sanct - smSAINT JOSEPH, ÉPOUX DE LA VIERGE MARIE – B
Mgr Jude St-Antoine
2 S 7, 4-5.12-16 ; Ps 88 Rm 4, 13.16-18.22 ; Mt 1, 16.18-21.24a
19 mars 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Bon serviteur, entre dans la joie de ton maître.

Il est heureux que nous nous retrouvions nombreux, chaque année, pour fêter Joseph, l’époux de Marie.

Cet homme, ce charpentier, né dans un milieu modeste, a vécu avec Dieu une aventure exceptionnelle qui demeure extrêmement riche d’enseignement pour nous.

Ce qu’a vécu Joseph, il y a tout près de deux mille ans, est si beau et témoigne tellement bien de ce que Dieu peut accomplir de merveilleux dans un être humain, que nous pouvons entonner à son sujet la prière du Magnificat, comme nous le faisons pour Marie.

Que Dieu soit béni, qu’Il soit exalté parce qu’Il a accompli en Joseph des merveilles.
En lui, Il a manifesté son Amour.
En lui, Il a déployé la force de son bras.
En lui, Il a fait voir comment Il élève les humbles.

Un homme juste

Les Évangiles ne sont pas loquaces au sujet de Joseph ; il en est d’ailleurs de même au sujet de Marie. Mais ce qu’ils nous disent de lui nous suffit pour intuitionner quelle était la valeur de cet homme et quelle profondeur a pu atteindre sa foi.

Joseph « était un homme juste », écrit saint Matthieu; c’est pour cette raison qu’il ne voulut pas dénoncer Marie publiquement.

Il était juste en ce sens qu’il ne voulait pas s’attribuer et ne voulait pas qu’on lui attribue une paternité qui n’était pas la sienne. Il savait que l’enfant qui naîtrait de Marie n’était pas son enfant.

On peut dire aussi, je crois, que Joseph était un homme juste en ce sens qu’il avait un cœur capable de discerner très justement ce qu’il convient de penser, de dire et de faire dans des circonstances délicates.

Ce sens particulier de la justice que possédait Joseph était le reflet de l’amour qui l’habitait. Parce qu’il aimait profondément Marie et parce qu’il continuait à l’aimer profondément même après avoir appris qu’elle était enceinte, Joseph décida de la renvoyer en secret.

Cette attitude de Joseph donne à penser. Que de fois, nous sommes tentés de juger trop rapidement, trop durement. Que de fois, face à ce qui nous étonne chez notre voisin ou notre voisine, nous sommes portés à dénoncer, à condamner et à rejeter.

Par son exemple, Joseph nous invite à respecter le mystère qui enveloppe les personnes avec lesquelles nous vivons et il nous rappelle qu’en toute circonstance, la meilleure solution et la plus juste est celle que l’amour inspire.

L’aventure de Joseph

Joseph, qui était un jeune homme juste, était aussi un jeune homme ouvert à Dieu. Il savait tendre l’oreille et le cœur vers Dieu. Il n’ignorait pas que Dieu visite souvent ceux qu’Il aime et qu’Il vient discrètement faire entendre sa voix au fond de leur être.

C’est un beau matin, après avoir fait un rêve que Joseph comprit que Dieu avait quelque chose à lui dire au sujet de Marie et qu’Il avait une proposition à lui faire.
Ce qu’Il avait à lui dire, c’était que Marie n’était pas devenue enceinte comme le deviennent toutes les femmes du monde. Elle l’était devenue par une mystérieuse intervention de l’Esprit Saint.
Ce qu’Il avait à lui demander, c’était non seulement de devenir, comme prévu, l’époux de Marie, mais de devenir aussi le père de l’enfant auquel elle donnerait naissance.

On connaît sa réponse. « Il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit. »

À lire l’Évangile, on a le sentiment que tout se passa très aisément, très simplement, sans hésitation et sans lutte intérieure. Peut-être en a-t-il été t ainsi. Mais on peut aussi penser – et cela me paraît plus réaliste – que Joseph a dû livrer un dur combat, se demandant si c’était bien Dieu qui lui parlait et si c’était bien vrai qu’Il l’appelait à devenir le père légal de Jésus. Cela devait lui apparaître si énorme, si imprévu, si étranger à tout ce qu’il avait imaginé de son existence avec Marie.

