FMJ Mtl12e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jr 20, 10-13 ; Ps 68 ; Rm 5, 12-15 ; Mt 10, 26-33
25 juin 2017
Maison de Prière, Mont-Saint-Hilaire

As-tu peur toi aussi ?

Il faut prendre le temps de contempler cette scène d’Évangile.
Pour ma part, j’imagine les Douze assis en cercle,
sur des pierres, sur un morceau de bois ou à même le sol,
en face de Jésus.
C’est un moment solennel :
c’est la première fois que Jésus les envoie en mission.
Dans un instant, ils vont partir, deux à deux,
tandis que Jésus partira de son côté, Lui aussi,
pour enseigner et proclamer
l’Évangile dans les villes de Galilée (cf. Mt 11,1).

Les apôtres écoutent, émus, attentifs… et foncièrement inquiets ;
une inquiétude, une peur, dont Jésus est parfaitement conscient.
Peur de partir ?
Peur de quitter Jésus, de ne plus être sous sa protection ?
Surtout la peur des hommes, la peur de leurs contemporains.
La peur des hommes religieux très sûrs d’eux-mêmes
qui pourraient menacer leur vie.

Alors Jésus va désamorcer cette peur.
Il le fait de trois manières
que nous allons regarder une après l’autre.

Tout d’abord, Jésus les invite à ne pas craindre d’être méprisés.
C’est bien possible – c’est même probable –
que vous qui êtes mes disciples
allez être regardés comme des gens dangereux,
des gens dont il faut se méfier,
et même des gens démoniaques.
Si Jésus a été traité de Belzébul,
combien plus les apôtres
qui n’ont pas la même pureté de cœur que Jésus,
seront traités de démoniaques !
Les apôtres ont peur d’être mis au bas de la société,
d’être condamnés comme des gens dangereux.

Alors, que leur dit Jésus ?
Soyez sans crainte, parce que ce qui est caché
aussi bien le mal qui se dit et se fait en secret
que le bien, la vérité qui reste cachée…
tout sera mis au grand jour.
Tout ce que nous aurons dit, choisi, vécu sera mis au grand jour.
Que ce soit demain, ou dans 10 ans, ou au Jugement dernier,
rien ne restera caché.
Alors, ne craignez pas de proclamer la Vérité.
Ne craignez pas d’être méprisés.
Que jamais la peur ne guide vos choix.
La peur n’est jamais inspirée par l’Esprit Saint.
Au contraire, la peur nous enferme dans le mal.

Ensuite, les apôtres ont peur non seulement d’être méprisés,
mais de subir la violence, de souffrir dans leur corps,
d’être maltraités physiquement, d’être torturés.
Jésus ne leur répond pas en leur disant
que cela n’arrivera pas,
car Jésus sait très bien qu’on ne peut vivre
et proclamer l’Évangile sans en souffrir.
Mais Jésus va réorienter et transformer cette peur.
Tu as peur de souffrir ?
Eh bien, cette peur, cette crainte,
retourne-la vers ce qu’il faut effectivement craindre.
Ce qui va déterminer le sort final
de ton âme et de ton corps, ce ne sont pas des humains,
c’est Dieu Lui-même.
C’est Dieu qui seul peut te juger,
et Il le fera au Jugement particulier à l’heure de la mort,
puis au Jugement dernier.
Ce que tu dois prendre en compte
pour faire des choix dans ta vie,
ce n’est pas le jugement des hommes
mais le jugement de Dieu.

Garde le cœur attentif à Dieu et à sa Parole !
Rien n’est plus beau que la véritable crainte de Dieu,
qui n’a rien à voir avec la peur.
Craindre Dieu, cela veut dire être attentif à Dieu
comme on est attentif à un nouveau-né
qu’on a déposé dans tes bras.
Tu ne veux en rien le blesser, le faire souffrir.
Au contraire, tu es très attentif, attentionné et émerveillé.
Alors, les choix que tu fais dans ta vie
seront des choix d’amour et d’humilité.
Ce seront des choix de foi, d’une foi agissante dans la charité.
Et si tu agis ainsi, tu es déjà jugé, jugé digne de la joie éternelle
avec les anges et les saints dans le Cœur de Dieu.

