FMJ Mtl33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Thomas
Pr 31, 10-31; Ps 127 (128) ; 1 Th 5, 1-6; Mt 25, 14-30
19 Novembre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Faire fructifier … même un seul talent

Pauvre serviteur qui n’a reçu qu’un seul talent !
Son maître ne le juge-t-il pas sévèrement?
Il lui enlève son talent et le fait jeter dans les ténèbres extérieures.
Mais le serviteur avait jugé sévèrement son maître.
Il lui avait dit : « je savais que tu es un homme dur. » Il ne lui a pas fait confiance.
Et il n’a pas tenu compte de la confiance
que son maitre lui faisait en lui confiant un talent.
Il a perdu la confiance en son maitre
et par là même il a perdu la confiance en lui-même,
en ses capacités à faire valoir ce talent.

Les autres serviteurs, celui qui avait reçu cinq talents
et celui qui en avait reçu deux,
n’ont apparemment pas eu de problème à faire valoir ce qu’ils avaient reçu.
Ils avaient confiance en leur maître et confiance en eux-mêmes.
Mais très certainement ils ont dû rencontrer des difficultés
pour doubler la somme qu’ils avaient reçue.
Ce n’est qu’après tout un combat qu’ils ont doublé la somme.

Par exemple, à l’occasion de cette journée mondiale des pauvres,
voulue par le pape François, qu’allons-nous faire?
Chacun est invité à agir selon sa conscience et selon ses capacités,
pour aller à la rencontre d’un ou de plusieurs pauvres
(pauvres dans leur corps ou dans leur cœur).
Nous recevons tous et toutes des capacités,
des talents, que nous pouvons faire valoir.
Nous avons tous la capacité d’aimer.
Dieu nous a donné un cœur et des mains pour aimer en actes et en vérité.
Dieu se donne lui-même à nous par les sacrements
et spécialement dans l’eucharistie,
pour que nous puissions nous laisser aimer
et par là même aimer à notre tour.
Que ce soit par un sourire, une main tendue,
un cadeau donné, une écoute offerte, du temps partagé.

Nous pourrions peut-être parfois nous imaginer
que certains seraient défavorisés par rapport à d’autres pour partager,
pour faire fructifier leurs talents.
C’est là sans doute le raisonnement que devait se faire en lui-même
le serviteur de la parabole qui n’avait reçu qu’un talent.
Nous savons qu’il jugeait son maitre comme quelqu’un de dur.
Sans doute aussi était-il jaloux de ses compagnons
qui avaient reçu cinq ou deux talents.
Et par là même il se jugeait incapable de produire beaucoup de fruits.
S’il se comparait à ses compagnons,
il devait se sentir dévalorisé par rapport à eux,
parce qu’eux avaient reçu cinq ou deux talents,
et lui n’en avait reçu qu’un.
Pourtant le maître avait remis à chacun de ses serviteurs une part de ses biens,
à chacun selon ses capacités.

Nous avons chacun chacune des capacités différentes.
Dieu n’attend pas le même résultat de chacun d’entre nous.
Mais Dieu attend de chacun chacune d’entre nous
que nous fassions fructifier le don de lui-même chacun selon nos capacités.
Il n’attend pas les mêmes résultats d’un laïc ou d’un consacré.
Il n’attend pas la même chose d’un enfant,
d’un jeune, d’une personne d’âge mûr ou d’une personne âgée.
Il n’attend pas la même chose d’une personne en bonne santé
ou d’une personne malade.
Il n’attend pas la même chose d’un chrétien de longue date
ou d’un chrétien fraichement converti.

Imaginons maintenant un autre scénario
pour le serviteur de la parabole qui n’a reçu qu’un talent.
« Mon maître me confie un talent.
Ce n’est pas beaucoup,
mais cela veut dire qu’il me fait confiance pour que je le fasse fructifier.
Je ne sais pas comment je vais m’y prendre
mais je vais le faire valoir, j’en suis capable.
Je n’ai pas reçu deux talents et encore moins cinq talents.
Je n’en ai reçu qu’un seul.
Je vais acheter du bois, je ferai un meuble avec et je le revendrai,
car telles sont mes capacités. »

Il achète donc du bois, des outils pour travailler
et fabrique une table avec.
Il met la table en vente,
mais il n’arrive pas à la vendre avant le retour de son maître.
Lorsque son maître rentre, il lui présente la table,
qui est le résultat de son faire-valoir du talent qu’il avait reçu.
Le maître ne trouve pas une somme d’argent supérieure à celle qu’il avait donnée,
mais une richesse en nature.
Il lui dit alors :
« Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu t’es fié à tes capacités, tu as montré que tu avais du cœur,
continue l’entreprise que tu as commencée
et entre dans la joie de ton maître. »

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