FMJ MtlSolennité de l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ – B
Mgr Christian Rodembourg, évêque de Saint-Hyacinthe
Ac 1, 15-17.20a.20c-26; Ps 102 (103); 1 Jn 4, 11-16; Jn 17, 11b-19
13 Mai 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

À qui ressemblons-nous?

Chers frères et sœurs bien-aimés,
La fête de l’Ascension que nous célébrons est un pont
qui relie les deux rives d’un fleuve.
Elle est une courroie de transmission entre d’un côté,
la fête de Pâques et de l’autre côté, la fête de la Pentecôte.
La fête de l’Ascension est le lien essentiel
entre le ciel et la terre,
entre Dieu et chacun de nous.

À ce propos, Saint Jean XXIII affirmait que
tout chrétien devrait avoir pour construire une vie digne de sens,
à la fois, sa tête dans le ciel et ses pieds sur la terre.
Mettons-nous à l’écoute des signes des temps
afin de vivre authentiquement la Bonne Nouvelle de l’amour
révélé par le Christ qui continue de se manifester
dans l’aujourd’hui de Dieu qui nous est donné.

Dans cette perspective,
je retiendrai ce matin trois pôles reliés entre eux.
Ils sont un appui en faveur de notre croissance humaine et spirituelle.
Héritiers de la lumière par nos ancêtres dans la foi,
ces trois pôles nous garderont enracinés dans l’immense tendresse de Dieu.
Ils nous envoient aussi comme dispensateurs de la lumière de Pâques
vers nos frères et nos sœurs en humanité.

Jésus se doutait bien de l’impact qu’aurait son Ascension sur les disciples.
Jésus avait conscience que les apôtres se sentaient bien en sa présence.
Ils avaient eu quarante jours pour réaliser pleinement
combien Jésus était vraiment vivant, ressuscité.
Souvenons-nous seulement de l’expérience vécue
par les deux disciples d’Emmaüs
qui avaient leur cœur tout brûlant d’amour en sa présence,
tout en marchant sur la route.
Les disciples ont goûter à la joie de sa présence.
Et de nuit, en toute hâte,
ils retournèrent vers Jérusalem.

Jésus savait fort bien également
– par son propre vécu pascal –
l’immensité des défis reliés
à la mission de l’annonce du Règne de Dieu
autant pour ses disciples que pour nos générations
et celles à venir, jusqu’à la fin des temps.

Cette force qu’il promet est celle de l’Esprit Saint,
ce souffle de vie et d’amour que nous avons reçu
au jour de notre baptême ainsi qu’au jour de notre confirmation
et qui va nous permettre de continuer à construire,
ici et maintenant,
le Corps du Christ.

Ce passage de la lettre de saint Paul aux Éphésiens
nous indique le chemin à suivre vers
une liberté intérieure du cœur à laquelle nous aspirons tant.

Les pères de l’Église ainsi que de nombreux saints
parmi lesquels je désire mentionner saint François d’Assise
ont comme les premiers disciples et chacun de nous aujourd’hui
vécu l’expérience des difficultés
et des défis personnels et communautaires à relever.
Saint Paul donne ici des clés fondamentales
autant pour nous-mêmes que pour la vie de la communauté chrétienne:
humilité, douceur, patience,
support mutuel, amour,
unité dans l’Esprit et paix.

Sainte Catherine de Sienne, en son temps,
rêvait d’un feu d’amour qui transformerait l’humanité;
un feu qui s’allumerait sur la terre grâce à l’intercession
– à la puissance de la prière –
de millions de baptisés en vue de répondre
à cette mission confiée par le Christ à l’Église.

C’est plus qu’un appel que Jésus ressuscité lance aux onze Apôtres.
C’est une mission concrète audacieuse qui leur fut confiée.
Elle pouvait leur sembler lourde à porter.
Pourtant ils ont osé proclamer le message d’amour
et de miséricorde de Jésus.
Cette mission nous est partagée à chacun de nous
et à nos couples et nos familles chrétiennes.
Cette mission est une réelle urgence missionnaire
qui n’attend pas.
« Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile ».

Chers frères et sœurs bien-aimés,
à qui ressemblons-nous?
Ressemblons-nous à ces galiléens qui restaient là à regarder vers le ciel?
Ou marchons-nous en vérité dans les pas des Apôtres
car c’est justement ce que Jésus attend de nous,
que nous vivions pleinement notre vie?

Depuis cinq ans,
le pape François déploie dans ses enseignements
le dynamisme de « la sortie » provoqué par Dieu
auprès de tous les croyants :
d’Abraham, Moïse, Jérémie, les prophètes,
les Apôtres, les saints, tous les baptisés…
jusqu’à nous :

« Aujourd’hui, dans cet « Allez » de Jésus
sont présents les scénarios et les défis toujours nouveaux
de la mission évangélisatrice de l’Église
et nous sommes tous appelés à cette nouvelle « sortie » missionnaire (…) :
sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre
toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ».
Voilà notre chemin d’Emmaüs où le Christ nous attend,
ici et maintenant.

Chers frères et sœurs bien-aimés,
demandons dans cette eucharistie cette force de l’Esprit
et ces dons que Dieu nous fait
afin que nous soyons chacun avec nos talents
et riche de nos fragilités, des témoins pour le monde,
des porteurs d’espérance, des disciples-missionnaires
en vue d’aider notre humanité à atteindre
la plénitude du sens de la vie
enracinée définitivement dans le cœur de Dieu.

Pour les fraternités monastiques et pour l’Église,
ce dimanche est aussi un jour de joie
parce que l’un de nos frères, Pierre-Benoît,
va vivre dans un instant le rite d’admission au presbytérat.

Mon cher frère, le Seigneur travaille en toi
comme il travaillait avec les apôtres.
Ouvre inlassablement la porte de ton cœur à sa Parole
et sois attentif au souffle de l’Esprit Saint
qui t’accompagne dans ta formation en vue du ministère presbytéral.
Qu’à l’appel de ton nom,
tu t’approches maintenant
et manifeste ton intention devant l’Église.

Amen.

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