sévère et injuste, et n’a pas de sens
face à la miséricorde du Père qui n’a pas de limite.
Ils ne poseront pas de questions impertinentes,
mais comme le père de la parabole,
ils interrompront le discours
préparé par le fils prodigue,
parce qu’ils sauront accueillir dans le cœur du pénitent
l’appel à l’aide et la demande de pardon.
En résumé, les confesseurs sont appelés,
toujours, partout et en toutes situations,
à être le signe du primat de la miséricorde. »
(MV, n° 17)

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