FMJ MtlLE SACRÉ CŒUR DE JÉSUS
Frère Antoine-Emmanuel
Dt 8 7, 6-11 ; Ps 102 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
23 juin 2017
Maison de Prière, Mont-Saint-Hilaire

La juste réparation se vit à genoux, les cheveux dénoués

Comme confesseur, je suis émerveillé lorsque j’entends un pénitent s’exprimer ainsi :
« Mon Père, comment est-ce que je peux réparer
ce mal que j’ai fait ? »
Pas seulement demander pardon mais réparer…
C’est rare ! C’est très beau, très juste.
Cela signifie que la personne n’est pas centrée sur elle-même.
Ce n’est pas : « je me sens mal parce que je me sens coupable ;
je m’en veux ;
je suis déçu de moi. »
Tout cela c’est être encore bien centré sur soi.
Non ! « L’autre a souffert à cause de moi.
Il y a un devoir de justice, je dois réparer. »
Cela démontre une vraie maturité humaine et spirituelle.

Vouloir réparer signifie que la personne
a conscience que le mal a des conséquences :
Je ne ferme pas les yeux sur ces conséquences.
Je les regarde et je veux faire mon possible
pour les contenir, les assumer.

Au Jugement dernier,
le Seigneur nous fera voir les conséquences de nos fautes,
tout comme il nous donnera de voir les fruits de vie
de nos choix d’amour.

La Miséricorde ne supprime pas la Justice.
Elle la dépasse, elle l’embrasse ; mais ne la supprime pas.

Plus rare encore,
et plus bouleversant pour le confesseur, il y a aussi :
« Comment est-ce que je peux réparer
l’offense que j’ai fait au Cœur du Christ ? »
Il y a là une plus grande maturité…

De fait, mes fautes, mes péchés, mes infidélités
blessent le Cœur de Jésus.
Et plus nous avons reçu de Lui,
plus nous connaissons Son Amour,
plus nos infidélités blessent Son Cœur ;
ce Cœur qui a tant aimé le monde
et reçoit si peu d’amour en retour.

C’est le sens profond de cette Fête du Sacré Cœur,
Comme le dit la collecte de ce jour :
« Seigneur notre Dieu,
dans le Cœur de Ton Fils
meurtri par nos péchés,
Tu nous prodigues
les trésors infinis de ton Amour.
Permets qu’en Lui rendant
l’hommage de notre piété,
nous Lui rendions aussi
les devoirs d’une juste réparation ». (Missel Romain)

Mais qu’est ce qui peut réparer nos offenses au Cœur de Jésus ?
L’amour !
L’amour en acte et en vérité.

L’Évangile nous offre-t-il un exemple d’un geste d’amour
qui soit réparation du non amour ?
Souvenez-vous de Marie-Madeleine
lavant les pieds de Jésus de ses larmes,
dénouant ses cheveux pour les essuyer,
les parfumant d’un baume précieux…

Elle veut d’abord, au moment de sa conversion,
exprimer son propre repentir
pour réparer l’offense faite à l’Amour par ses propres péchés.
Puis à la veille de la Semaine de la Passion,
elle renouvelle ce geste
non plus seulement en son nom,
mais au nom de tous,
alors que Jésus va subir en sa chair et en son cœur,
la violence la plus ignoble.

La juste réparation se vit à genoux,
les cheveux dénoués, par nos larmes versées
et par le parfum le plus précieux
que nous puissions offrir.
Il y a bien des manières de vivre cela.
Et aucune n’est indifférente à Jésus.

Pour réparer l’offense au Cœur de Jésus,
nous pouvons nous agenouiller intérieurement
devant les plus pauvres en les servant ;
devant nos ennemis en leurs pardonnant ;
devant nos amis en les aimant ;
devant nos frères et sœurs en les bénissant ;
devant le Corps eucharistique de Jésus en L’adorant ;
devant Sa Parole en la vivant ;
devant son Amour en le proclamant ;
devant Sa Passion en Lui offrant nos souffrances, nos maladies ;
devant Sa Résurrection,
en Lui offrant notre vie, notre joie, notre fécondité.

Mais le sommet, c’est de célébrer l’Eucharistie en réparation ;
c’est de dire, comme un grand OUI au Cœur de Jésus.
Ma vie a dit des NON au Cœur de Jésus
mais aujourd’hui je dis, je célèbre un grand « OUI » ;
nous disons, nous célébrons un grand « OUI »
à Son Cœur et à Son Amour
en réparation de nos manques d’amour et de ceux du monde entier.

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