Jésus va alors confirmer ce double appel
à ne pas craindre les regards, les paroles
et les manœuvres des hommes, par une image toute simple :
Il parle des oiseaux, des moineaux.
Deux moineaux, cela se vend pour quelques pièces.
Or, pas un seul ne se fait prendre dans un piège
sans que le Père ne le permette.
Donc, si toi aussi, tu te retrouves prisonnier des hommes,
de leur médisance, de leur violence,
ne crains pas parce que Dieu l’a permis !
Rien n’est en dehors de la Seigneurie du Christ et du Père,
car nous sommes infiniment précieux pour le Seigneur.

Nous avons parfois l’impression
que le Seigneur a perdu le contrôle de son véhicule ;
que l’histoire n’est plus entre ses mains ;
que Dieu a été détrôné par les forces obscures du mal
et la méchanceté du cœur humain.

Non, nous dit Jésus. Tout est entre ses mains.
L’apôtre Paul nous le dit à sa manière aujourd’hui.
Oui, le mal est présent.
Oui, le péché, la désobéissance d’Adam
est un virus grave qui a affecté le cœur de tous les humains.
Oui, la mort a frappé la multitude.
Oui, une épidémie de mal, de violence, de haine
a touché en profondeur le cœur des humains.
Oui…mais la grâce du Christ s’est déployée
à partir de sa Passion, de sa Croix et de sa Résurrection.
Du cœur du Christ s’est déployé sur le monde
une guérison en profondeur
qui non seulement nous libère de l’oppression du mal,
mais nous ouvre aussi à la plénitude d’amour
que Dieu désirait déjà pour nous avant la création du monde.
« Là où le péché s’est multiplié,
la grâce a surabondé ! » (Rm 5,20)

Tout est entre les mains de Dieu.
Aujourd’hui sa patience et sa miséricorde
donnent à notre monde le temps de se convertir,
de prendre conscience de toutes les corruptions
qui blessent l’humanité, surtout les plus petits,
et de changer de direction pour choisir la Justice et la Vérité.
Aujourd’hui, pour nous,
de la part de Dieu, patience et miséricorde.
Mais demain, la colère de Dieu se fera sentir,
faisant justice à tous les pauvres et les petits,
aux enfants dans le sein maternel et aux victimes de l’euthanasie.
Il n’y a rien qui tombera dans une sorte d’oubli.
Tout sera mis au grand jour.

C’est déjà ce que pressentait le prophète Jérémie.
« Mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas.
Leur défaite les couvrira de honte,
d’une confusion éternelle, inoubliable » (Jr 20,11).
D’où cette prière de Jérémie :
« Seigneur de l’Univers, Toi qui scrutes l’homme juste,
Toi qui vois les reins et les cœurs,
fais-moi voir la revanche que Tu leur infligeras,
car c’est à Toi que j’ai remis ma cause » (Jr 20,12).

Quelle est-elle cette revanche de Dieu ?
C’est la revanche de sa Justice qui dévoile toute chose,
qui dévoile nos actes et leurs conséquences,
et qui offre sa miséricorde.
Si sa Miséricorde est acceptée,
tout est lavé par le Sang du Christ
dans une bienveillance bouleversante.
Si sa Miséricorde n’est pas acceptée,
c’est le drame de l’Enfer,
de l’enfermement dans les griffes de Satan
pour ceux qui l’auront préféré au baiser du Christ.

Frères et sœurs,
ce que le Seigneur nous dit dans le secret du cœur,
Il nous demande de le proclamer sur les toits.
De le proclamer par notre vie, et s’il le faut par des paroles.
C’est nous qu’Il a choisi pour proclamer au monde
sa Justice et sa Miséricorde.
Parce que le désir de Dieu est que tous les hommes soient sauvés
et parviennent à la connaissance de la Vérité.
Tous !

© FMJ – Tous droits réservés.