FMJ MtlFÉRIE MAJEURE :
« Ô ROI DES NATIONS, OBJET DE LEUR DÉSIR »
Mercredi, 4e Semaine de l’Avent – A
Frère Antoine-Emmanuel
Is 1, 24-28 ; 1 S 2, 1-8 ; Lc 1, 46-56
22 décembre 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

À l’unisson de la joie de Marie

La deuxième préface de l’Avent a ces mots très audacieux :
le Christ Jésus notre Seigneur
nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël
pour qu’il nous trouve quand il viendra
vigilants dans la prière et remplis d’allégresse .

Frères et sœurs, que fait le Seigneur ces jours-ci ?
Il travaille en nous pour que nous soyons remplis d’allégresse.

Cela, il le fait tout particulièrement par sa Parole,
en nous donnant ce soir le Magnificat de Marie.
Ce soir nous accueillons la joie de Marie.
La liturgie nous offre de mettre notre joie
à l’unisson de celle de la Vierge.

La Vierge de la Visitation est toute joie,
et elle transmet la joie à Élizabeth, à Jean,
et à la foule des croyants de toutes les générations
qui la proclame bienheureuse.

La joie de Marie est de découvrir dans le tressaillement de l’enfant
et dans l’effusion d’Esprit en Élisabeth,
la confirmation du mystère qui l’habite.
Le Seigneur a posé son regard
sur l’humilité de sa servante (cf. Lc 1,48),
sur la petitesse, la simplicité, le dénuement de sa servante
aussi mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur (v. 47).

Joie parce que le Seigneur
a fait pour moi de grandes choses (v. 49).
La joie de Marie vient de ce qu’elle reconnaît l’œuvre de Dieu.
Elle ne se l’attribue pas, mais elle ne la cache pas non plus.
Marie est humble parce que consciente de sa mission
et consciente de sa mission parce qu’elle est humble
écrit Adrienne von Speyr.
Notre joie sera aussi de reconnaître
la merveille que Dieu opère en nous,
la formidable mission qui nous vient de notre baptême.

Nous nous approchons de Noël pleins de joie
parce que nous savons que nous allons être renouvelés
dans notre mission de porteurs du Christ au monde,
de porteurs de l’Évangile.

En célébrant Noël, nous allons renaître
à ce qu’il y a de plus beau et de plus vrai en nous :
notre communion à Jésus.
Nous allons recevoir à nouveau l’Enfant-Dieu
pour devenir ce que nous sommes : des enfants de Dieu.

La perspective de cet « enfantement » de notre vie,
voilà qui nous appelle à la joie !

*

Le chant de Marie ne s’arrête pas
à l’émerveillement face à ce que Dieu fait en elle.
Spontanément, comme naturellement,
sa louange s’élargit et Marie chante
ce que Dieu fait dans l’histoire, dans l’univers,
en chaque humain.
Il descend les puissants de leur trône,
il élève les humbles (1,52).

Marie contemple de l’intérieur la grâce de Dieu
qui agit dans le monde.
« La grâce est le Royaume de l’Amour
et ses lois sont celles de l’Amour »
écrit encore Adrienne von Speyr qui poursuit :
« Elle fait disparaître les différences de haut et de bas
semblant par là renverser toutes les perspectives » (idem p. 56).

Marie contemple et dévoile cette œuvre de l’Amour
qui brise toutes les dominations qui sont le fruit du péché.

La peur et le péché ne cessent pas
de nous ranger au-dessus
ou en dessous des autres.
L’Amour vient déranger tout cela,
en nous apprenant à être avec les autres,
au service des autres.

C’est cela le miracle de Noël.
On y verra la vanité
des grandes manœuvres dominatrices de César
qui se dit auguste ;
et on y verra la dignité des bergers entourés d’anges
comme la sainteté, la divinité
d’un nourrisson dans une mangeoire.

Noël est une fissure irréparable dans tous les trônes,
dans toutes les dominations humaines.
La miséricorde de Dieu fait éclater le « haut » et le « bas »
avec leur contingent de tristesses
pour unir tous les humains
dans un « avec » qui multiplie la joie.

C’est cela aussi qui nous fait approcher de Noël
« remplis d’allégresse ».
Les oppressions, les inégalités, les dominations
continuent à paralyser le monde,
mais aucune ne peut tenir,
les affamés seront comblés de biens
et les riches seront renvoyés vides.
C’est cela la joie de Marie,
c’est cela notre joie.

Noël est la naissance dans ce monde
de la vraie communion entre les humains,
parce qu’à Noël le Corps du Christ qui tous nous rassemble,
est déposé dans l’histoire humaine.

La première « communion » nous la verrons à Bethléem :
ce sera Jésus et Marie ;
Jésus, Marie, et Joseph ;
Jésus, Marie, Joseph et les pauvres d’Israël.
Jésus, Marie, Joseph,
les pauvres d’Israël et les païens en quête de vérité
et nous qui nous laisserons attirer
par cette nouvelle communion qui déjà nous remplit de joie !

© FMJ – Tous droits réservés.