Il consentit à ce que Dieu attendait de lui. Il dit « oui » à Dieu, comme Marie l’avait fait. Il ne savait pas jusqu’où cela le mènerait. Il ignorait ce que cela lui demanderait. Il consentit quand même, guidé par l’amour qu’il portait à Dieu et par celui qu’il portait à sa jeune fiancée.

Commencèrent alors pour Joseph, ces belles années où, en compagnie de Marie, il s’appliqua à faire en sorte que Jésus devienne un homme. Il apprit sans doute à son fils les rudiments du métier de charpentier. Il fut près de lui un bon père. Et Jésus, le jour où Il enseigna à ses disciples la prière du Notre Père, devait avoir en tête non seulement l’image de son Père qui vivait dans les Cieux, mais aussi l’image de ce père qu’Il avait eu sur la terre et qui l’avait beaucoup aimé.

Un modèle pour nous

Chers amis, que pouvons-nous retenir de la vie de Joseph? Quels enseignements son existence nous livre-t-elle?

Je crois que la première chose à retenir, c’est que, pour réaliser ses desseins, Dieu Se plaît à venir frapper à la porte des gens ordinaires, qui sont des justes et qui ont du cœur ! Dans son village, Joseph n’exerçait aucune fonction de prestige. Il n’était que le charpentier, mais quel cœur il avait ! C’est donc lui que Dieu a choisi pour qu’il soit l’époux de Marie et le père de Jésus.

Le second enseignement que nous pouvons retenir est que nous devons constamment tendre l’oreille et le cœur à la voix de Dieu qui parle en nous. À quoi Dieu m’appelle-t-Il? Quelle mission veut-Il aujourd’hui me confier ?
Qu’entend-Il réaliser en moi et par moi ? Ce sont des questions sur lesquelles nous devons souvent nous pencher dans le silence, et avec lesquelles nous devons jongler même durant notre sommeil.

Un troisième enseignement à retenir est qu’il n’est pas nécessaire de tout connaître à l’avance pour se mettre à marcher avec Dieu. Joseph a dit oui à Dieu un jour, sans connaître avec précision ce qui lui arriverait par la suite. Il a fait confiance. Il se savait entre les mains d’un Dieu qui voulait son bien et son bonheur. Nos vies seraient différentes, moins anxieuses, plus sereines et plus pacifiées, si nous agissions ainsi.

Il faut aussi retenir de la vie de Joseph que ce n’est pas dans l’extraordinaire, mais dans l’ordinaire de la vie de chaque jour que nous avons à réaliser ce que Dieu attend de nous. Pas nécessaire d’être aux premiers rangs, pas nécessaire d’être aux postes de commande, pour accomplir de grandes choses aux yeux de Dieu et avec Lui.

Joseph n’a jamais prêché sur les places publiques, il n’était pas thaumaturge, il n’était pas membre des groupes de savants ou de légistes qu’on venait consulter, il n’est pas mort sur une croix. Mais il a été un excellent époux et un excellent père. Il l’a été en tout temps, aux heures difficiles comme aux heures heureuses. Il a été discrètement fidèle jusqu’à son dernier souffle. C’est ainsi qu’il a accompli de grandes choses et est devenu ce grand saint que nous fêtons aujourd’hui et que l’Église fêtera jusqu’à la fin des temps.

La vie de Joseph témoigne de la grandeur, de la force et de l’originalité de Dieu.

Dieu se plaît à choisir les humbles, alors qu’il détourne son regard des orgueilleux.

Dieu prend plaisir à rendre saints et saintes ceux et celles qui se remettent entre ses mains, consentant à se laisser guider par Lui là où Il veut bien les conduire.

Quel que soit notre âge, quels que soient notre état de vie, notre métier, notre profession, puissions-nous consentir à la présence discrète et forte de Dieu en nous, et puissions-nous nous rendre pleinement disponibles pour réaliser tout ce qu’Il attend de nous.

C’est ainsi… c’est ainsi seulement que nous pourrons un jour entendre Dieu nous dire cette parole de l’évangile qui a servi à la composition de l’antienne de la communion de la messe de saint Joseph :

« Bon serviteur, dans les petites choses tu t’es montré fidèle ; entre dans la joie de ton maître. » Amen.