sanct - smDIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE
(2e DIMANCHE DE PÂQUES – B)
Mgr Jacques Berthelet, c.s.v.
Ac 4, 32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31
Le 12 avril 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Bienheureux les miséricordieux

Mes frères, mes sœurs,

Ce qu’il y a de remarquable dans l’évangile d’aujourd’hui, avant même qu’il soit déclaré le Dimanche de la Miséricorde, c’est que la première parole, le premier message du Christ ressuscité, contient une mission confiée aux disciples qui est la mission de la miséricorde : La paix soit avec vous (v. 21) (…) Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez les péchés lui seront remis. Tout homme à qui vous maintiendrez les péchés lui seront retenus (Jn 20, 22-23).

Or avant de leur donner l’Esprit Saint, Jésus souffle sur eux. Chez saint Jean, ces mots sont très symboliques : ils évoquent le souffle par lequel l’homme est créé au livre de la Genèse. Ici, le souffle qui donne l’Esprit réfère à la nouvelle création, à cette nouvelle vie qui fera dire à saint Paul : Vous êtes ressuscités avec le Christ (Col 3,1). Et cette nouvelle vie, elle est rendue possible par la miséricorde de Dieu. Elle nous est conférée par le baptême qui nous fait passer avec le Christ dans sa mort et sa résurrection.

Mais le baptême ne nous rend pas imperméable au péché. La miséricorde divine est telle, que le Christ a institué le sacrement du pardon qui est comme un nouveau baptême qui nous rétablit dans la dignité des enfants de Dieu .Voilà jusqu’où va la miséricorde divine. Et voilà pourquoi aujourd’hui nous rendons grâce à Dieu pour sa miséricorde, comme l’a voulu le saint pape Jean-Paul II.

Le Christ ressuscité veut donc que ses disciples, que son Église, place en premier ce qu’il a lui-même vécu et enseigné : la miséricorde, le pardon. Et c’est pour cela qu’il souffle sur eux l’Esprit Saint. L’Esprit saint est toujours donné en vue d’une mission. Et ici, la mission fondamentale, celle pour laquelle le Fils a été envoyé dans le monde, est de réconcilier le monde avec Dieu. Cela nous est d’ailleurs rappelé dans la prière que le ministre de la réconciliation prononce sur le pénitent avant de lui donner l’absolution : Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils, Il a réconcilié le monde avec Lui et Il a envoyé l’Esprit saint pour le pardon des péchés.

Ainsi s’accomplit le dessein de salut de Dieu, tel qu’il apparaît tout au long de l’histoire du salut. Déjà dans l’Ancien Testament, au livre de l’Exode, Dieu se présente à Moïse comme le « Dieu de tendresse et de grâce, lent à la colère et plein de miséricorde et de fidélité » (Ex 34, 6). Il sera invoqué d’une manière semblable dans les psaumes : Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, tourne-toi vers moi; aie pitié de moi. (Ps 86, 15)

C’est évidemment dans les paroles et les gestes de Jésus, tels que rapportés par les évangélistes, que l’on peut le mieux apprécier comment la miséricorde du Père est mise en œuvre par son Fils. Pensez seulement à la parabole de l’enfant prodigue et du père miséricordieux, à la parabole de la brebis perdue et retrouvée, à l’attitude miséricordieuse de Jésus face à la samaritaine au puits de Jacob et à son geste de pardon à la femme adultère : « Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus Je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » (Jn 8,10-11).

Le Christ ressuscité vient donc confier à ses disciples, et à travers eux à l’Église, la mission de la miséricorde, du pardon et de la réconciliation. Il en avait même fait une béatitude : Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. Il en avait fait un précepte : Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. Soyez miséricordieux par grâce comme votre Père céleste l’est par nature.

Mes frères, mes sœurs, ce dimanche de la miséricorde nous rappelle non seulement que nous sommes l’objet de la miséricorde divine, mais il nous enseigne que nous ne sommes vraiment chrétiens, disciples du Christ Jésus que si nous-mêmes nous sommes miséricordieux. Alors seulement nous pouvons prier en toute vérité le Notre Père comme Jésus nous l’a enseigné : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. AMEN.