VIGILES PASCALES – C
Frère Thomas
Gn 1,1 – 2,2 ; Gn 22, 1-18 ; Ex 14,15 – 15,1 ;
Is 54, 5-14 ; Is 55, 1-11 ; Éz 36, 16…28 ;
Ro 6, 3b-11 ; Ps 117 ; Lc 24, 1-12
30 mars 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24,5).
Les femmes pourraient répondre aux anges :
Pouvions-savoir qu’Il n’est plus dans le tombeau ?
Nous l’avions vu enseveli avant le sabbat
et nous sommes venues ce matin
pour prodiguer les soins funéraires qui Lui sont dus.

Pourtant Jésus avait par trois fois annoncé
sa mort sur la croix et sa résurrection.
Les anges le leur rappellent aussi.
L’auraient-elles oublié ?
L’idée ne leur est simplement pas venue à l’esprit.
Il faut une grâce spéciale du Seigneur pour les faire passer
d’une logique de mort à une logique de vie.

Ainsi, la résurrection du Christ
n’est pas un événement insolite miraculeux parmi d’autres.
Elle est l’aboutissement de l’attente de l’humanité
assoiffée de vie véritable.
Elle est le point de départ de l’humanité nouvelle
vivant désormais de la vie de Dieu :
les sacrements de l’Église, et spécialement le Baptême,
en sont le signe éloquent.

Les Lectures que nous avons entendues durant ces Vigiles pascales
témoignent de l’Œuvre de Dieu dans l’Histoire du peuple d’Israël.
Elles témoignent aussi de l’attente de toute l’humanité
d’une vie véritable, délivrée du péché et de la mort.
Ainsi dans le premier récit de la Création,
tout ce que fait Dieu est bon, est très bon même.
Mais nous savons combien cela reste encore fragile.

Si l’homme, qui a été fait juste moindre qu’un dieu,
n’en fait qu’à sa tête… bien des malheurs surviennent.
Tout est fait, mais tout reste encore à faire.
Si la Création est confiée à l’homme, quelle merveille !
Si l’homme se prend pour Dieu dans la gestion de la Création
dont il n’est pas l’auteur, quel désastre !

Lorsque Dieu demande à Abraham de Lui offrir son fils,
il pense d’abord à le Lui offrir en sacrifice,
comme le faisaient les païens.
Si le croyant offre le meilleur de lui-même à Dieu,
faudrait-il donc qu’il offre une effusion de sang pour cela ?
Si Dieu nous a créés par amour,
s’Il attend de nous une libre réponse à son amour…
ce n’est certainement pas au prix du massacre
de ceux et celles que nous aimons.

Dieu demande à Moïse et au peuple d’Israël
d’avoir foi en Lui lorsque l’armée de pharaon
les poursuivait au désert.
Dieu les sauve à travers les eaux de la mer Rouge.

Mais l’homme attend un salut universel :
quand ceux qui étaient opprimés sont délivrés
par la mort de ceux qui les opprimaient, justice est faite.
Mais le cœur de l’homme n’est pas pleinement satisfait
– encore moins le Cœur de Dieu !
Nous sommes comme la ville de Jérusalem,
malheureuse, battue par les vents, inconsolée.
Et le Seigneur nous dit et nous redit
qu’Il va poser nos fondations sur des saphirs,
que son amour pour nous ne s’en ira pas.
Osons-nous y aspirer,
osons-nous y croire et l’espérer de tout notre cœur ?

Nous dépensons souvent notre argent pour ce qui ne rassasie pas…
tandis que nombre d’humains sur notre planète
n’ont même pas de quoi assurer leur subsistance.
Que Dieu mette en nous son Esprit,
qu’Il nous donne un cœur nouveau, un esprit nouveau.
Avec le peuple d’Israël, avec toute l’humanité,
nous attendons une vie nouvelle.

*

Voilà donc que les femmes trouvent le tombeau de Jésus vide !
Un tombeau est fait pour contenir un corps,
le corps d’un homme d’une femme,
créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.
S’ils sont à l’image et à la ressemblance de Dieu,
comment se fait-il qu’ils soient dans un tombeau ?
Il y a là quelque chose qui sonne faux.
Ou alors le tombeau est comme un lit,
pour accueillir le sommeil d’un homme d’une femme,
en attendant qu’il se relève, tout renouvelé !
N’est-il donc pas normal que le tombeau de Jésus soit vide !
Si cet homme est le Fils de Dieu,
se pourrait-il donc qu’Il reste longtemps dans le tombeau ?

Avec la résurrection de Jésus,
les choses sont remises à leur juste place.
L’homme et la femme sont véritablement
à l’image et à la ressemblance de Dieu,
vivant d’une vie véritable totale et éternelle.
Nul besoin de verser le sang de son semblable,
ni de nul être vivant, pour plaire à Dieu :
Dieu attend seulement que notre cœur
fasse circuler notre sang pour Lui.

Si des armées de pharaon se lèvent contre nous, le cœur endurci,
l’amour que Dieu nous prodigue, par delà nos épreuves,
nos souffrances et notre mort, est notre justice.
Nous savons à présent que l’amour du Seigneur est sur nous
et ne s’écartera pas de nous.

Nous pouvons à présent dépenser notre argent pour ce qui est bon
car c’est bien volontiers que nous écoutons désormais
la Parole du Seigneur qui féconde la terre et la fait germer.
À présent, nous avons un cœur nouveau,
et l’Esprit du Seigneur est en nous.
Désormais… à présent…
pourvu que nous soyons unis au Christ
mort et ressuscité d’entre les morts.

C’est le Baptême qui nous greffe sur le Christ,
par la rémission de nos péchés, par notre filiation divine
pourvu que nous ne le laissions pas dormir.

C’est la Confirmation qui fait de nous des autres Christ,
oints par Dieu de son huile de Vie, de Joie, de Paix,
de Force, par l’Esprit Saint qui nous est donné
pourvu que nous la ravivions jour après jour.

C’est l’Eucharistie qui nous nourrit de la Vie du Christ,
qui permet au Christ de vivre en nous,
qui nous rassemble en Église frères et sœurs dans le Christ,
ensemble Corps du Christ
pourvu que nous nous engagions de tout notre être
pour véritablement y participer.

Désormais, à présent, nous vivons de la Vie nouvelle de Dieu,
unis à Jésus Christ par les sacrements de l’Église.
Ce n’est pas seulement pour nous,
c’est aussi pour le monde dans lequel nous vivons.
Le monde attend notre foi,
notre fidélité au Christ, notre fidélité aux Sacrements de l’Église.
Et si on nous rejette,
si on nous persécute à cause de notre foi au Christ,
c’est la Vie de Dieu qui se déploie dans nos pauvretés
que le monde attend.

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »
Oui… pourquoi… quand nous sommes héritiers
de tant de promesses de vie de la part du Dieu de nos pères ?

Pourquoi… quand la Vie même de Dieu
a été infusée en nous par les Sacrements de l’Église ?

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