FMJ MtlSixième dimanche de Pâques – B
Frère Jakub
Ac 10, 25-48; Ps 97 (98)1 Jn 4, 7-10; Jn 15, 9-17
06 mai 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Confiance et communion de volonté

Chers frères et sœurs,
« Je ne vous appelle plus serviteurs…
mais je vous appelle mes amis ».
Cet admirable passage de saint Jean est un hymne à l’amour.
Les mots « aimer », « amour », « ami », se répètent 11 fois.
Et nous avons parfois le sentiment de n’être que des serviteurs inutiles.
Et malgré cela le Seigneur nous appelle amis,
fait de nous ses amis, nous donne son amitié.

Alors il est comme un ami et l’ami,
c’est comme un phare marin,
il nous aide toujours à trouver le bon chemin.
Le Seigneur définit l’amitié d’une double façon.
Il n’y a pas de secrets entre amis :
le Christ nous dit tout ce qu’il entend du Père;
il nous donne pleinement sa confiance.
Mais la confiance entre amis se construit petit à petit,
comme on ajoute les pierres d’une maison que l’on bâtit.

Avec la confiance, Jésus nous donne également la connaissance.
Il nous révèle son visage, son cœur.
Il nous montre sa tendresse pour nous,
son amour passionné qui va jusqu’à la folie de la croix.
Il nous fait confiance comme Dieu son Père.

Dieu pose un acte d’incomparable confiance en nous créant libres.
Il confie chacun à lui-même – sa vie et son devenir –
et il lui confie même les autres, ses semblables.
Il lui soumet aussi l’univers et tout ce qu’il renferme,
l’établissant sur les œuvres de ses mains.

Au plus haut point, il lui donne son Fils unique,
qui se livre entre ses mains.
Ce choix de Dieu est source d’émerveillement et de joie,
de louange et d’action de grâce.
Il nous remplit d’une lumière dans laquelle notre humanité
et notre monde nous apparaissent transfigurés.

Malgré tout le mal qu’elle peut commettre,
l’humanité est en effet capable de choses belles
et dignes de la confiance que Dieu lui fait toujours.
Dire cela, ce n’est pas s’installer dans un optimisme naïf,
mais c’est entrer activement dans l’espérance
en rejoignant le cœur aimant et confiant de Dieu.
Même si de nombreux événements nous conduisent à désespérer
quelque peu de notre monde,
nous avons des raisons de croire
à l’éclosion de ce dont il est porteur de grand et de beau…

L’amitié avec le Christ enfin coïncide avec ce qu’exprime
la troisième demande de Notre Père :
« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Dans cette communion des volontés se réalise notre rédemption :
être amis de Jésus, devenir amis de Dieu.
Plus nous aimons Jésus, plus nous le connaissons,
plus grandit notre liberté véritable,
plus grandit la joie d’être rachetés.

« Nul n’a plus grand amour que celui-ci :
donner sa vie pour ses amis ».
Ainsi, voilà à quoi ressemble le mystère de l’amour et de l’amitié
– on donne sa vie pour ses amis.
Nous trouvons là un amour profondément passionné,
dans les relations de Jésus avec les disciples,
avec les publicains, les malades et les lépreux,
et même avec les pharisiens.

Cette passion est consommée dans la passion menant au Golgotha.
N’est-ce pas aussi passionné que n’importe quelle histoire d’amour?
Mais saint Thomas d’Aquin nous a enseigné
qu’au cœur de la vie du Dieu
qui est amour se trouve l’amitié,
l’ineffable amitié du Père et du Fils,
qui est l’Esprit.

Pour nous, vivre, devenir vivants,
c’est trouver notre demeure dans cette amitié
qui est en Dieu et en être transformés.
Elle se répandra sur tout ce que nous faisons
et tout ce que nous sommes.

Frères et sœurs,
Demeurons dans cet amour.
Considérons comme une faveur intense
D’être les amis du Christ,
Appelés à lui ressembler dans l’amour,
Jusqu’à nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés.

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