FMJ Mtl23e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Bradford
Ez 33, 7-9 ; Ps 94 (95) ; Rm 13, 8-10 ; Mt 18, 15-20
10 septembre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Peut-on se sauver tout seul?

Pour entrer dans la vie éternelle est-ce qu’il suffit de veiller sur notre propre chemin,
de laisser les autres à ce que nous appelons leur liberté personnelle?
Les trois textes de ce dimanche sont très clairs : nous sommes sauvés ensemble.
Le respect de la liberté de mon frère ne peut pas devenir indifférence à son égard.
Nous sommes bien responsables les uns des autres.

Combien de fois est-ce Jésus dit qu’il est venu rassembler tous les hommes
dans le Royaume de son Père?
Combien de fois est-ce qu’il se compare à un berger venu conduire
à un seul bercail les brebis dispersées, qui poursuivaient chacune son propre chemin?
Combien de fois est-ce qu’il compare le Royaume à un banquet
où beaucoup viendront de l’orient, de l’occident, du monde
et du midi prendre place ensemble?

Saint Jean dit que Jésus est venu pour
« rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ».
« Rassembler les enfants de Dieu. »
Car notre salut c’est de devenir réellement des enfants de Dieu,
de participer pleinement à la vie de son Fils,
qui est venu dans le monde pour nous partager sa vie de Fils,
puisque nous sommes appelés à être les enfants d’un seul père,
nous sommes vraiment des frères et sœurs,
nous formons vraiment qu’une seule famille.
En plus les trois textes de ce matin disent que
notre Père veut partager avec nous sa sollicitude pour tous ses enfants.
« Votre Père, dit Jésus dans le verset qui précède immédiatement l’évangile de ce matin,
ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
Et donc Jésus nous donne ces consignes
que nous venons d’entendre pour aller à la recherche de notre frère quand il s’égare :
d’abord lui parler en tête à tête,
puis s’il le faut à deux ou à trois
et enfin publiquement dans l’assemblée de l’Église.

Dans cette section de l’évangile de Matthieu,
Jésus parle très concrètement de comment vivre ensemble rassembler en Église :
en respectant les plus petits de la communauté,
en allant nous-mêmes à la recherche de la brebis égarée,
en nous pardonnons les uns les autres sans compter et de tout notre cœur.

Et puis ce qui est très frappant c’est que Jésus confie à cette Église sa propre mission :
le salut du monde. Sa confiance en nous est tel qu’il a fait de l’Église
« le sacrement du salut » du monde, dans l’expression du concile Vatican II.
Heureusement que nous ne sommes pas seuls avec cette mission;
Jésus a promis d’être toujours au milieu de nous.
Mais la grandeur de cette tâche,
de cette confiance ressort de cette phrase étonnante que nous venons d’entendre :
« Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel,
tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. »
Quelle immense confiance Dieu nous fait en nous confiant sa sollicitude pour son troupeau!

Bien sûr on voit cette sollicitude exercée d’abord
par ceux qui ont des positions de responsabilités dans l’Église.
Les Évêques et les autres responsables des communautés chrétiennes
suivent à la lettre les consignes de ce matin
quand il faut aller à la recherche d’une brebis qui s’égare.
Ces règles sont reprises tel quel dans la règle de Saint Benoit
et dans le Livre de Vie de notre communauté de Jérusalem.
Mais d’autres chrétiens nous ont laissé des exemples marquants
de leur sollicitude pour le salut de tous :
Saint Paul était hanté par le refus de ses confrères juifs de croire à l’Évangile.
Il disait qu’il accepterait d’être éternellement séparé du Christ
si cela pouvait les amener à croire.
Saint Dominique passait ses nuits à arpenter sa chambre en disant :
« Mon Dieu, que deviendront les pécheurs?
Que deviendront les pécheurs? »
Et Sainte Thérèse de Lisieux disait
qu’elle ne se voyait pas entrer au ciel si d’autres devaient rester dehors,
comment y entrer sans nos frères et sœurs?

Une des premières paroles adressées par Dieu à un homme c’est :
« Où est ton frère? »
Caïn répond avec une désinvolture sidérante :
« Suis-je le gardien de mon frère? »
Notre époque a raison d’avoir le souci de la liberté personnelle de chacun,
mais ce respect de l’autre ne peut pas se dégénérer en indifférence à son égard.
Ce qui arrive à mon frère
et même ce qu’il fait ne peuvent pas me laisser indifférent.
Mon respect pour lui se traduit surtout par ma sollicitude pour lui.

Saint Paul le dit si bien ce matin :
« N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel ».
Les commandements se résument dans cette parole :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
L’accomplissement parfait de la foi, c’est l’amour. »

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